GARD RHODANIEN Le recrutement au coeur des réflexions des entreprises du nucléaire
Cela dix ans que l'association Cyclium existe dans le Gard rhodanien. Elle regroupe aujourd'hui 50 adhérents, des entreprises travaillant entièrement ou en partie dans le domaine nucléaire. La semaine dernière, les membres se sont rassemblés à l'occasion d'une synergie. L'occasion d'évoquer la santé des entreprises de Cyclium.
La genèse de Cyclium, c'est de se rassembler et de parler d'expériences en commun sur plusieurs sujets : qualité, sécurité, radioprotection... "On partage nos façons de faire. On propose aussi des actions de formations, de l'accompagnement pour les entreprises en passe de certification", explique Didier Giffard, président de Cyclium et directeur de Cimat, une entreprise basée à Laudun-l'Ardoise. Cyclium rassemble principalement des entreprises du Gard rhodanien, mais aussi de Cadarache et des alentours de Pierrelatte.
Il y a un sujet prégnant en ce moment dans le secteur nucléaire, c'est le recrutement. Didier Giffard indique : "Le recrutement, on en parle à chaque réunion. Il y a des tensions. Sur le territoire, Orano Melox recrute beaucoup dans le cadre de son projet de remise à niveau de ses installations, ça crée une tension globalement. Toutes les actions qui peuvent conduire à attirer des gens dans la région sont importantes."
Et cela se ressent dans les données du dernier baromètre des entreprises de Cyclium. Sur le quatrième trimestre 2021, 85% des entreprises sondées cherchaient à recruter. "Mais 76% disent ne pas avoir réussi à recruter le personnel dont elles avaient besoin, nuance Yann Hiltcher, directeur d'Artelia industrie. Il faut vraiment que l'on travaille dans ce sens-là et qu'on réfléchisse sur le long terme."
"Aujourd'hui, on est face à une génération qui doit trouver un sens à son engagement professionnel"
Pourtant les autres voyants du baromètre sont au vert : chiffres d'affaires globalement en augmentation, les portefeuilles d'affaires ont tendance à "bien glisser et la plupart des entreprises ont une bonne visibilité sur les mois à venir"... Certains chefs d'entreprises pointent "le manque d'attractivité et la méconnaissance des métiers du nucléaire" et le "nucléaire bashing des dernières années".
Le député de la 3e circonscription, Anthony Cellier, également présent à la réunion, a souligné un autre facteur : "Aujourd'hui, on est face à une génération qui doit trouver un sens à son engagement professionnel. Il faut faire valoir l'argument de la filière nucléaire sur l'impact carbone pour attirer cette jeune génération." À travers le volet industrie du plan de relance, l'État finance plusieurs projets en faveur de cette jeunesse. Sur le territoire, on peut citer les bourses d'études nucléaires au lycée Einstein à Bagnols ou le campus des métiers du recyclage d'Orano Melox.
Corine Nègre, directrice opérationnelle du Campus des métiers et des qualifications, et Sabrina Toussaint, chargée de développement des territoires à la Direction départementale des entreprises, de l'emploi, du travail et des solidarités du Gard (ex DIRECCTE), ont aussi présenté plusieurs actions menées pour éveiller dès le plus jeune âge les élèves à la filière professionnelle et l'apprentissage "pour coller aux besoins en compétences des entreprises." Informations métiers, visite des plateaux techniques des établissements scolaires professionnels, visites d'entreprises pour les enseignants, exposition "maître d'apprentissage-apprentis"... Pas plus tard que ce week-end, la salle multiculturelle de Bagnols a accueilli la 4e édition des Rencontres jeunes entreprises à laquelle plusieurs représentants de la filière nucléaire étaient présents.
Marie Meunier