FAIT DU SOIR 80 ans après, Orsan célèbre la Libération et rend hommage au soldat américain Rosar
Tout ce week-end, la bien nommée association des Week-end historiques d’Orsan organise dans le village un événement autour du 80e anniversaire de la Libération de la Provence. Et ce samedi 15 juin marquait aussi un autre 80e anniversaire, celui du crash du pilote d’avion américain Joseph Rosar, tombé sur le village le 15 juin 1944.
À Orsan, Joseph Rosar a donné son nom à un square, et une plaque rappelle son histoire sur le mur de la maison où son avion s’est crashé, il y a donc 80 ans. Ce jour-là, le jeune lieutenant de 22 ans pilote son avion de chasse avec une mission : préparer le débarquement des alliés sur les côtes méditerranéennes en désorganisant les allemands. La cible de Joseph Rosar, qui pilote l’avion n°77, est un convoi ferroviaire qui remonte la vallée du Rhône et se trouve à hauteur d’Orsan.
C’est alors qu’une erreur de pilotage va lui coûter la vie : le lieutenant Rosar touche une ligne électrique à pleine vitesse, une aile de son avion est arrachée, le crash devient inévitable. Pour célébrer la mémoire du jeune soldat américain, une hommage lui a été rendu aux deux lieux de mémoire qui portent son nom. Le président de l’association des Week-ends historiques d’Orsan Guy Marignane saluera l’engagement du soldat, « cette flamme qu’il nous faut attiser », encore 80 ans après.
Cette commémoration donnait un relief différent à l’événement, la libération d’Orsan n’étant intervenue que le 27 août 1944. Pour la commémorer, certes avec un peu d’avance, l’association a mis les petits plats dans les grands pour proposer, à l’aide d’une centaine de reconstituteurs venus de toute la France et même de Barcelone, un grand week-end de reconstitution historique. Ainsi, le stade du village ressemble à un bivouac, avec des tentes militaires, des véhicules et même un char. Certains reconstituteurs y ont passé la nuit, du reste.
Avec une représentation la plus large possible, comprenant les différentes composantes de l’armée française à la Libération, des goumiers à la 1ère Division française libre, en passant par les maquisards, mais aussi des reconstituteurs de l’armée allemande. « Nous représentons la Wehrmacht, c’est un choix délibéré, ils ont fait partie de l’histoire », assume Guy Marignane. Cependant, la reconstitution a ses limites : « J’ai été très clair, hors de question de faire un salut nazi ni de porter des insignes nazis ou le drapeau, je n’en ai toléré qu’un, sur une Jeep, comme c’était une prise de guerre », rajoute-il.
Car « le principe de base de la reconstitution est de proposer une histoire vivante, donc on essaie à travers les uniformes, les tentes, les véhicules, les armes, d’être le plus fidèle possible, reprend l’organisateur. C’est pour ça que vous trouvez des tentes allemandes, un poste de commandement, les Allemands étaient très présents dans la région, notamment à Pont-Saint-Esprit ou à Pujaut. » Avec une idée : « Sensibiliser le public pour donner envie de connaître un peu plus l’Histoire », affirme-t-il. Car si aujourd’hui, les voix de ceux qui ont combattu pour libérer le pays « se sont tues, nous continuerons à faire résonner ce qu’elles nous disaient de courage, d’unité et de fraternité à travers les tempêtes de l’histoire », lancera Guy Marignane dans son discours d’hommage.
C’est dans cette optique que les membres d’associations et des reconstituteurs sont intervenus ce vendredi à l’école du village. « On ne leur a pas fait un cours d’Histoire, mais on leur a expliqué certaines choses, présenté les uniformes, ils étaient intéressés et ont posé beaucoup de questions », rejoue Guy Marignane. De passage samedi matin, le sénateur Laurent Burgoa estimera que « en ces temps où on manque quelque peu de repères, ce type de manifestation est un bon exemple d’hommes et de femmes qui se sont battus pour des valeurs, pour que la France soit la France. »
Des conférences ainsi que la projection du film « Je ne regrette rien » sur le sous-préfet de Haute-Savoie Jacques Lespès, nommé par Vichy bien que résistant, fusillé le 15 Juin 1944, il y a donc 80 ans aujourd’hui, étaient aussi au programme ce samedi tout comme un concert. L’événement se poursuit ce dimanche, avec dès 10 heures la levée des couleurs, suivie à 10h30 d’un défilé dans les rues du village jusqu’au cimetière pour un dépôt de gerbe au monument aux morts. Le camp militaire sur le stade sera quant à lui ouvert toute la journée.