GARD RHODANIEN La box médicale, nouvel écrin de la téléconsultation ?
Élodie Ducos, pharmacienne lyonnaise, et Christophe Tichadou, expert-comptable bagnolais, veulent apporter une solution parmi d'autres à la désertification médicale. Le duo en est convaincu : la téléconsultation a son rôle à jouer. Ils ont mis au point le concept de la box médicale et le présentent à différentes institutions.
Pour l'instant, ils n'en sont qu'à la phase de prospection, même si tout le processus de production est validé et qu'un prototype sera prêt d'ici septembre. "Un possible partenariat est à l'étude avec l'Agglomération du Gard rhodanien pour une expérimentation en 2023", indique Gérald Missour, vice-président à l'Agglomération délégué au Projet de territoire. Il a fait venir les deux porteurs de projet à Saint-Nazaire mardi pour parler de leur box médicale au sous-préfet Frédéric Loiseau.
Alors en quoi ces box médicales diffèrent-t-elles des actuelles bornes de téléconsultation ? Christophe Tichadou déroule : "Aujourd'hui, il y a un souci logistique. Pour les bornes installées dans les pharmacies, il y a un problème de discrétion, tout le monde entend ce que l'on dit. C'est un espace clos, peu pratique quand on vient avec ses enfants. Pour les bornes installées dans les collectivités, comme les mairies, les plages horaires sont limitées et les personnels sont souvent sollicités alors qu'il n'ont pas forcément envie d'être en contact avec des malades."
La téléconsultation "est un outil super mais qui n'a pas le bon écrin"
En clair, selon lui, la téléconsultation "est un outil super mais qui n'a pas le bon écrin." Avec Céline Ducos, il ont alors imaginé une box médicale intégrée dans un container, qui serait assemblé et aménagé à Bagnols-sur-Cèze. Une fois installée, la box est disponible 7/7 jours et accessible de 8h à 23h dans un premier temps. Les patients devront se munir de leur smartphone (pour flasher le QR code) et de leur carte bancaire. "Tout est désinfecté à chaque entrée et sortie. Il y a également un système de détection de situation de détresse au cas où un patient ferait un malaise par exemple. Si la personne ne répond plus, le 15 est appelé automatiquement", poursuit Christophe Tichadou.
Avec cette innovation, le duo espère contribuer à désengorger les urgences, parfois submergées par la "bobologie". Les box médicales seront équipées de six outils connectés pour faire des diagnostics médicaux de niveau 1. Il y a plusieurs possibilités : une "med mobile" sur camion ambulant pour innerver dans les territoires ruraux, une box hybride avec aide-soignante ou une 100 % autonome. Le premier prix est à 800 € HT, auquel on peut rajouter diverses options.
Une innovation dans la dynamique des jeunes médecins ?
La box peut être installée librement en fonction du PLU (Plan local d'urbanisme) et respecte bien sûr la confidentialité. De l'autre côté de l'écran, les patients devraient trouver des médecins des environs, qui se répartiront les créneaux. "On constate qu'il y a une mutation des pratiques. Les jeunes médecins s'installent ensemble en maison médicale et plus seuls. Les nouveaux professionnels cherchent davantage de souplesse dans leur activité et sont favorables à des créneaux en téléconsultation", affirme Laure Ducos.
Un peu sceptique, le sous-préfet se demande si cette alternative va vraiment contribuer à décharger les urgences et déplore "le délitement de l'humain" qu'induit cette nouvelle technologie. "Les gens ont besoin d'être rassurés. On ne parle pas à un écran comme on parle à quelqu'un en face de nous", ajoute-t-il. Le point de vue de Gérald Missour est différent. Pour lui, ces box ne sont pas la solution mais "une corde rajoutée à l'arc" et peuvent convenir dans certains cas. Seul le temps dira si ces cabines arrivent à séduire et à s'installer progressivement dans le territoire...
Marie Meunier