La directrice du CIDFF du Gard, Béatrice Bertrand, a été décorée par Elisabeth Moreno. La ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes a souligné "l’humanité" et le "dévouement sans faille" de la Gardoise.

« Béatrice Bertrand a consacré sa vie à accompagner les femmes victimes de violence. Fière de lui avoir remis la Légion d’honneur. » Elisabeth Moreno, ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, twitte ses quelques mots, juste après avoir remis la Légion d’honneur à Béatrice Bertrand. Cette Gardoise d’adoption, native de la région parisienne, a été décorée juste avant les fêtes, le 21 décembre 2021.

Juriste de formation, elle a passé toute sa carrière dans les CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, Ndlr). En 2008, cette mère de deux enfants prend le poste de directrice du CIDFF du Gard. En 2014, elle est faite chevalier de l’ordre national du mérite.

Prévention des féminicides

Souriante, dynamique, elle organise en 2018 un colloque sur la prévention des féminicides. Elle fait venir des experts québécois. L’année suivante, une criminologue québécoise forme les policiers et gendarmes gardois pour qu’ils appliquent un système qui a fait ses preuves au Québec : la grille de prévention du danger. Lorsqu’ils reçoivent des femmes victimes de violence, ils posent 26 questions bien ciblées dans le but de prévenir les féminicides. « Nous sommes les premiers en France à avoir utilisé cette grille », reconnaît Béatrice Bertrand. Fin 2019, elle participe à un groupe de travail au ministère de l’intérieur dans le cadre du Grenelle des violences faites aux femmes. La grille adoptée dans le Gard est généralisée partout en France.

Interventions dès l’âge de six ans

« En France, il y a eu 3 féminicides en deux jours, depuis le début de l’année 2022, » constate Béatrice Bertrand. Elle estime, qu’en plus des lois, la prévention et l’éducation sont indispensables pour lutter contre les violences faites aux femmes. Le CIDFF du Gard intervient dès le primaire pour déconstruire les représentations. Il a aussi des programmes en direction des collégiens, des lycéens et des étudiants. Pour ces derniers, il utilise le « violentomètre ». Cet outil leur permet de voir si leur relation de couple est saine.

Le CIDFF a aussi milité pour mettre en place, en décembre 2021, la mesure d’accompagnement protégé (MAP). Si un père a été condamné pour violence, ce n’est plus à la mère d’emmener l’enfant au papa pour qu’il exerce son droit de visite. C’est un tiers (un éducateur du CODAF à Nîmes) qui s’en charge. « C’est au moment des droits de visite qu’il y a une augmentation des violences et notamment des féminicides », explique Béatrice Bertrand. Le Gard est le quatrième département français à appliquer ce dispositif.

Courant 2022, une autre mesure devrait être mise en place : le protocole féminicide. Des enfants qui ont assisté au meurtre de leur maman seront hospitalisés pendant plusieurs jours pour faire une évaluation et un suivi psychologique. La MAP et le protocole féminicide, qui ont été lancés par le CIDFF, sont portés par l’observatoire gardois des violences faites aux femmes.

Sabrina Ranvier