FAIT DU JOUR Qui est Mathieu, l'éleveur de taureaux gardois, candidat à l'Amour est dans le pré ?
Chaque lundi soir depuis le mois de septembre, les téléspectateurs de M6 suivent les aventures de 13 agriculteurs de l'émission de "L'Amour est dans le pré". Parmi les candidats chouchous de cette 15e saison, il y a Mathieu, 45 ans, éleveur de taureaux camarguais à Sernhac, dans le Gard. Vous pourrez le voir à l'écran ce lundi soir pour la suite du séjour à la ferme avec ses deux prétendants.
Mathieu, c'est le bon vivant. Toujours le sourire et le mot pour rire. Derrière ses muscles et ses tatouages, sa personnalité solaire et sans détour a fait de lui d'un des candidats phares de l'émission. Pourtant, ce candidat a vécu des mois difficiles et son histoire a touché les téléspectateurs. Si l'éleveur de taureaux de Camargue s'est inscrit à "L'Amour est dans le pré", c'est pour trouver l'homme de sa vie. Mais c'est également pour entamer une renaissance. Pour laisser derrière lui sa vie d'avant.
La vie de Mathieu a basculé en septembre 2018, où il a appris qu'il était peut-être atteint de la maladie de Cadasil. Le couperet est tombé le 13 mars suivant. Cette maladie génétique rare touche les artérioles du cerveau et crée des dégénérescences psychologiques et moteurs. "Je peux faire un AVC n'importe quand. Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique le candidat. À ce jour, il n'existe aucun traitement mais Mathieu fonde quelques petits espoirs dans des essais thérapeutiques auxquels il postulera en début d'année prochaine.
Après l'annonce de sa maladie, le manadier a passé des mois difficiles. Son précédent compagnon a très mal réagi : "La personne avec qui j'étais ne se voyait pas vieillir avec moi", se remémore Mathieu. De nouveau seul, il a décidé de "se secouer" et de s'inscrire à l'émission "L'Amour est dans le pré". Au-delà du programme TV, cette aventure a vraiment été un moyen de "sortir de la déprime, une étape dans l'acceptation de la maladie, une manière de renaître".
Mais il a vraiment tenu à être sincère avec les prétendants qui souhaitaient le rencontrer. Dès le tournage de son portrait, il a parlé de sa pathologie pour que les personnes "écrivent en connaissance de cause" de son espérance de vie réduite. Il avait peur que peu d'hommes lui écrivent, par peur. Il faut croire que ça ne les a pas découragés puisque Mathieu a reçu une centaine de courriers. La production de l'émission lui en a sélectionné une cinquantaine correspondant à ses critères.
Deux prétendants à la ferme pendant une semaine
Fidèle spectateur de l'émission depuis 13 ans, le manadier gardois a toujours visionné le programme avec sa mère. Il se rappelle encore quand cette dernière lui a rétorqué : "Tu ne vas pas me faire ce coup-là ? Tu es trop "border line" pour être pris". Eh si...
Parmi les lettres qu'il a reçues, Mathieu en a sélectionné 10. 10 personnes qu'il a rencontrées en juin à Paris lors du speed-dating. Il a finalement retenu le jeune jockey Alexandre, pour qui il a eu un véritable coup de cœur, et Johnny. Après que le trio a passé un test covid revenu négatif, les deux prétendants sont arrivés chez Mathieu, dans le Vaucluse, trois semaines plus tard. "La semaine à la ferme a été assez concentrée. Ça s'est très bien passé, c'est une belle ambiance. Il n'y a pas eu de disputes", atteste Mathieu.
Ce lundi soir, on découvrira les derniers jours de la semaine à la ferme. Et notamment la rencontre des deux prétendants avec les amis et la famille de Mathieu au cours d'une grande fête. On saura également avec qui l'éleveur a décidé de poursuivre l'aventure. Même si la balade à cheval et le baiser sur la joue échangé avec Alexandre lors de la dernière séquence laissent des indices...
"Un couple chouchou homo, c'est une belle avancée"
Montrer son homosexualité à l'écran ne pose aucun problème à ce manadier. Malgré quelques pointes homophobes dans les commentaires au speed-dating, il se réjouit de la bienveillance des téléspectateurs : "Les esprits avancent. Sans vous dévoiler la fin, beaucoup disent qu'on est le couple chouchou avec Alex. Un couple chouchou homo, c'est une belle avancée."
Cette bienveillance, il ne l'a pas toujours ressentie dans son domaine professionnel même si désormais, il est bien intégré : "J'ai compris la position des femmes. J'ai dû montrer 10 fois plus ce que je valais pour avoir une belle reconnaissance. Le monde de la bouvine, le monde agricole en général sont un peu rustres mais il y a aussi beaucoup d'amour. Et là où il y a de l'amour, il y a de l'acceptation."
Pas du tout de ce secteur d'activité de base, Mathieu est devenu associé de l'élevage de taureaux de Camargue à Sernhac, qu'il a financé il y a quatre ans. Et il est absolument anti-corrida, s'empresse-t-il d'ajouter. Et il n'était pas peu fier il y a quelques mois quand ses bannières ont remporté le trophée des courses camarguaises des Saintes-Maries-de-la-Mer, devançant des manades créées il y a plus de 20 ans.
Une perte de 80% du chiffre d'affaires à la manade pendant le premier confinement
Avant de mettre le pied à l'étrier, Mathieu a eu 1 000 vies. Il tenait trois restaurants et deux salons de coiffure à Montpellier. Il a tout bazardé après avoir fait un burn-out. Se lançant ainsi pour une "deuxième partie de vie tranquille" à la manade. C'était sans compter la pandémie de coronavirus qui lui a fait perdre 80% de son chiffre d'affaires pendant le premier confinement. "Toutes les manifestations taurines ont été annulées. Et vu que nos bêtes ne deviennent pas de la viande...", pas de rentrées d'argent. Il est un peu inquiet de ne pas pouvoir retrouver ses proches pendant les fêtes.
C'est peut-être ce contexte pas très rose qui explique le succès intarissable de l'émission tournée au grand air des campagnes françaises. Dès le premier épisode, plus de 3 millions de téléspectateurs ont découvert les agriculteurs de cette 15e saison sans se lasser du franc-parler et de l'humour parfois connoté de la présentatrice, Karine Le Marchand. D'où le fait que quand Mathieu fait ses courses, on s'arrête souvent le saluer. "Je le vis super bien. J'ai rencontré des gens extraordinaires. Je suis très proche des 12 autres agriculteurs. On a noué des liens forts." Rien ne semble altérer la bonne humeur du Gardois. Un exemple à suivre en cette deuxième semaine de confinement.
Marie Meunier