FAIT DU JOUR Sevene, une réussite homéopathique en cinq ans et des investissements sur les rails
Relancée en 2019, l'entreprise cigaloise produit ses propres médicaments homéopathiques, à partir de plantes médicinales cultivées à Monoblet, qu'elle écoule sur le marché américain dont la croissance, en matière d'homoépathie, est à deux chiffres. Sevene s'apprête à investir deux millions d'euros, notamment pour répondre à la sollicitation de partenariat du Suisse, et leader de la cosmétique bio, Weleda. Si l'entreprise pense devoir changer de locaux dans les trois ans, elle ne souhaite pas s'éloigner de sa zone de production de plantes.
Si dans la ZAC du Tapis vert, le couvert n'a rien de végétal, l'entreprise Sevene tend à la verdir un peu, en produisant des teintures-mètres et granules homéopathiques totalement issues d'une production herboricoles à moins de dix kilomètres. "Notre idée, lors de la reprise en 2019, était de créer une société intégrée qui puisse gérer la matière première", explique Damien Verrier, PDG de Sevene. Chose faite depuis le rachat, et la filialisation, de l'ancienne exploitation de Marie de Mazet, à Monoblet, côté Valestalière.
Soixante-dix hectares entourent et protégent ainsi la production "naturelle" d'une centaine de plantes (et, bientôt, 350) "toutes destinées à l'homéopathie", détaille Jeanne Merlet, ingénieure agronome, sur environ 5 hectares. "Le bio, pour nous, ce n'est pas grand-chose, sourit Damien Verrier qui insiste sur le fait qu'aucun intrant ne doit atteindre la plante. On est en 100 % naturel. Nos produits sont vegan, contrairement à Boiron." Un premier laboratoire pharmaceutique permet, à Monoblet, de réaliser les teintures-mères directement sur place. La transformation éventuelle en granules homéopathiques a lieu sur le site de Saint-Hippolyte-du-Fort.
"Sevene avait de l'or dans les mains mais n'en faisait pas grand chose"
Damien Verrier, PDG de Sevene
"Sevene avait, pour moi, de l'or dans les mains mais n'en faisait pas grand-chose, explique Damien Verrier. De plus en plus de recherches ont lieu sur l'homéopathie et des élements scientifiques viennent étayer leurs résultats", poursuit le PDG, pour qui la France est en décalage total avec le reste du monde en ayant choisi la déremboursement. Alors que le marché n'augmente plus que de 2 % en France, "la croissance est de 20 à 22 % au niveau mondial, et d'environ 30 % aux États-Unis", poursuit Damien Verrier.
Ce n'est donc pas un hasard si c'est sur ce marché en croissance que Sevene a souhaité s'implanter rapidement, en rachetant la société homéopathique américaine Olloïs et en l'approvisionnant en matières premières "cévenoles". Avec la ferme intention de rester sur ce marché où le tube d'homéopathie avoisine les 8,50 $, contre environ 2,10 € en France, seuil qui ne permet pas à Olloïs d'être rentable étant donnés les choix effectués en matière de production.
En cinq ans - et malgré les affres du Covid qui ont interdit les déplacements outre-Atlantique alors que Sevene rachetait Olloïs - cette intransigeance dans les méthodes de production s'est rapidement fait connaître. Au point que c'est la marque de cosmétiques bio Weleda qui est venue frapper à la porte de Sevene pour envisager un partenariat. "On ne produira pour eux qu'en 2025", précise Sébastien Hamaide, directeur financier de Sevene. La société s'apprête à réaliser une augmentation de capital de 400 000 €, et un investissement de mise à niveau du site de 2 millions d'euros, dont 1,3 M€ en frais de personnel. Sur les 700 000 € d'investissement matériel, la région Occitanie a voté un soutien de 100 000 €.
"Nous étions trois salariés au moment de la reprise, nous sommes 26 aujourd'hui", poursuit Damien Verrier pour souligner le développement du site. L'entreprise doit encore embaucher pour répondre au partenariat avec Weleda et développer ses propres activités. "Nous avons une durée de vie de trois ans maximum dans ces locaux", prévient Damien Verrier. Sans pour autant menacer de délocaliser, l'intérêt du laboratoire étant de rester à proximité de son site de production de matières premières. "Et puis, il y a une légitimité à être en France, croit le PDG de Sevene, malgré les lourdeurs, on a quand même de quoi faire en matière de compétences".
Il n'empêche, le déménagement se pense dès aujourd'hui car "il va falloir doubler nos capacités de production : avec Weleda, on va augmenter de 30 % notre production sur la partie granules et de 100 % sur les liquides". Sevene devrait donc embaucher "15 à 17 employés en plus" à brève échéance. "On s'automatise, mais on garde le même nombre de salariés pour la production", a tenu à rassurer Damien Verrier auprès de Jalil Benabdillah, vice-président de la région Occitanie en charge de l'Économie, venu porter la bonne nouvelle du vote de la subvention de 100 000 € le matin même, en commission.
"La présidente veut territorialiser l'économie, a vanté Jalil Benabdillah, se réjouissant de voir l'entreprise attachée à son terroir. Notre objectif c'est l'ancrage sur les territoires et la structuration de filières." Une vision qui satisfait Damien Verrier, "vite surpris, en bien, de la dynamique économique que souhaite développer la Région". Tandis que Bruno Olivieri, maire de Saint-Hippolyte-du-Fort, s'interrogeait sans doute sur un futur point de chute de l'entreprise pour ne pas qu'elle quitte sa commune, d'ici trois ans. D'autant qu'il peut se méfier : s'il était présent avec la casquette de conseilller régional, nul doute que le président du Pays Viganais, Régis Bayle, verrait d'un bon oeil l'implantation d'une pépite comme Sevene sur son territoire...