Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 09.05.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 2889 fois

FAIT DU JOUR Pendant le confinement, la production ne s'est pas arrêtée sur le site Sanofi à Aramon

Le site d'Aramon compte 950 collaborateurs. (©Fabien MALOT) - Fabien MALOT

Le site de production chimie et biotechnologie Sanofi d'Aramon a été créé en 1962. Il produit 650 tonnes de principes actifs par an. (©Fabien MALOT) • Fabien MALOT

À moins de 48 heures du déconfinement, plusieurs entreprises et sites de production s'apprêtent à reprendre leur activité. Mais certains ne se sont jamais arrêtés pendant la crise. C'est le cas de Sanofi chimie à Aramon, qui a continué d'assurer sa mission d'opérateur d'urgence vitale. Le chargé de communication, Antoine Akrich, nous explique comment s'est déroulé le confinement au sein du site gardois.

Objectif Gard : Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous présenter le site Sanofi d'Aramon ?

Antoine Akrich : Le site d'Aramon a été créé en 1962 à cheval entre le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard. C'est un site de production chimie et biotechnologie donc on y fabrique des principes actifs. C'est la molécule active qu'on trouve dans les médicaments. On ne fait pas de la mise en boîte. Sur le site, il y a 950 collaborateurs. 50% sont en travail posté avec des horaires un peu particuliers : 2X8, 3X8 et 5X8. La moitié peut travailler la nuit, le week-end, etc. En temps normal, on est au maximum 500 sur le site. Ce rythme permet à la production de fonctionner les 365 jours de l'année. Le site produit 650 tonnes de principes actifs par an. Cela permet de traiter 10 millions de patients chaque jour.

Quels principes actifs produisez-vous ?

Le produit phare du site, c'est l'Irbesartan, on va le retrouver dans le médicament cardiovasculaire qui s'appelle Aprovel. On a également des produits d'importance vitale car on ne peut pas arrêter leur production. On est obligé de ne jamais fermer le site pour le traitement des cancers d'enfants ou la maladie de la leishmaniose dans les pays d'Afrique...

En ce moment, des forces militaires sont mobilisées devant le site, dans le cadre de l'opération Résilience, pourquoi un tel déploiement ?

Ce n'est pas une demande de Sanofi, c'est une décision de la Préfecture de déployer de la surveillance deux fois par jour autour du site. Cela peut s'expliquer par le fait que le site est classé opérateur d'importance vitale. Il faisait déjà l'objet d'une surveillance régulière et renforcée. [Le Préfet, Didier Lauga, nous avait expliqué : "Il faut veiller aux lieux dans lesquels peuvent se trouver des marchandises qui tentent nos concitoyens", à savoir les médicaments. À la préfecture du Gard, on nous indique aussi que le site industriel d'Aramon est classé Seveso c'est-à-dire qu'il présente des risques d'accidents majeurs et l'État est tenu d'y maintenir un haut niveau de prévention NDLR]

"On ne peut pas se permettre d'arrêter une production

pour se focaliser sur le coronavirus"

Est-ce qu'en cette période de crise, de la recherche a-t-elle été mise en place pour trouver de nouveaux principes actifs pour lutter contre le covid-19 ?

Il y a de la recherche qui est faite mais dans les sites de recherche et développement. Le plus proche c'est Sanofi Montpellier. À Aramon, c'est un site de production. Mais Sanofi s'engage dans cette voie-là. Plusieurs tests sont effectués au niveau de la chloroquine, des essais avec un autre produit qui s'appelle le kevzara, de la recherche sur des vaccins, etc.

Le site d'Aramon a continué de fonctionner pendant le confinement. Comment ce maintien de l'activité s'est organisé ?

Ça n'a pas beaucoup changé. L'usine continue de tourner 24/24h, 7/7 jours comme d'habitude. Tout le personnel est engagé pour assurer une continuité de service. On ne peut pas se permettre d'arrêter une production pour se focaliser sur le coronavirus. Il y aurait un risque de déclencher une autre crise sanitaire qui pourrait être liée à ce manque de production d'autres médicaments.

Tous les collaborateurs n'ont pas travaillé sur site pendant le confinement ?

Il y a un petit peu de télétravail notamment pour les métiers administratifs mais vu que c'est un site de production industrielle, il y a beaucoup de personnes qui doivent être présentes sur le site. Il n'y a qu'une centaine de personnes en télétravail sur les 950.

Est-ce qu'à l'intérieur du site, tout est très mécanisé, ce qui limite les contacts ?

C'est très mécanisé mais il faut quand même beaucoup de personnes pour faire tourner le site. Depuis le début de la crise sanitaire liée au covid-19, tous les sites Sanofi, dont Aramon, ont mis en place un certain nombre de mesures pour garantir la sécurité de tous ses collaborateurs et donc continuer la production de principes actifs pour des millions de personnes.

Par exemple ?

Pour limiter le nombre de personnes sur le site, les personnels jugés fragiles, identifiés par la médecine du travail, ont été invités à rester chez eux pour les protéger. Il y avait aussi le problème de la garde d'enfants, ceux qui devaient se débrouiller par eux-mêmes ont pu rester chez eux le temps du confinement. Cela représente une cinquantaine de personnes.

"On a aussi mis en place un système de prise de température corporelle

à l'entrée du site"

Il y a aussi des mesures en lien avec les gestes barrières et la distanciation sociale ?

Oui, on a réaménagé des lieux de vie comme le restaurant d'entreprise, les salles de pause, les vestiaires. Il y a eu une gestion des flux physiques sur le site, le marquage au sol renforcé. Toutes les réunions se font via un système de téléconférence interne. Il y a eu des mesures pour que les équipes ne se croisent pas physiquement au moment de la relève. Dès le début du confinement, on a aussi mis en place un système de prise de température corporelle à l'entrée du site qui est obligatoire. Il s'agit d'un thermomètre infra-rouges, sans contact. Il y a eu une analyse des postes pour équiper en masques toutes les personnes qui ont besoin. Par exemple, dans les ateliers dans lesquels la distanciation sociale n'est pas possible car les salles sont trop petites ou les opérations particulières.

Le site est aussi régulièrement désinfecté ?

On a augmenté la fréquence de nettoyage, la désinfection des installations surtout le mobilier commun, les outils partagés comme les ordinateur, les souris, les claviers. Les laboratoires, ateliers et vestiaires sont nettoyés 2 fois par jour au lieu d'une. S'il y avait des cas de covid dans les équipes, ce serait problématique car ça ralentirait énormément la production. Si on a un très gros problème, il existe un plan de continuité d'activité mais là, ce n'est vraiment pas critique. Il n'y a pas eu de cas sur le site d'Aramon.

Comment le déconfinement va se dérouler sur le site d'Aramon ?

Le déconfinement ne va pas changer grand chose là non plus, vu que les gestes barrières et les mesures restent d'actualité. Cela va peut-être changer quelque chose pour les usines tertiaires Sanofi qui sont en télétravail et qui vont devoir revenir sur site.

Propos recueillis par Marie Meunier

Marie Meunier

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