Fermés depuis le 14 mars à cause de l'épidémie de coronavirus, les salons de coiffure, comme de nombreux commerces, vont rouvrir à partir du 11 mai. Comment les coiffeurs se préparent-ils à retrouver une clientèle très impatiente de pouvoir à nouveau se faire couper les cheveux tout en respectant les gestes sanitaires ? 

"Même si je ressemble à un cosmonaute, je ne veux pas prendre de risques", compare Marion, coiffeuse à domicile dans le secteur d'Alès, au sujet de tous les accessoires qu'elle va porter pour pouvoir reprendre son activité lundi prochain. Le fameux 11 mai tant attendu par tous. Notamment pour un grand nombre de personnes qui attendent impatiemment, après quasiment deux mois, de pouvoir avoir un rafraîchissement capillaire.

Masque, gants, lunettes... Cette coiffeuse a tout prévu tout comme désinfecter les peignoirs et nettoyer les tondeuses ou encore les ciseaux après chaque utilisation. Une professionnelle qui ne veut rien laisser au hasard, surtout quand une majorité de ses clients est composée de personnes âgées. Une activité où tous les gestes barrière que l'on répète depuis le début ne peuvent pas forcément s'appliquer : "même si j'ai des bras qui sont longs, c'est difficiles d'être à un mètre !", commente David, coiffeur à domicile et salarié du groupe Viadom.

Si certains hommes ont pris la décision de se raser la tête pendant le confinement, ce n'est pas aussi simple pour les dames dont beaucoup risquent de se ruer dans leur salon habituel. "La demande est très forte, tous les rendez-vous prévus ont été reportés. Je ne prends plus de réservations avant le 27 mai", explique Madeleine Jac, gérante de "Mad Coiff'", un salon de coiffure située à Rodilhan. Cette dernière a seulement gardé quelques créneaux pour des coupes homme mais sinon son agenda est déjà plein pour les deux prochaines semaines.

Habituellement ouverte du mardi au samedi, elle a décidé de prendre des rendez-vous le lundi, du moins les premières semaines, pour répondre aux sollicitations. À mois d'une semaine de la reprise, cette coiffeuse est encore dans le flou : "on devrait normalement recevoir jeudi la publication par l'Unec (Union nationale des entreprises de coiffure) d'une fiche métier avec toutes les mesures sanitaires à respecter. C'est une situation stressante car on ne sait pas où on va." 

Une inquiétude qu'elle semble partager avec ses confrères. En attendant la réouverture, cette chef d'entreprise a déjà anticipé et prévu de nouvelles règles pour son établissement. "J'ai demandé aux clientes de venir avec un masque sinon j'en ai commandé. On ne proposera plus de cafés ni de livres et nous utiliserons des peignoirs jetables." Madeleine a également investi près de 900 € pour installer des panneaux de plexiglass à la banque d'accueil, entre les postes et les bac à shampooing.

Sans oublier que du gel hydroalcoolique sera mis à disposition à l'entrée et que personne n'échappera au shampooing avant de passer aux choses sérieuses. Malgré ces dispositions, plusieurs questions restent encore en suspens : "est-ce que les clientes les plus âgées auront le droit de se déplacer et jusqu'à combien de personnes en tout pourront nous être dans le salon ?". Des gestes sanitaires qui bouleversent la manière de travailler. Des coiffeurs qui doivent maintenant prendre en compte pour chaque client un temps supplémentaire pour désinfecter le siège et tout le matériel utilisé. Mais pour qu'elle puisse reprendre son activité, Madeleine veut croire en la discipline de ses clients pour respecter les consignes et prendre leur mal en patience.

Corentin Corger