Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 29.04.2020 - abdel-samari - 3 min  - vu 2560 fois

FAIT DU JOUR Maison d'Accueil Spécialisée d'Alesti : s'adapter en temps de crise sanitaire

La Mas d'Alesti Photo Objectif Gard

Lidwine Gueidan, directrice de la Mas d'Alesti Photo Objectif Gard

Lidwine Gueidan, directrice de la Maison d'Accueil Spécialisée d'Alesti à Nîmes explique comment son établissement d'accueil d'adultes handicapés fait face à la crise liée au coronavirus. Mesures barrières avec les résidents, accueil des familles, déconfinement, etc. Interview.

Objectif Gard : Comment votre établissement fait face à l’épidémie ?

Lidwine Gueidan : Comme tout en chacun, la vie à la Maison d’Accueil Spécialisée d’Alesti a été complétement bouleversée. Au vu de la population accueillie, des adultes présentant des formes de handicap sévère ou en situation de polyhandicap, nous avons dû dès le début de l’épidémie, prendre des mesures contraignantes mais nécessaires au vu de l’urgence sanitaire. Notre objectif à tous est de faire en sorte que le virus ne « rentre » pas dans l’institution.

 

Quelles sont les mesures de sécurité que vous avez mises en place ?

Dès le 2 mars, nous avons suspendu les sorties collectives et individuelles, limité la circulation des personnes hébergées. A partir du 13 mars, les visites et les retours au domicile familial ont été suspendus, l’accueil de jour fermé. Le but de ces mesures étant de diminuer au maximum le nombre de contacts pour un(e) résident(e).

Le 19 mars, devant la difficulté de faire respecter la distanciation sociale par les résident(e)s pendant les temps collectifs, nous avons confiné les résidents dans leur chambre. Comme il ne s’agissait pas d’un confinement contraint, il a fallu beaucoup de pédagogie de la part du personnel pour expliquer aux personnes accueillies le pourquoi et le comment de ce confinement.

Une belle leçon de vie

Avez-vous également mis en place des mesures barrières ?

Bien évidemment, nous avons instauré des gestes barrières stricts, le port de masque pour le personnel et la prise de température journalière pour les résidents et les professionnels. Parallèlement, nous avons déménagé les résident(e)s d’une unité dans les chambres libres suite à des départs en famille, afin de préparer une zone de confinement pour isoler les résidents porteurs de COVID-19 si nécessaire. Enfin, nous avons travaillé avec nos partenaires, notamment l’ESAT Le Mas Tempié au niveau de la cuisine, pour assurer un plan de continuité d’activité en toute sécurité.

Comment informer les résidents de la situation ?

Nous avons expliqué clairement la situation aux résident(e)s et nous sommes surpris de leur capacité d’adaptation qui nous offre une belle leçon de vie. Les équipes ont fait preuve d’inventivité pour maintenir le lien social par des activités en petit groupe, des concours de dessin, des promenades dans le parc, des séances de gym ou de danse, … Et cela fonctionne.

Quel lien avez-vous mis en place avec les familles ?

Nous avons d’abord téléphoné à toutes les familles afin d’expliquer la situation. Certaines familles ont alors décidé d’accueillir à domicile leur enfant. Nous maintenons le lien avec l’institution, en les contactant régulièrement par téléphone. Puis nous avons mis en place un projet en sommeil depuis des mois, un blog réservé aux familles afin de partager la vie institutionnelle au temps du confinement. Nous avons équipé les ordinateurs des unités de vie de webcams pour des rendez-vous visio avec les familles ; pas toujours évident pour certains résidents d’appréhender ce nouveau mode communication. Enfin, nous sommes en train d’organiser, en tenant compte des instructions reçues qui nous fixent des règles strictes de mise en œuvre, les visites des familles. Nous recevons régulièrement des messages de soutien des familles et sincèrement c’est réconfortant et motivant pour nous tous.

Un nouveau chapitre de la vie institutionnelle est en train de s’ouvrir.

Quelles sont vos sources d’information ?

Les directives officielles concernant le fonctionnement des établissements pour personnes en situation de handicap, nous sont transmises par l’ARS Occitanie avec un point téléphonique hebdomadaire avec nos interlocuteurs de la Direction Territoriale du Gard. Autre source d’information essentielle pour nous, la FEHAP, notre fédération employeur, qui sur l’ensemble des sujets nous concernant, transmet la législation, les directives, les avancées médicales et technologiques, des fiches synthétiques.

Comment les équipes se sont organisées ?

Dès le départ, l’ensemble du personnel s’est mobilisé pour être présent, en annulant leur congé annuel, en s’organisant pour la garde des enfants. A ce sujet, nous avons pu nous appuyer sur le dispositif mis en place par l’Education Nationale pour les soignants et je tiens à remercier les enseignants volontaires de l’école Peyrousse de Marguerittes où la plupart des enfants des salariés de l’établissement est accueilli.

Comment le personnel vit cette situation ?

En tant que directrice, c’est très enthousiasmant de pouvoir travailler avec des salariés, impliqués et motivés. Après des craintes légitimes en début d’épidémie, les professionnels ont sereinement intégré de nouveaux gestes dans leur pratique, modifié leur fonctionnement au niveau collectif et commencent à se projeter pour les mois à venir. Un nouveau chapitre de la vie institutionnelle est en train de s’ouvrir.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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