Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 19.05.2015 - eloise-levesque - 4 min  - vu 413 fois

FAIT DU JOUR Les politiques gardois croqués par le journaliste Jacques Molénat

Jaques Molénat, journaliste et auteur du livre "Notables, trublions et filous" aux Editions Chabot du Lez. CM/OG

Ancien journaliste à l'Express, Marianne et La Croix, Jacques Molénat coule des jours heureux dans la région qu'il a fouillé et décortiqué pendant toute sa carrière, le Languedoc-Roussillon. Le 25 mai, avec "Notables, trublions et filous", il sort un portrait croustillant des personnalités qui ont fait et font l'actualité politique du Gard et de ses voisins. Trublion, Jacques Molénat ?

Objectif Gard : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

JM : Aujourd'hui, j'ai envie d'écrire des livres. J'ai repris mes différentes enquêtes, mes notes et des coupures de journaux. J'ai aussi réactualisé certains de mes dossiers, à l'occasion des municipales, pour réaliser ces portraits des hommes clefs de la région.

OG : Vous avez essentiellement travaillé sur la région montpelliéraine. Comment avez-dressé le portrait des Gardois, en particulier Fournier, Roustan, Alary, Bousquet ?

JM : Il est vrai que je connais mieux l'Hérault. J'ai longuement rencontré Fournier en 2014, puis j'ai suivi l'actualité. Idem pour Roustan. J'ai rafraîchi mon travail grâce à des interviews de journalistes et d'opposants. Il n'est pas indispensable de connaitre personnellement un politique pour en parler. On peut enquêter en parallèle.

OG : Pourquoi avez-vous choisi une petite maison d'édition (Chabot du Lez) pour publier votre livre ?

JM : Personne d'autre n'a voulu le faire ! J'ai été en contacte avec avec la directrice des éditions Au Diable Vauvert, mais elle a refusé, préférant peut-être éditer les responsables des institutions en place. Moi, je préfère ne pas les ménager.

OG : Vos portraits se concentrent principalement sur des hommes politiques. Pourquoi ?

JM : Il y a quelque chose de romanesque en eux. Par exemple, lorsqu'on demande à Alary pourquoi il a voulu faire de la politique, il répond : 'c'est pour être aimé'. C'est un garçon aimable, intelligent. Il n'a jamais connu de défaite électorale sur les 17 scrutins auxquels il s'est présenté. C'est un homme qui a toujours eu une relation affective avec ses administrés et qui est le roi du consensus. Seulement, le risque du consensus c'est qu'on peut parfois ne pas aboutir à grand chose.

Damien Alary en premier plan, Président de la région LR et Jean-Paul Fournier, Sénateur-Maire de Nîmes, en second plan

OG :  Dans votre portrait d'Alary, Georges Frêche lui avait lancé une pique : " tu ne fous rien". Damien Alary est-il un homme de dossiers ?

JM : Je ne l'ai pas suivi pendant une journée de travail, mais les gens qui le connaissent bien me le disent et je ne crois pas qu'ils inventent.

OG : Vous décrivez le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier comme un homme autoritaire, qui fait fi de l'avis de ses administrés. Pourtant, les Nîmois viennent de lui confier un troisième mandat…

JM : Je ne dis pas que Jean-Paul Fournier est un mauvais maire. C'est plutôt sa manière de gouverner, de trancher des têtes, qui passe mal chez une partie de son électorat. En mars 2014, il a remporté la mairie en ramant... Il a de la chance que ses adversaires de gauche ne soient pas terribles… D'ailleurs, la nullité de la gauche gardoise est un avantage pour les deux grands maires de droite, Fournier et Roustan.

OG : Comment envisagez-vous l'avenir de la droite nîmoise une fois que Jean-Paul Fournier aura décroché ? Certains élus sont déjà dans les starting-blocks : Franck Proust, Laurent Burgoa ou Richard Tibérino. 

JM : Laurent Burgoa est assez bien placé, cela fait des années qu'il travaille avec Jean-Paul Fournier. Ils se complètent et s'apprécient. Laurent Burgoa a été mis en lumière aux dernières départementales.

Je vois mal Richard Tibérino jouer les premiers rôles, c'est davantage un porte-flingue… Quant à Franck Proust, je ne le vois pas s'acharner pour devenir maire de Nîmes. Face à Yvan Lachaud, président de l'UDI du Gard et de Nîmes Métropole, la bataille sera rude.

OG : D'ailleurs, que pensez-vous de cette guerre incessante Fournier/Lachaud ?

JM : C'est un conflit classique d'hommes ambitieux. Au plus les gens veulent du pouvoir, au plus les affrontements sont difficiles.

Max Roustan lors de la visite du chantier du Train à Vapeur. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

OG : Vous êtes plus dur avec Jean-Paul Fournier qu'avec Max Roustan. Pourtant, les deux sont autoritaires dans leur manière de gouverner. Pourquoi cette différence ?

JM : Le maire d'Alès est un despote sympathique, il suscite une cohésion. Paradoxalement, il y a presque une dynamique consensuelle dans sa manière de travailler. Il n'a véritablement qu'un adversaire : Jean-Michel Suau. Le maire de Nîmes est différent. Il est clivant, c'est un homme de pouvoir. Il n'a jamais abandonné ses fonctions au sein de l'UMP du Gard. Max Roustan s'en fiche.

OG : Vous décrivez ce dernier comme un homme spontané proche des gens. Mais cette facilité tourne parfois à l'insulte. Ce qui a d'ailleurs valu à Max Roustan des déboires judiciaires. Pourquoi ne pas en avoir parlé ?

JM : J'ai interrogé beaucoup de gens mais il y a surement des manques, c'est vrai.

OG : De manière générale, M. Roustan et J.P Fournier ont eu des ennuis avec la justice. Dans un livre traitant des trublions et filous, on s'attend à en retrouver quelques lignes...

JM : Je m'en suis tenu à leur personnalité. Je n'ai pas voulu étaler ça. C'est peut-être une erreur.

OG : Dans votre préface écrite par Jean-François Khan, le journaliste de Marianne explique que seul l'intérêt personnel guide les politiques. Etes-vous d'accord ?

JM : La formule est excessive, mais dans l'ensemble oui, ils pensent à leur intérêt personnel, par exemple, en ne respectant pas les consignes de leur parti. Ils ont beaucoup d'ego qu'ils doivent combiner avec l'intérêt général de leurs administrés. Je le crois pas qu'ils soient tous comme cela... Il y a des exceptions comme l'ancien maire de Sète François Liberti, un homme dévoué à qui je rends hommage. Il y a aussi l'ancien maire des Angles Christian Blanc (Pyrénées-Orientales), qui a su arrêter sa carrière politique.

OG : Vous citez certains journalistes, comme François Martin de Midi Libre qui ont quitté leur métier pour convoler avec les politiques. L'avez-vous déjà envisagé ?

JM : Non. Ça m'attriste. Ce n'est pas le même métier. Les journalistes sont là pour remettre en question et critiquer les hommes politiques… Pour moi, ce serait un enfer de faire ça !

Propos recueillis par Eloïse Levesque et Coralie Mollaret

"Notables, trublions et filous"

Sortie le 25 mai dans le Gard

18 €

Editions Chabot du Lez

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Eloïse Levesque

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