Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 12.05.2016 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 541 fois

FAIT DU JOUR Les vrais enjeux du Contrat de ville de Beaucaire (1/4)

De gauche à droite : Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire ; Amal Couvreur, vice-président au Département en charge de la Politique de la ville ; Carole Delga, présidente PS de la Région et Juan Martinez, président PS de la CCBTA*. Montage : C.M/

Alors que la Région refuse toujours de signer le Contrat de ville de Beaucaire, le Préfet du Gard a décidé de lancer l'appel à projet. Deux quartiers sont ciblés : le centre ville et la Moulinelle. Diagnostics et enjeux.

Louée par certains, fustigée par d’autres mais surtout, méconnue du plus grand nombre, la « politique de la Ville » revêt une grande ambition : lutter contre les inégalités. À chaque nouveau gouvernement, sa recette miracle. Son grand soir. Après les « CUCS » de la droite (2007-2014), la gauche a lancé ses « contrats de ville » (2015-2020). En la matière, le Gard est bien doté avec huit de ces dispositifs.

Bisbilles autour du lycée

Seulement, depuis plusieurs mois, celui de Beaucaire pose problème : si le maire FN de la commune a un temps refusé de le signer, c'est aujourd'hui au tour de la Région de faire de la résistance. En cause : le projet de territoire de la CCBTA, intégré au Contrat, qui indique vouloir "préparer la création d'un lycée d'enseignement général sur Beaucaire".

Cette doléance, la Région ne la voit pas d'un bon oeil : "Le contrat de ville, ce n'est pas la lettre au père Noël ! (…) Le rectorat a assuré que le territoire n'avait pas besoin d'un nouveau lycée sur ce territoire. Tant qu'il y aura inscrit ce lycée, nous ne signerons pas". Ce à quoi le président de la CCBTA Juan Martinez répond : "Moi, je n'impose rien à personneLa Région n'est pas tenue par notre projet de territoire. Tout le monde doit prendre ses responsabilités et nous ne pouvons pas abandonner nos concitoyens qui sont en grande difficulté".

Beaucaire : un constat alarmant

En matière de responsabilité, il semblerait que le préfet du Gard ait décidé de prendre les siennes, en lançant l'appel à projet. Une action permettant ainsi au tissu associatif de se mobiliser et de proposer des projets. Au-delà des chicayas politiques, le Contrat de ville de Beaucaire concentre de véritables enjeux. Composé d’une centaine de pages, le document cadre dresse un diagnostic exhaustif de la situation économique et sociale des deux territoires cibles : le centre-ville et le quartier de la Moulinelle.

Composée de 7 000 habitants (soit 40% de la population communale), on découvre sans grande surprise que la population est majoritaire jeune (39% ont moins de 30 ans), peu qualifiée, et sans emploi. Une grande partie bénéficie de prestations sociales : dans le quartier de la Moulinelle, la part d'allocataires du RSA est supérieure à 30 % et ceux percevant le RSA socle varie entre 25 à 30%. La tendance est similaire en centre-ville.

Les trois piliers du Contrat de ville

En signant les contrats de ville, les partenaires* s'engagent à « allier leurs forces et leurs moyens » autour de trois piliers : le développement économique, la cohésion sociale et le cadre de vie/habitat. Vecteur d'intégration, le développement économique reste le nerf de la guerre. "Sur ces 7 000 habitants, 1 000 sont inscrits à Pôle Emploi", indique le président de la CCBTA. L'établissement public a récemment baissé le prix du foncier de ses zones d'activités économiques et réfléchit à créer "une structure pour favoriser les contrats d'apprentissage". Si elle signe le Contrat, la Région devrait avoir un rôle prépondérant dans la formation mais également dans la mobilité : seulement 50% des demandeurs d'emploi ont le permis et 38 % possèdent une voiture.

Sur la question de l'habitat, la problématique réside d'abord dans l'absence de mixité des logements. Le quartier Moulinelle regroupe une majorité de logement sociaux (508) et peu de logements privés (180). Dans le cadre du PLH (Plan local d'habitat), le Contrat incite la communauté de communes à diversifier et rééquilibrer l'offre de logements. Enfin, sur la question de la cohésion sociale, le Département et la commune devraient jouer des rôles importants, notamment dans le financement des associations. Amal Couvreur, vice-présidente en charge de la Politique de la ville, est prête à "mettre le paquet" en finançant des initiatives dans l'esprit du Café des parents. Un lieu d'échange pour les familles qui a fermé après que la nouvelle municipalité FN ait décidé de ne plus le soutenir…

Finalement, c'est à se demander si, à Beaucaire, le véritable enjeu du Contrat de ville n'est pas dans l'alliance des ses partenaires…

Coralie Mollaret

À suivre tout au long de la journée, trois articles sur les trois piliers du Contrat de ville de Beaucaire (développement économique, cadre de vie et cohésion sociale).

BEAUCAIRE Comment améliorer le cadre de vie et l’habitat ? (3/4)

BEAUCAIRE Le développement économique, nerf de la guerre (2/4)

 *CCBTA : Communauté de communes Beaucaire -Terre d'Argence

*La liste des signataires du Contrat de ville : la ville de Beaucaire, la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence, le conseil départemental du Gard et l'Etat.

Coralie Mollaret

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