FAIT DU SOIR Plusieurs associations montent au créneau contre le projet de contournement Ouest de Nîmes
Plusieurs associations ont uni leurs forces, hier soir dans la salle polyvalente de Caveirac, pour contester l'important projet de contournement Ouest de Nîmes. Elles estiment que son impact aura plus d'effets négatifs que positifs.
Ce lundi 6 février marque le début de l'enquête publique concernant le projet de contournement Nîmes Ouest qui devrait durer jusqu'au 9 mars. Pendant cette période, chacun pourra s'informer et exprimer son avis sur ce projet que l'on pourrait presque qualifier d'ancestral. Pour résumer rapidement sa génèse : en 1999, il fut inscrit au DVA (dossier de voirie d'agglomération) où il est considéré à cette époque comme un plan d'aménagement important sur le territoire. Après différentes étapes où ce projet fut renforcé par des documents et études (2006, 2010-2011), son inscription au Contrat de plan État-Région en 2015 le fait passer dans une dimension supérieure, confirmant que l'État et les collectivités s'y impliquent, avant qu'une concertation en 2017 menée par le préfet de l'époque, Didier Lauga, ne vienne confirmer l'opportunité du projet.
Pour rentrer dans les détails, le contournement Nîmes Ouest doit permettre de relier la N106 entre Alès et Nîmes à l'autoroute A9 sans devoir emprunter certains passages - souvent embouteillés - de la ville romaine. Sur une longueur de 12 kilomètres, quatre nouveaux points d'échanges doivent donc être installés pour décharger la circulation parfois emcombrante. Ces projets ne sont pas acceptés de tous, notamment pour ceux dont les habitations ou lieux d'activités se situent à proximité. Vincent Bouget, élu d'opposition à la ville de Nîmes, évoquait les qualités et les craintes du sujet l'année dernière à l'occasion d'un conseil municipal : "Si pour certains, le contournement Ouest est encore une bonne solution pour déporter le trafic de transit qui aujourd’hui traverse la ville, des doutes, des craintes existent quant à son impact sur l’environnement, sur les espaces naturels comme sur le climat."
Ce sont justement ces craintes qui ont été évoquées hier soir à la salle polyvalente de Caveirac, où les chaises furent moins nombreuses que les curieux. Un collectif d'association porté par Caveirac Vaunage a invité le grand public à cette conférence. Le sénateur LR Laurent Burgoa a honoré l'invitation et écouté les revendications. Ces associations ont relevé plusieurs inconvénients à ce projet, étayés par des chiffres.
Les cinq points noirs
Sur le site de l'association Caveirac Vaunage, on se rend compte que cinq conséquences sont définies concernant le projet : écologiques, financières, démocratiques, routières et humaines. "Le massif des Garrigues de Nîmes est un lieu étudié depuis longtemps par les scientifiques possédant un patrimoine exceptionnel. Il offre une palette de paysages diversifiés et permet d'augmenter le bien-être humain", indique l'association A.R.B.R.E.S, précisant que 165 hectares de la Garrigue seront détruits si ce projet sort de terre. "Dans l'état du projet, il n'y a pas grand-chose pour préserver la qualité de ce patrimoine. Ce n'est pas acceptable, on va rentrer dans une enquête publique et on n'a pas tous les éléments en main", continue-t-elle, avant de conclure : "De plus, ce qui attend les riverains, ce sont des travaux pendant des mois, de la poussière et des pollutions".
"Abeille et biodiversité" parle d'une saignée en plein coeur de la Garrigue et une régression de la superficie des espaces de vie pour les espèces végétales et animales. L'association a donné le chiffre suivant : l'artificialisation des sols sur le secteur a augmenté de 40 % en vingt ans, plus que la moyenne française selon les dires de l'association. "Vous allez trouver des éléments trompeurs dans le dossier parce qu'il y a réponse à tout. Le bilan des compensations est négatif dans 80 % des cas", énonce-t-elle. "Abeille et biodiversité" rajoute que déplacer le problème de circulation ne signifie pas que ça le règlerait.
Pour "Pierre Sèche et Garrigue", les capitelles et murs de pierre qui jalonnent la Garrigue ne sont pas que de vulgaires tas de cailloux : "La destruction d'un certain nombre de ces constructions serait très préjudiciable. Il y en a 257 sur notre territoire et c'est un argument touristique non-négligeable". Caveirac est une des villes de France à en posséder le plus. Les mazets, les chemins de randonnée, les épreuves de course à pied, le club de VTT seraient aussi impactés par la construction de la 2x2 voies selon les associations opposées au projet.
Michel Espinadel, de la société de chasse caveiracoise, craint cette disparition de la Garrigue : "Ce projet réduirait considérablement le territoire de chasse, nous ne pourrions plus chasser. La destruction de la Garrigue aurait de gros impacts sur le lieu d'habitation des sangliers. Ces derniers, en manque d'espace et de nourriture, descendront donc vers les maisons et créeront des nuisances de tout ordre". Il estime que ce projet amenera aussi de nombreux gaz toxiques par la circulation de camions et la disparition de certaines espèces protégées. L'association "Nîmes-en-transition" a cité l'autorité environnementale lors de son intervention : "De nombreux éléments manquent pour pouvoir apporter la démonstration de l'utilité publique du projet et la justification des raisons impératives d'intérêt public majeur".
Nathalie, opposée au projet, a dévoilé certains chiffres du dossier de réalisation : "En état actuel sur la D40, il y a 19 000 véhicules par jour avec 2 % de poids lourds. En 2028, date de mise en circulation du Conîmes, il y aura 21 400 véhicules par jour soit une augmentation de 12 %". Ainsi, elle explique que le Conîmes va générer une augmentation de 12 % sur le secteur Est et 25 % sur le secteur Ouest. La période de travaux devrait durer 5 ans et la période d'exploitation a été chiffrée jusqu'en 2070. "Le Conîmes, pour sa construction, va générer 73 000 tonnes de CO² et 23 millions de tonnes pour l'entretien et l'amélioration de toute la durée de vie", explique-t-elle.
Oppositions et solutions
Cette réunion publique était aussi le lieu pour dévoiler des solutions alternatives proposées auparavant, mais qui n'auraient pas été étudiées. "Depuis la concertation en 2017, on a fait un nombre colossal de lettres qui sont montées jusqu'au président de la République. On a été écouté, mais pas entendu", déplore Thierry. "Toutes les alternatives que l'on propose ont le même but que le Conîmes. On souhaiterait l'aménagement de la N106 avec la mise en place de deux carrefours à étage au niveau du CHU et à l'entrée de Nîmes Ouest vers l'autoroute A9. Cette solution permettrait de fluidifier le trafic, pour un coût que nous avons fait chiffrer à environ 160 millions d'euros, contre les 268 millions d'euros du projet actuel, et sans détruire les plus de 185 hectares de garrigue."
Il évoque aussi la solution de création de plusieurs parkings de covoiturage autour de Nîmes, tout comme l'augmentation de la fréquence de circulation des bus et trains pour désenclaver les Cévennes. "La voie verte entre Nîmes et Caveirac devrait être mise en circulation au plus tôt, pas en 2025 comme nous venons de l'apprendre", ajoute Thierry. Le projet de Tram'train a été également mis sur la table par la CGT Cheminot, invitée à prendre la parole au cours de la soirée. D'une idée du maire de Domessargues, Bernard Clément, ce train léger permettrait de supprimer 6 000 véhicules par jour sur la D40 selon eux. "Faible consommation énergétique, faible émission de gaz à effet de serre, pas ou peu de particules fines, bruit et impact limités sur la faune...", de nombreux arguments ont été énoncés par le syndicat pour en vanter les mérites. La construction de murs pour limiter le bruit est également évoquée par les opposants à ce projet.