FAIT DU JOUR Réhabilitation des quartiers nîmois : l'ANRU qu'est à nous ?
L'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine est un programme visant à remodeler les quartiers, plus ou moins sensibles, des villes françaises. Très prochainement la deuxième partie de cet élan national sera décidée et Nîmes ne compte pas passer à côté, surtout depuis qu'elle a goûté au premier essai, plus ou moins réussi. En tout cas, et pour les financements, l'ANRU prend à sa charge 50% du coût des projet... Une aubaine.
"L'État doit avoir l'ambition de nous financer. Nos trois projets doivent s'étaler sur dix ans, peut-être plus, et font partie des compétences que détient la Ville de Nîmes. Nous avons une réunion à Paris la semaine prochaine pour en parler avec les responsables nationaux. Le dossier nîmois est dans le top 5 des plus coûteux de l'ANRU II", annonce le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier.
Environ 25 000 Nîmois concernés
La préfecture gardoise a l'habitude de réaliser des projets mais pour l'ANRU deuxième édition, Nîmes compte bien taper fort et faire plaisir aux habitants des quartiers concernés. Quels sont-ils et combien de riverains abritent-ils ? Pissevin et Valdegour, premier projet de 15 000 habitants, de 6 000 logements et de 445 millions d'euros HT. Chemin Bas d'Avignon et Clos d'Orville, deuxième projet de 8 000 habitants, de 2 530 logements pour un coût de 140 millions d'euros HT. Enfin, le Mas de Mingue, troisième projet concernant 4 600 habitants, visant 1 050 logements pour un coût de 85 millions d'euros, toujours sans les taxes.
Rien qu'avec Pissevin et Valdegour, on retrouve le même nombre d'habitants qu'à Saint-Gilles, Beaucaire ou Bagnols-sur-Cèze, si on est un tantinet méridional. Le but du projet urbain est de retrouver le sol en supprimant les viaducs et certaines places. Petit problème, les enjeux hydrauliques. Eh oui, on est à Nîmes ! "On pourra toujours les résoudre. Nous voulons ouvrir le quartier vers l'extérieur mais cela est compliqué car il y a presque autant de logements privés que de logements sociaux. L'axe fort de ce projet sera la galerie Richard Wagner et la Place Debussy. Nous pouvons démolir 900 logements rapidement pour faire un grand parvis en cassant les souterrains, en faisant des chemins piétonniers et en revoyant les cellules commerciales". À cela s'ajoutera le passage de la ligne 2 du Transport en Commun en Site Propre qui permettra aux riverains d'enfin avoir accès au centre-ville de Nîmes.
Changement de stratégie
Un message fort, empli d'espoir pour les habitants du quartier laissé à l'abandon, ou presque, depuis des décennies. "C'est comme à la guerre, on a une stratégie mais, s'il le faut, on peut en changer." Reprenant l'argument de la bataille, Jean-Paul Fournier avoue espérer de bons enseignements de la réunion prévue le 15 février. Une convention devrait voir le jour d'ici fin 2018 et sa signature pourrait intervenir l'année suivante. "Mais nous sommes déjà prêts à commencer", note l'édile. "On a la volonté, maintenant, il faut savoir si l'État va mettre suffisamment d'argent dans la corbeille de la mariée. Avec ces projets, il ne peut pas y avoir de désespoir."
Passons au Chemin Bas d'Avignon, quartier sensible à relier à son voisin le Clos d'Orville. Le Chemin Bas connaît déjà les bienfaits de l'ANRU pour en avoir bénéficié il y a quelques années, notamment avec la requalification des lieux et la création, par exemple, du centre commercial du Carré Saint-Dominique. "Ici, l'idée est de réaliser des chemins piétonniers entre les deux quartiers, notamment sur le parcours du TCSP pour le Chemin Bas. L'école Léo Rousson pourrait être démolie et reconstruite sur son emplacement initial ou de l'autre côté du périphérique afin d'accueillir les nouveaux habitants du Mas Lombard", continue Laurent Burgoa. Pour le collège Romain Rolland, vu qu'il n'est occupé qu'à 50%, un rapprochement (mutualisation) avec les quatre groupes scolaires du Chemin Bas est à envisager.
La décision est aussi prise d'en finir avec le labyrinthe du Chemin Bas d'Avignon. De nombreux espaces verts seront dégagés, des tours tombées et une ouverture nord-sud créée pour fluidifier la circulation et reconfigurer les espaces. L'enjeu économique n'est pas oublié. "Les commerces qui posent problème, notamment au pied du Portal, devraient peu à peu s'éloigner. Véritable point noir du quartier, nous allons en fermer les cours et faire de ce bâtiment un lieu purement résidentiel. Les commerces se rapprocheront du Carré Saint-Dominique ou de la Maison médicale en travaux." Du coup, au rez-de-chaussée de l'immeuble, plus de commerces mais des logements sociaux pour lesquels il reste à trouver un bailleur.
Au Mas de Mingue, "Personne ne veut y entrer"
Enfin, le Mas de Mingue, plus petit des trois quartiers mais pas le moindre des projets quand on parle de renouvellement urbain. "Personne ne veut entrer dans ce quartier en passant devant... Il faut en changer l'image, l'ouvrir sur le périphérique, s'occuper de l'immeuble des Grillons, casser les commerces et les garages et peut-être déménager la Mairie annexe au centre culturel. Nous voulons retrouver un esprit de village autour de l'église." 240 démolitions et 235 reconstructions.
"Encore une fois, la Ville a fait des projets ambitieux, maintenant, nous attendons la même ambition de la part de l'État car aujourd'hui, l'ANRU ne finance les projets qu'à hauteur de 35%. Nous voulons obtenir 50% minimum. En sachant que le Président Macron a doublé l'enveloppe dédié à l'ANRU II, nous avons nos chances. Notre projet est un des plus gros de France. Il nous faut donner de l'espoir aux habitants de ces quartiers. Les gens veulent du concret", conclut Jean-Paul Fournier.
Encore au moins six mois de travail seront nécessaires à l'aboutissement d'un dossier meilleur encore et validé l'année prochaine.