FRATERNITÉ Peuples Solidaires, ou la fraternité Nord-Sud
Trente ans que l’association Peuples Solidaires de Bagnols agit ici et au Burkina-Faso pour des actions de développement.
Ainsi, l’association, sa quarantaine d’adhérents et ses deux permanents proposent « une aide au long cours », dixit la présidente Ghislaine Pagès.
Des projets à l’initiative de la population
Cette aide se matérialise par des projets réalisés à Boala, une petite commune burkinabée. Des projets qui ne se font qu’avec l’implication des habitants, condition sine qua none pour Ghislaine Pagès : « nous ne démarrons jamais un projet qui ne serait pas d’initiative villageoise. »
Le dernier grand projet en date est la réhabilitation du bouli, la réserve d’eau du village. « Le bouli se remplit à la saison des pluies, de juin à août, et l’eau est utilisée tout au long de l’année. Là on est en avril, et il y a encore de l’eau », se félicite Ghislaine Pagès, qui rappelle qu’auparavant, « les femmes faisaient 7 kilomètres pour aller chercher de l’eau. »
Un projet auquel « les villageois ont mis la main à la pâte et ont donné de leur personne », aidés par les bénévoles de l’association. Un franc succès, tellement que « maintenant les femmes du village se sont organisées pour faire du maraîchage autour du plan d’eau, note Ghislaine Pagès. On va aller faire des formations avec des spécialistes sur place. »
Le prochain projet pour le village sera un petit abri-cuisine à la maternité, « une demande des femmes du village », précise la présidente, qui compte la concrétiser cette année.
Au Burkina-Faso, Peuples Solidaires finance également les études d’une vingtaine d’étudiants, du collège à la fac, et soutient des sessions d’alphabétisation pour les enfants et les adultes.
De la sensibilisation dans les écoles
De l’autre côté de la Méditerranée, l’association ne reste pas les bras croisés. Membre fondateur de la Maison des Alternatives Solidaires de Bagnols, dont elle participe à la gestion, l’association participe notamment à des actions dans les écoles élémentaires bagnolaises.
« Nous avons fait une douzaine d’interventions dans les écoles Jean-Jaurès et Célestin-Freinet où on a abordé les sujets de solidarité internationale, de la manière dont vivent les enfants du Sud, explique Charlotte Roche, permanente de l’association. Les enfants ici sont très réceptifs. On leur montre des photos du Burkina-Faso, et on aborde les questions de discriminations, de racisme. » Une manière d’encourager la fraternité et la solidarité entre les peuples.
Toujours dans les écoles bagnolaises, Peuples Solidaires fait partie du « projet compote », qui consiste à inciter les enfants à recycler leurs gourdes de compote « pour aider leurs camarades du Burkina à aller à l’école, là aussi ils sont très réceptifs », note Charlotte Roche. « Tout ce qu’on fait dans les écoles, c’est important si on veut en finir avec ces problèmes de racisme, de discriminations », appuie la présidente.
« C’est un peu une grande famille »
Et l’association organise également chaque année le festival l’Afrique à Bagnols, un des événements culturels importants de la ville. Un festival à travers duquel l’association « veut montrer que l’Afrique ce n’est pas que la misère, qu’il y a beaucoup de bons côtés, martèle Ghislaine Pagès. Il y a un terroir culturel, festif à mettre aussi en avant. »
Un festival qui fait la part belle à la solidarité et à la fraternité. Sur ce point, la présidente relève un exemple précis : « pendant le festival, nous avons eu des femmes qui ont proposé un stand salon de thé. Nous avons dit d’accord mais nous n’avons bien demandé. A la fin, elles nous ont donné tout l’argent qu’elles avaient récolté. » Un millier d’euros, une somme conséquente pour l’association qui a vu ses subventions fondre de moitié en trois ans.
Une fraternité déconnectée de la condition sociale, ce que les burkinabés « ont parfois du mal à imaginer. Ils ne nous croient pas quand on leur dit qu’ici, il y a des gens qui dorment dehors l’hiver. Quand ils ont appris que des gens défavorisés donnaient pour eux, ils ont été très touchés », affirme Ghislaine Pagès, qui souhaiterait un jour organiser un échange.
De quoi fraterniser un peu plus entre le Gard rhodanien et le Burkina-Faso : « ça fait presque trente ans qu’on se connaît tous. Là bas, c’est un peu une grande famille. »
Thierry ALLARD