GARD Avec Vilavigne, la coopération gagne du terrain
Fondé en 2012 par Christophe Novara et Franck Pernet, le concept a vocation à réunir en un seul lieu les meilleurs vins issus des caves coopératives implantées dans plusieurs régions de France. Dans le département, les boutiques franchisées de Maruéjols-lès-Gardon et de Brouzet-les-Alès cartonnent depuis leur installation !
Heureux de nous accueillir dans leur antre avant l’arrivée de leurs clients, Jordy Carrasco et Patrick Compan ont aussi pris plaisir à nous en présenter les moindres recoins. Le premier, jeune directeur en développement des magasins Vilavigne, possède un contact commercial presque inné. Le second, qui cumule les casquettes de vice-président de la cave de Saint-Maurice-de-Cazevieille et de président de la SAS Piémont des Cévennes, est un « paysan qui prend de plus en plus l’accent commerçant. »
Au cours d’une visite qui a duré une bonne demi-heure, les deux hommes n’ont pas masqué leur fierté d’appartenir à « un concept novateur », créé par Christophe Novara, président du Cellier des Chartreux, en association avec son ami Franck Pernet. Le but ? Unir le savoir-faire des coopérateurs pour proposer aux consommateurs l’ensemble de leurs vins en un seul lieu.
« Ils se disaient qu’il fallait revaloriser l’image des vins issus des coopérations qui étaient jusqu’alors distribués par le négoce ou la grande distribution, alors que les coopératives maîtrisaient très mal leur propre distribution, développe Jordy Carrasco. C’est bien d’être chauvin, mais le but c’est aussi de montrer aux clients les autres terroirs qui existent en France. Aujourd’hui, la première chose que l’on voit quand on rentre dans l’un de nos magasins, c’est que toutes les régions de France sont représentées, de la Champagne en passant par le Bordelais ou la Bourgogne. »
Un cœur de gamme à petits prix
L’architecture d’intérieur, commune à tous les points de vente Vilavigne, est destinée à faciliter l’accès et le choix du consommateur. « En plus c’est beau et chaleureux, on a envie d’y rester. Et quand le client se sent bien, souvent il achète », expose Patrick Compan, qui « est déjà rentré dans des coopératives où il faisait froid et où tu languissais plutôt de partir que d’acheter ou de déguster. »
Le concept Vilavigne veille à rendre accessible le vin à (presque) tout le monde : « Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a beaucoup de personnes qui ont peur de pousser la porte d’un caviste et qui achètent leur vin en grande surface, étaye le directeur en développement. Ils pensent qu’ils vont se faire allumer sur les prix et que s’ils n’ont pas les connaissances nécessaires, alors ils vont passer pour des ignares. Et chez nous on a voulu casser ça. On en a pour toutes les bourses, pour les initiés comme les professionnels. »
En effet, les deux hommes l’assurent, leurs vins sont vendus au même prix que dans les caveaux d’origine. « C’était notre promesse et pour moi c’est hyper important, car au final c’est le juste prix. L’autre chose qui est importante, c’est que notre cœur de gamme, soit environ 80 % de nos vins, se situe entre 5 et 12 euros. Ce sont des vins avec lesquels on peut se faire plaisir sans se ruiner », apprécie le directeur commercial. Pour autant, « on est tout à fait capable de monter en gamme puisqu’on a des bouteilles à plus de 80 euros aussi. »
Pour se diversifier : des spiritueux, de la bière et du champagne
Pour se diversifier, l’enseigne propose un rayon réservé aux spiritueux : rhums et whiskys, tandis que le champagne et la bière trônent non loin de là. « Avec ça, on a réussi à attirer une autre clientèle et à la fidéliser », indique Patrick Compan, étonné de voir à quel point les gens « aiment se faire plaisir avec une bonne bouteille. »
Avant que le coronavirus ne vienne bouleverser notre quotidien, les collaborateurs Vilavigne multipliaient les interactions avec leurs clients, comme l’explique le vice-président de la cave de Saint-Maurice-de-Cazevieille : « On avait enclenché une vraie dynamique avec des rendez-vous chaque vendredi où les vignerons venaient échanger avec les clients. Ça fait partie de la dimension œnotouristique que l’on veut développer. Parce que c’est bien de faire des dégustations mais il faut qu’il y ait un but derrière. On n’est pas un bar. On est fiers d’échanger sur notre métier de passionnés, d’expliquer les saisons et le fait qu’on ne travaille pas uniquement un mois dans l’année au moment des vendanges. »
Fort d’une expérience de plus de quatre décennies dans le domaine viticole, Patrick Compan constate une évolution des modes de consommation du vin, applicable à l’échelle des magasins Vilavigne : « Elle se fait plus hors des repas que pendant les repas, avec les apéros, les afterwork. Même si c’est un peu moins vrai avec le coronavirus. Les goûts ont changé, les gens se tournent plus vers des vins jeunes, de 2 ou 3 ans d’âge. Prenons l’exemple du vin de Bordeaux, aujourd’hui il ne se boit presque plus qu’à Bordeaux et à Paris, chez nous c’est de plus en plus rare. Aussi, il y a une clientèle qui ne vient acheter que du vin bio. Ça fait quelques années qu’on s’aperçoit que ça s’accentue, mais comme dans tous les commerces, mêmes alimentaires. »
Quatre nouveaux magasins d'ici fin décembre
Chez Vilavigne, la perte de la vente en gros avec la fermeture des restaurants semble en partie compensée par une augmentation de la consommation d’alcool explicable pour plusieurs raisons d’après Jordy Carrasco : « Les gens ne peuvent plus aller au restaurant, plus voyager, alors ils se font plaisir autrement. Et puis acheter une bouteille, c’est aussi une façon de voyager, de découvrir d’autres terroirs. »
Par ailleurs, l’enseigne, comme la plupart des commerces du pays, rentre dans une période charnière de l’année avec notamment la préparation des colis de fin d’année à destination des entreprises. Le Black Friday, dont le choix de la date a suscité un imbroglio national, a débuté depuis le 27 novembre chez Vilavigne et se poursuivra jusqu’au dimanche 6 décembre. « On en a eu marre de se faire dicter les règles par les géants de la distribution, donc on a décidé de le faire à notre sauce, en l’échelonnant sur dix jours. Et les promotions ne sont pas appliquées sur des millésimes qu’on n’arrive pas à vendre ! Ce sont des produits qui tournent bien toute l’année. À commencer par l’excellent champagne Bartel, un whisky japonais de la distillerie Nikka, qui est une bombe atomique, très difficile à avoir, et évidemment le Tavel, avec un joli rosé de gastronomie », parachève Jordy Carrasco. Victime de son succès, le concept Vilavigne va s'étoffer avec l'ouverture de quatre magasins d'ici la fin de l'année : deux dans le Beaujolais, un en plein centre de Lyon et un autre en région bordelaise !
Corentin Migoule