Dix-huit jours, plus de 40 tonnes d’acier et dix-huit mètres de haut. C’est respectivement le temps pour le monter, le poids et la hauteur de l’échafaudage actuellement installé sous l’abside permettant de restaurer les décors peints sous le toit. Au bout des échelles étroites et de ces étages de ferraille, Antonio et son équipe de cinq personnes, éclairées par des lampes torches, offrent une deuxième vie à ce patrimoine. L’entreprise Ippolita Romeo, venue d’Italie, est chargée de rénover ces œuvres d’art.

Des peintures que les spécialistes attribuent à Bernard Gentilini connus pour la représentation des quatre évangélistes avec, au second plan, une voûte étoilée. On retrouve cette fresque dans cet édifice. « Je reproduis le même modèle d’étoile et j’utilise la même technique de peinture à l’huile qu’à l’époque », explique Antonio. « Un travail d’artiste », s’exclame le maire de Manduel, Jean-Jacques Granat. Un travail minutieux pour rénover tout en respectant le plus possible le travail du peintre, le tout sous l’autorité de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles).

Dans cette église achevée en 1864, il y a eu des reprises dans le temps et les restaurateurs tombent sur des couches successives. « Le but, c'est de redonner de la cohérence », explique le maître d’œuvre et architecte du patrimoine Alexandre Autin qui intervient aussi sur la rénovation du temple d’Anduze. Comme il aime à le rappeler, cette église Saint-Genest de style romano-byzantin a la particularité d’être une œuvre d’art complète par son architecture extérieure signée par l’architecte Henry Antoine Revoil (1822-1900). Mais aussi par le mobilier intérieur que ce dernier a lui-même dessiné.

Environ 1,5 M€ de travaux

Et également par les peintures, probablement donc de Gentilini. « Une étoile de David avec une double couronne d’épine, c’est une représentation assez unique », tient à souligner Jean-François Tixier de la paroisse de Manduel. C’est tout ce patrimoine que la commune a souhaité sauvegarder en entreprenant une rénovation totale.

Un travail de longue haleine avant que les travaux puissent démarrer. C’est en 2016 que cette église en forme de croix latine à trois nefs a été classée au titre des Monuments historiques. Une première véritable avancée. Ce classement permet ensuite de trouver plus facilement des subventions avec la Drac comme fer de lance.

Une rénovation de plus de trois ans dont le coût total avoisine les 1,5 M€ avec des participations aussi de l’Union Européenne, de la Région Occitanie, du Département du Gard et de Nîmes métropole. Le maire aurait souhaité davantage d’aides car le reste à charge pour la commune s’élève à environ 450 000 euros (soit 30% du projet). Il faut aussi souligner les dons des fidèles via la Fondation du patrimoine. Des travaux qui devenaient indispensables pour un bâtiment vieux de quasiment 160 ans.

Messe avec l'évêque de Nîmes et gospel pour l'inauguration

Les paroissiens retrouvaient régulièrement des flaques d’eau, les infiltrations étaient récurrentes. La première étape, entre 2020 et 2021, a donc consisté à refaire le toit et la charpente. Avec le temps, elle s’appuyait sur la voûte qui menaçait de s’effondrer. Le sommet de la flèche a aussi été consolidé. Une rénovation de A à Z.

« On avait aussi des remontées d’humidité par le sol, on a donc posé un enduit sur la partie basse des murs », explique Alexandre Autin. En 2022, ce sont les travaux de façades et des vitraux qui ont été réalisés. Et l’intérieur pour finir avec la restauration des décors peints, les menuiseries et la mise aux normes de l’électricité.

Dans quelques jours, l’immense échafaudage sera déplacé au centre de la nef principale. Pour la première fois durant les travaux, l’église sera totalement fermée, et ce, durant tout le mois de mai. Le chantier touche à sa fin puisque tout sera terminé fin septembre. « Je suis admiratif de ce travail considérable et je trouve ça courageux de la part de la commune d’avoir entrepris ces travaux. On se réjouit de la découvrir sous un regard nouveau », confie le père Sébastien Verdier, curé depuis octobre 2022 à Manduel où l'on dénombre une centaine de pratiquants réguliers.

L’occasion pour lui après cette visite de se rendre chez son voisin, le maire de Manduel, pour caler une date pour organiser la grande messe d’inauguration début octobre en présence de monseigneur Brouwet, évêque de Nîmes. Pour cette grande occasion, Jean-Jacques Granat veut proposer plusieurs animations dont un concert de gospel en mode Sister Act pour célébrer dignement la résurrection de l’église Saint-Genest.

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