Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 11.10.2022 - marie-meunier - 3 min  - vu 1178 fois

GARD Difficultés de recrutement : et si les militaires d'hier devenaient les salariés de demain ?

Ce lundi soir, a eu lieu la signature de la convention "Transition professionnelle" dans les locaux de Foure-Lagadec, à L'Ardoise. Les documents ont été paraphés par Philippe Broche et Jean-Pierre de Faria, vice-président et président de Gard entreprises, par le général Éric Ozanne, et par Thierry Vezinet, président de Port l'Ardoise. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Les armées comptent des centaines de métiers et chaque année, ce sont 18 000 militaires qui après leur carrière retournent à la vie civile, dont 80 % dans le secteur privé. "Il y a donc un intérêt à développer des liens avec les entreprises en local", pointe le Général Éric Ozanne, commandant de la 6e Brigade légère blindée de Nîmes. C'est chose faite puisqu'il a signé ce lundi une convention avec les associations Port l'Ardoise et Gard entreprises. 

"Rapprocher le monde de l'entreprise et celui de l'Armée n'était pas gagné, mais nous sommes parvenus à trouver un chemin commun", indique Philippe Broche, vice-président de Gard Entreprises (*). Aujourd'hui, les entreprises sont en tension et se confrontent à de grandes problématiques de recrutement. Ce manque de main d'oeuvre pourrait avoir des répercussions à terme : "Dans cinq ans maximum, on va rencontrer des soucis pour maintenir nos installations industrielles et nucléaires. Notre territoire s'appauvrit de jour en jour avec des jeunes qui partent pour se former et ne reviennent pas. On perd des compétences et on a du mal à remplacer les personnes qui s'en vont", alerte Thierry Vezinet, président de Port l'Ardoise (**).

Il est capital pour les entreprises de trouver des solutions pour maintenir leurs effectifs. Et peut-être que de futurs salariés se trouvent dans les rangs de l'Armée ? "Les militaires de l'Armée de terre sortent avec des qualifications précises et qui peuvent être transposables au monde de l'entreprise, avec des valeurs de travail, de rigueur et de respect de la hiérarchie. C'est une valeur ajoutée énorme et c'est exceptionnel d'avoir un "réservoir" de personnes motivées, compétentes et employables pour nous", explique Jean-Pierre de Faria, président de Gard Entreprises. Et Thierry Vezinet de rebondir : "L'Armée peut être source d'une potentielle sauvegarde et de personnels." Les militaires reconvertis peuvent également développer des métiers nouveaux notamment dans les domaines du numérique ou de la météo.

Le Gard, première garnison de l'Armée de terre

Il faut savoir que le Gard est la première garnison de l'Armée de terre (hors Paris) en France, avec 5 000 hommes répartis principalement autour de Nîmes et Laudun-l'Ardoise. Et prochainement, ce sont 300 militaires du territoire qui vont quitter les rangs de l'Armée et se reconvertir professionnellement. Certains ont déjà commencé le processus de sortie de l'institution, d'autres sont encore en cours de réflexion.

Mais tous pourront d'ores et déjà rencontrer les entreprises le 18 octobre, au forum Emploi de Nîmes. L'ensemble de l'équipe Défense Mobilité Nîmes sera présente, l'association Port l'Ardoise a assuré qu'elle viendrait déjà avec une vingtaine d'offres à pourvoir. Encore faut-il accompagner ces militaires d'hier dans leur nouvelle vie civile. C'est aussi tout l'enjeu de cette convention, car le changement est un moment de fragilité : "Quitter l'Armée peut faire peur. Le fonctionnement de l'entreprise est différent, tout comme les relations à la hiérarchie. Il faut donc créer une osmose, des conditions de réussite à la formation pour ne pas générer de déceptions chez les potentiels employés", soulève Philippe Broche.

Faciliter la reconversion grâce à une phase de transition

Pour cela, la convention "Transition professionnelle" s'appuie sur deux outils, notamment la PAE (Période d'adaptation en entreprise). En cas de poste à pourvoir, elle correspond à une période d'essai "gratuite" pour le recruteur car le militaire continue d'être rémunéré par l'institution. Pendant plusieurs mois, ces derniers vont se familiariser avec l'univers de l'entreprise, ses attentes et aussi se préparer, se former pour être opérationnels. La PAE débouche minimum sur un CDD de 6 mois et au mieux sur un CDI. Cette période de transition laisse aussi le temps aux militaires "de mettre en avant leurs compétences", ce qui n'est pas toujours évident pour eux.

L'autre outil, c'est l'alternance mais il rencontre plus de réticence car "retourner à l'école" peut rebuter à un certain âge. Bien entendu, l'institution militaire et les entreprises font en sorte qu'il n'y ait pas de perte de salaire. La convention englobe également les conjoints de militaires et la facilitation de réinsertion des blessés. Plus largement, le document prévoit d'autres ponts pour rapprocher les deux univers comme l'instauration d'un dialogue direct entre chefs d'entreprise et chefs militaires, l'incitation des entreprises à autoriser leurs collaborateurs à devenir réservistes opérationnels... "C'est vraiment une convention gagnant-gagnant. Des partenariats existent à échelle nationale ou régionale mais à dimension du Gard, c'est une première", insiste Philippe Broche.

Marie Meunier

(*) Gard entreprises est un réseau indépendant de TPE-PME du Gard qui regroupe plus de 1 000 entreprises et organisations. 

(**) L'association Port l'Ardoise existe depuis vingt ans, accompagne environ 65 entreprises du pôle industriel de l'Ardoise faisant travailler 4 500 employés. Elles sont principalement réparties entre industrie, commerce, support aux entreprises et tertiaire.

Marie Meunier

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