FAIT DU SOIR "Le drame de l'inconscience" : les maires gardois face au ministre
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'est rendu cet après-midi à Sainte-Anastasie alors que cinq personnes sont décédées dans le Gard à cause des fortes précipitations.
Ce mercredi, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'est rendu dans le Gard alors que cinq personnes (un enfant de 12 ans est toujours porté disparu) sont décédées en lien avec les fortes pluies du week-end. Après avoir salué les plongeurs à Dions, le ministre est arrivé à 15h10 à la mairie de Russan. Après un rappel des faits survenus, Thierry Carret, directeur departemental des sapeurs-pompiers du Gard, est revenu sur l'intervention des hommes du Sdis 30, notamment auprès de la famille dont le véhicule a été emporté sur le pont de Dions.
"Nos sauveteurs aquatiques sont vraiment allés au bout de ce qui était possible. On a pris énormément de risques, on n'avait plus de marge de sécurité. Les premiers sauveteurs sur place sont allés jusqu'à 300 mètres du véhicule mais le chef a constaté une élévation de l'eau de 20 centimètres par minute, il a pris la décision de retirer l'équipe", explique Thierry Carret alors que la communication avec les passagers du véhicule emporté à Goudargues a été interrompue. Des pompiers qui ont remonté les berges du Gardon jusqu'à Remoulins.
Une opération de recherche menée conjointement avec la gendarmerie du Gard. Le général Éric Chuberre et le lieutenant-colonel Charles Sauleau ont présenté au ministre le dispositif et les moyens mis en place. Juste avant, Mathieu Créau, directeur interrégional Sud-Est de Météo France a rappelé que "le niveau de précipitations correspondait au niveau de vigilance" pour un épisode plutôt fréquent en décalage avec ce bilan dramatique de cinq morts.
"Où est le bon sens ? Comment peut-on s'engager dans de telles conditions ?"
Après s'être entretenu en privé avec des secours qui étaient en première ligne, Christophe Béchu s'est ensuite déplacé à la salle Paul-Maubon-d'Aubarne pour rencontrer les maires gardois concernés par cet épisode. Le premier à s'exprimer a été le maire de Gagnières, qui accompagné de son garde-champêtre, est revenu sur l'incident dans sa commune avec un automobiliste qui, malgré la présence d'une barrière, a décidé de forcer le barrage. "C'est un épisode cévenol traditionnel, un des plus faibles que j'ai connu. Si la signalisation avait été respectée, on en parlerait pas", a commenté Olivier Martin.
Ce dernier est rentré dans les détails face au ministre : "J'ai demandé à mon agent, qui était à pied, de ne pas s'engager sur le pont. Je lui ai donné l'ordre de faire demi-tour car il allait partir avec la voiture." Avant de conclure : "Où est le bon sens ? Comment peut-on s'engager dans de telles conditions ?" Le maire de Goudargues, Fred Mahler, a tenu faire une précision rappelant que les personnes emportées sur sa commune, "ont fait de l'aquaplaning avant, mais elles ne se sont pas engagées sur le pont, ce n'est pas possible. Il y avait déjà 1,30 m d'eau sur le pont quand elles sont arrivées."
"Le drame de l'inconscience"
La question de la culture du risque et de la responsabilité des concitoyens est vite venue dans les échanges, même pour des communes qui connaissent régulièrement ces phénomènes de crues. "On a su que 25 habitants de Dions ont pris le pont entre 22 heures et 23 heures. Plus les voitures sont grosses et hautes et plus on pense que l'on a des chances de passer, a déclaré Gérard Théotime, maire de Dions. J'ai tendance à dire en tant qu'élu que l'on est dans un drame de l'inconscience. Je suis abasourdi par l'inconscience de mes concitoyens."
Face à Christophe Béchu, les maires gardois n'ont pas fait de langue de bois et ont fait part de leur ressenti à l'image de Sylvain André, maire de Cendras et président de l'association des maires ruraux du Gard : "Trop souvent, on a été alerté pour rien et là on a rien reçu." Face à ces différents témoignages, Christophe Béchu a écouté et a joué la carte de la prudence : "On a besoin de tirer au clair ce qu'il s'est passé. Des enquêtes sont en cours. On ne va pas rester juste sur un constat."
Le ministre de la Transition écologique a ensuite insisté sur le fait que ces épisodes cévenols se produisent normalement à l'automne. "Le dérèglement climatique doit venir renforcer notre culture du risque. Ces épisodes se produisent 80, 90 jours par an et nécessitent une vigilance jaune. On ne peut pas à chaque fois fermer totalement la circulation, ce n'est pas réaliste. Il y a un vrai sujet derrière de la prise de conscience", a-t-il réagi en évoquant aussi une réflexion à mener sur les ponts submersibles. Ce dernier a notamment été interpellé par Max Roustan, maire d'Alès, pour travailler ensemble et mener des études communes : "Et surtout des propositions adaptées aux situations, ne généralisons pas." Reste à savoir désormais si ces échanges donneront lieu à des actions.
Retrouvez cette visite en vidéos :
Le général Éric Chuberre et le chef des opérations présentent le dispositif de recherche du dernier porté disparu à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Ce dernier a un message pour les militaires et les secours.
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'exprime à Sainte-Anastasie alors que cinq personnes sont décédées dans le Gard ce week-end après un épisode de fortes pluies. Un enfant de 12 ans est toujours porté disparu.
"Pour gagner un quart d'heure et perdre quatre vies. Vaut mieux rester chez soi et attendre que la pluie passe", Gérard Théotime, maire de Dions, évoque l'absence de la culture du risque de certains automobilistes et administrés.