FAIT DU JOUR Télétravail, grève, inflation... Les restaurateurs au régime
Depuis la démocratisation du télétravail, les restaurateurs du centre-ville de Nîmes voient logiquement leur activité baisser. Et lorsque les salariés viennent au bureau, certains apportent leur repas ou se font livrer. La hausse du coût de la vie et les nombreuses grèves contre la réforme des retraites amplifient ce phénomène.
La crise sanitaire a accéléré la mise en place du télétravail devenu désormais une habitude dans les secteurs où il peut être utilisé et souvent la première condition demandée lors d'un entretien d'embauche. Nîmes n'échappe pas à la règle et quand les gens travaillent à la maison, ils déjeunent forcément chez eux. Alors bon nombre de restaurateurs ont vu leur activité baisser. "On a perdu 40% de notre clientèle", regrette Sophie Wismans, gérante de la brasserie des Fleurs située face à la gare.
Un établissement ouvert seulement le midi dont la cible est typiquement les actifs du centre-ville. "Ceux que l'on voyait tous les jours viennent dorénavant une à deux fois par mois", poursuit la restauratrice. Des sociétés comme Axa ou SADA Assurances, qui comptent environ 130 salariés, sont passées au télétravail pour la grande majorité des collaborateurs. Un manque à gagner et l'obligation de licencier du personnel pour la patronne des Fleurs. Quelques centaines de mètres plus loin, sur le boulevard Amiral-Courbet, face au siège de la Banque Populaire, Jean-Philippe Gomez a aussi observé une baisse de fréquentation.
"Comme cette clientèle venait cinq jours sur sept, on savait qui prenait du rouge ou du rosé, qui avait des allergies. On leur faisait même un geste. Maintenant, elle vient une fois tous les dix, quinze jours", confie le gérant du restaurant Le Printemps. Ce dernier a vu d'autres clients prendre le relais, mais pas au même niveau. Le télétravail n'est pas la seule raison qui explique que les actifs ont déserté les tables des restaurants. "Entre les grèves, les augmentations, la vie chère et les livraisons, on marche sur la tête", poursuit Jean-Philippe. Dans une démarche de déjeuner rapidement, certains emportent leur gamelle ou préfèrent se faire livrer.
Mais la principale cause, c'est évidemment l'inflation. Avec les courses, le carburant et tout qui augmente, on y réfléchit à deux fois avant de pousser la porte d'un restaurant. Une tendance qui se vérifie aussi dans les lieux de restauration rapide, à l'image de Colombus Café qui propose des salades, bagel et sandwichs le midi. "On sent depuis janvier que l'on a moins d'actifs qu'avant. Il y a un vrai changement dans le mode de consommation. Les gens ont moins de budget", constate Sébastien Polo, gérant du Columbus Café de Nîmes. Que ce soit sur place ou à emporter, les travailleurs sont moins présents alors que la clientèle des étudiants se maintient. "Le climat d'aujourd'hui ne donne pas envie de se faire plaisir", résume Sébastien Polo.
Par ailleurs, le télétravail et l'inflation, les grèves pour protester contre la réforme des retraites viennent aussi ralentir la consommation. "C'est flagrant ! On sait que ce mardi ne sera pas terrible. Samedi dernier a été très mauvais avec 20% d'activité en moins", assure le gérant du Colombus. "Bien sûr que ça nous pénalise. La veille, le jour de la grève et le lendemain, il n'y a pas grand monde", complète Jean-Philippe. Et au final tout est lié, car des salariés qui ne peuvent pas prendre le train à cause des grèves ni la voiture à cause de la hausse des tarifs à la pompe demandent plus de jours en télétravail.
Les beaux jours sont grandement attendus
Même si le Printemps vient de pointer le petit bout de son nez, le thermomètre, bien que doux, ne permet pas tout à fait aux restaurateurs de faire le plein. En plus de la conjoncture actuelle, le mois de mars n'aide pas à accentuer la fréquentation, selon les propos de Frédéric, cogérant du restaurant L'Atypique, situé dans la rue de la Madeleine : "Ce mois-ci, c'est assez calme à Nîmes. Il y a moins de festivités, mais il y a aussi un mélange de plusieurs choses, dont le vent glacial. Il y aura un peu plus de monde quand les beaux jours arriveront, avec la Feria, la Primafresca...", sourit-il. Toutefois, il nous explique recevoir un peu de clientèle étrangère, notamment des Canadiens. De plus, le mois prochain, Frédéric nous explique qu'une nouvelle carte plus estivale va voir le jour et il espère que cela attirera du monde.
L'ambiance est plutôt similaire du côté de l'enseigne Burger and Co rue Saint-Antoine : "Le midi, parfois, on fait pas mal de chiffre, parfois, c'est un peu plus calme, cela dépend vraiment des jours", explique Mouzimann, cogérant. Leur point fort réside également sur la livraison, ce qui permet de rendre la vente de repas plus pratique. Aussi, Mouzimann attend-il avec impatience les jours meilleurs puisque pour la première fois, "Burger and Co" va se doter d'une terrasse pour l'été.