À partir du 29 août, la ligne de train rive droite du Rhône va rouvrir aux voyageurs. Dans un premier temps, cinq allers-retours quotidiens sont programmés, soit dix passages de trains par jour. SNCF Voyageurs et la Région Occitanie ont installé un stand sur le marché de Bagnols-sur-Cèze ce mercredi matin pour informer les habitants de cette petite révolution, 50 ans après la fermeture de la ligne. 

Au-delà des horaires, tarifs, correspondances en bus et autres informations, une attention toute particulière est portée sur les passages à niveau. "Rien qu'à Pont-Saint-Esprit, on compte trois passages à niveau. Il faut faire preuve d'une vigilance toute particulière. Avec dix trains par jour, on n'aura plus le même trafic qu'avec seulement le fret. Et ce sont des trains plus silencieux qu'on entend de moins loin", rapporte un représentant de SNCF Réseaux. D'autant que des accidents se sont déjà produits, notamment sur le franchissement à la gare spiripontaine en 2012 qui avait coûté la vie à un petit garçon danois de 11 ans et à son grand-père.

30% des accidents ferroviaires se déroulent à des passages à niveau. "Cela reste un très mauvais souvenir et on ne veut pas le voir se renouveler, d'où cette prévention sur le stand aujourd'hui", rapporte Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit. Les équipes de SNCF Réseaux ont donc rappelé les bons comportements à adopter à l'approche des passages à niveau : à pied ou au volant, quand les feux rouges clignotent, il ne faut pas traverser car le train peut arriver seulement quelques secondes après l'abaissement des barrières.

Améliorer la visibilité et la sécurité à hauteur des passages à niveau

Des travaux ont également été menés aux passages n° 20 et 21 de Pont-Saint-Esprit et au n° 29 au sud de la gare de Bagnols-sur-Cèze. Objectifs : améliorer la visibilité et la sécurité de tous les usagers et également répondre aux exigences européennes notamment en matière d'accessibilité PMR (personnes à mobilité réduite). Des aménagements de cheminement piétons et des marquages au sol ont été matérialisés, des filets ont été attachés sous les barrières, des dalles anti-intrusion et de la vidéo-protection ont été mises en place.

"On a également retiré certains panneaux publicitaires qui pouvaient obstruer la visibilité sur les trains en approche et on a augmenté le temps où les barrières restent fermées au passage à niveau de la gare de Pont-Saint-Esprit pour limiter les risques", poursuit le représentant SNCF Réseaux. Ce travail de sensibilisation est important car "les accidents arrivent souvent à cause d'habitudes", insiste ce dernier. Il va falloir que les usagers s'adaptent à ce nouveau trafic et redoublent de prudence.

Désengorger le trafic routier très dense entre Pont-Saint-Esprit

Côté pratique, cinq allers-retours seront programmés chaque jour sur la ligne reliant Pont-Saint-Esprit à Avignon-centre. Un train parmi les cinq ira même jusqu'à la gare de Nîmes-centre. "Mais l'objectif est d'abord de répondre à un besoin entre Pont-Saint-Esprit et Avignon. C'est là que les demandes sont les plus fortes. On le voit au niveau des bus, ce sont les lignes les plus fréquentées", indique Jean-Luc Gibelin, vice-président à la Région Occitanie, délégué aux Mobilités et aux Transports. Le trafic routier est également très dense entre la cité spiripontaine et Avignon : ce serait 45 000 voitures qui franchissent le pont sur le Rhône entre Villeneuve et la cité des papes chaque jour, engendrant de nombreux ralentissements et embouteillages.

La réouverture de cette ligne de TER rive droite du Rhône pourrait bien décharger cet axe routier extrêmement fréquenté et permettrait à des travailleurs de se rendre au travail sans prendre la voiture. Et même à des étudiants d'aller aux facultés d'Avignon et de Nîmes quotidiennement, sans avoir à louer de logement sur place. La Région projette à fin 2025 une mise en service des gares d'autres villes intermédiaires sur la ligne : Laudun-l'Ardoise, Roquemaure, Villeneuve-lez-Avignon, Aramon, Remoulins et Marguerittes, pour une réouverture aux voyageurs en 2026.

À hauteur du stand, se trouvaient également quelques militants de l'Association des usagers du TER SNCF rive droite du Rhône qui bataillent depuis des années pour cette réouverture de la ligne de train aux voyageurs. Aujourd'hui, leur combat se concrétise : "On ressent de la satisfaction, du bonheur... Il y avait un vrai besoin et on est contents de s'être montrés tenaces et d'avoir tenu tête pour obtenir ce résultat", témoigne un des membres, Pascal Lenglet. Mais le travail de l'association n'est pas terminé. L'objectif est maintenant de veiller à ce que les horaires soient en adéquation avec les attentes et les besoins des usagers et à accélérer la réouverture des autres gares : "Si l'offre est tout de suite de qualité, la fréquentation sera là", conclut le militant. D'ailleurs, l'Agglomération du Gard rhodanien va adapter les horaires et les itinéraires des navettes urbaines pour coller avec les arrêts du train.

Marie Meunier

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