FAIT DU SOIR Arnaud Montebourg et « la leçon d’Anduze »
L’ancien ministre de l’Économie est à Alès ce soir et demain pour l’événement Business & Connect, organisé par Gard Entreprises. Avant sa conférence de jeudi soir, il est allé à Anduze visiter l’entreprise Les Enfants de Boisset, qui fabrique des poteries traditionnelles.
« C’est magnifique » : le mot est souvent revenu dans la bouche de l’ancien ministre, chantre du Made in France et pourfendeur de la mondialisation. Il faut dire qu’il était dans son élément dans cette entreprise familiale fondée en 1610 (!) qui, mieux que le Made in France, fait carrément du Made in Cévennes, comme le rappellera le patron de l’entreprise, Richard Jurquet, qui gère l’entreprise avec son épouse Cécile.
Une « Entreprise du patrimoine vivant »
Une entreprise labellisée "Entreprise du patrimoine vivant", « un label décerné par le ministère de l’Économie et des Finances qui qualifie les entreprises qui ont un patrimoine culturel, un savoir-faire », résume le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat, Henry Brin, venu lui aussi à Anduze, comme la conseillère régionale Catherine Eysseric. Une vingtaine d’entreprises seulement détient ce label dans notre département. Alors « pour nous il était évident de visiter cette entreprise emblématique pour mettre les savoir-faire et les talents du Gard », souligne le président de Gard Entreprises, Jean-Pierre de Faria.
Ici, plusieurs milliers de poteries de toutes tailles sont fabriquées chaque année par les six salariés des Enfants de Boisset. Une entreprise qui tourne bien, et que Richard et Cécile Jurquet vont transmettre à leur fille, revenue dans l’entreprise. Un soulagement : « On aurait préféré fermer que de vendre à un étranger », tranche la patronne d’une entreprise enracinée comme rarement dans son territoire.
Défendre le « Made in Gard »
Il faut dire que les Enfants de Boisset ont leur propre carrière, située derrière leurs ateliers. Tout est fait sur place, avec un savoir-faire jalousé par beaucoup mais qui fait le succès des poteries de l’entreprise. Arnaud Montebourg, pas avare ni en questions ni en photos prises lors de sa visite, saluera « une entreprise enracinée, vivant de son histoire et de sa géographie, avec un récit qui raconte le territoire. C’est un joyau qu’il faut protéger, préserver. » L’ancien ministre parlera carrément de « la leçon d’Anduze », pour qualifier le modèle des Enfants de Boisset.
Le crédo porté par la Chambre de métiers et de l’artisanat, « Made in Gard », « c’est la solidarité d’un territoire qui défend son outil de travail, c’est primordial », soulignera l’ancien ministre. Reste que ces entreprises rencontrent souvent des difficultés de recrutement, comme l’affirmera Henry Brin. « Je serais pour monter une école dans chaque entreprise ou chaque groupement, pour avoir la garantie d’un emploi au bout, proposera ensuite Arnaud Montebourg. L’État devrait payer les gens pendant qu’ils se forment. Là nous aurions les candidats. » Car ces entreprises, comme Les Enfants de Boisset, « n’ont rien de ringard. Elles sont modernes et innovent tous les jours », lancera Henry Brin. C’est aussi une leçon.
Thierry ALLARD