GARD Salaires, retraite : les mobilisations continuent et Philippe Martinez s'invite dans le cortège à Nîmes
Cette journée du jeudi 10 novembre est marquée par un nouvel appel à la mobilisation. Le syndicat veut une augmentation des salaires dans un contexte où tous les prix grimpent, et revendique la retraite à 60 ans. Deux rassemblements se sont tenus à Bagnols-sur-Cèze et à Alès ce matin. S'en est suivie une manifestation à Nîmes, où a pris part pour la première fois Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
À Bagnols-sur-Cèze
Ce jeudi matin, environ une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant le monument aux morts. Au micro, Patrick Lescure, président de l'union locale CGT Gard rhodanien, a rappelé les revendications. Il expose : "Aujourd'hui, on a entre 15 et 20 % d'augmentation du caddie moyen. L'électricité a pris 8 % et devrait prendre 15 % l'année prochaine. Ce sont des produits essentiels que l'on consomme tous les jours qui sont en hausse. Cette augmentation du SMIC n'est pas suffisante." Patrick Lescure reprend aussi le cas Total : "Ce sont 6,5 milliards de bénéfices qui sont annoncés pour le troisième trimestre. La hausse de salaires que réclament les salariés représente 0,8 % du chiffre d'affaires. C'est rien." La CGT veut une hausse des salaires et un SMIC à 2 000 €. Il insiste : "On ne peut pas avoir d'un côté des riches et de l'autre des gens qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie et qui crèvent la faim."
L'autre désaccord porte sur les retraites. "Quel est le projet réel à part l'allongement de la durée de travail à 65 ans ?" interroge Patrick Lescure. Cela lui paraît aberrant alors que d'après lui, "un salarié sur deux en approche de la retraite n'est déjà plus en entreprise (invalidité, chômage ou départ anticipé, NDLR)." À ses yeux, la retraite à 65 ans va créer des "retraités pauvres" et apparaît comme une mesure "insultante" pour certaines professions pénibles comme les aides-soignants, les maçons... "On a réfléchi, on est capable de financer une retraite à 60 ans notamment en appliquant l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes."
À Alès
Stationnés devant la sous-préfecture, les 400 militants CGT, France Insoumise, Parti communiste et Lutte ouvrière attendaient, avant de lancer les discours, de voir sortir la délégation CGT/CFTC/CGC d'ATS-Marle reçue par le sous-préfet, Jean Rampon. Les salariés de l'entreprise installée sur la rocade sont en grève depuis le 12 octobre pour réclamer des augmentations de salaire, un thème en lien direct avec la mobilisation du jour. "Le sous-préfet va convoquer notre directeur général pour une table-ronde, confirme Jérôme Hauteville, délégué CGT. Elle devrait avoir lieu lundi prochain." Les syndicats ne veulent, de toute façon, plus s'entretenir avec la direction de leur site, avec laquelle aucune avancée n'a été possible en presque un mois. Sur les 117 salariés, une dizaine travaille et une vingtaine est en arrêt maladie. Les autres sont en grève, tandis qu'une vingtaine d'intérimaires sont à l'arrêt ou ont pu trouver du travail ailleurs.
"De 200 € d'augmentation, on avait proposé de descendre à 150, ou à 80 en octobre 2022 et 80 en octobre 2023. Notre direction nous a juste proposé de signer un PV de désaccord. On revient donc à notre revendication initiale des 200 €", précise Jérôme Hauteville. Dans une antenne alésienne qui, selon les syndicats, a réalisé 7 millions de bénéfices sur 23 millions de chiffre d'affaires. Avant le sous-préfet, c'est le président d'Alès Agglo qui a reçu les salariés il y a quelques jours. Ce jeudi, c'est avec le député Nupes de la 5e circonscription, Michel Sala, qu'ils ont pu discuter de leur situation.
S'ils ne sont pas entrés dans le cortège alésien, les grévistes d'ATS-Marle étaient attendus à Nîmes l'après-midi pour manifester et rencontrer Philippe Martinez de la CGT. En attendant, ils tiennent grâce aux dons : l'union locale CGT leur a versé 550 €, des syndicats d'Axens ont aussi fait marcher la générosité, tout comme certains commerces et particuliers qui s'arrêtent devant le piquet de grève.
Après les discours, la manifestation s'est tenue dans la ville pour s'arrêter à la bourse du travail, aux cris, notamment, de "Licencions les actionnaires, ils ne font rien et coûtent trop cher".
À Nîmes
Ce sont plus de 400 personnes qui sont venues battre le pavé nîmois en ce jeudi après-midi. Des salariés, des retraités, quelques jeunes et un point commun, la colère qui monte. Ce qui pose problèmes aux Nîmois ? Les mêmes choses que les Français. Salaires trop bas, prix de l'essence trop élevé, inflation galopante, accès aux soins de plus en plus compliqué...
Pour Jérôme Hauteville que l'on retrouve à Nîmes : "La chaîne de production est coupée, il y a des clients qui vont mettre la pression, car il y a des retards de commande puisqu’il n’y a pas de stock, donc tout est décalé et les rentrées d’argents vont être compliquées pour l’entreprise. Nous l’avons déjà dit ce matin et nous le redirons lors de la réunion de lundi avec la direction générale de l’entreprise et le sous-préfet à Alès." Pour certains de l'entreprise, "c’est la première fois qu’ils sortent en 34 ans d’ancienneté, ils n’avaient jamais fait grève !"
En fin de cortège, André, un Nîmois, pousse sa bicyclette. "L'accès aux soins est important, comme le service public. Les médecins ne sont plus accessibles et on a quatre mois d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologue. Le secteur privé s'est trop développé face au public. Je viens de me faire opérer de l'épaule et j'ai dû aller en clinique mais j'ai aussi payé 900 € car l'opération ne pouvait pas attendre. Mon pouvoir d’achat reste limité, il régresse à cause d'une inflation trop présente, où certains produits ont été augmentés de 12 % ! Je ne veux pas jouer les anciens combattants mais en mai 68, tous ces petits mouvements ont convergé vers une grève plus importante... On y croit !"