GARD Sauvez des vies, débroussaillez !
Moins d’un Gardois sur trois applique les Obligations légales de débroussaillement (OLD). Ainsi le préfet du Gard, Jérôme Bonet, accompagné par le SDIS30, initie une grande campagne de prévention des incendies par le débroussaillage, accompagnée de sanctions.
Alors qu’un sur deux est concerné, moins d’un gardois sur trois applique les Obligations légales de débroussaillement (OLD) aujourd’hui. Pourtant les enjeux sont considérables comme préserver la vie des pompiers, sauver sa maison et ses proches, ou conserver les espaces forestiers. Ainsi le préfet du Gard, Jérôme Bonet, accompagné par le SDIS30, initie une grande campagne de sensibilisation et d'information axée sur la politique de prévention des incendies par le débroussaillage. Une obligation légale même si le terrain ne vous appartient pas !
Une maison sur deux détruite par le feu est mal débroussaillée
Mais ce n’est pas si simple, l’opération peut être très coûteuse et compliquée notamment dans des zones escarpées. Un retraité aux revenus modestes et qui n’est pas en mesure d’accomplir une tâche pénible ne peut se permettre un tel extra. Alors comment anticiper les incendies de l’été prochain ? L’année 2022 a été marquée par des feux importants notamment dans les Cévennes avec 520 hectares ravagés à Bordezac, mais aussi des habitations détruites à Aubais. La surface du département du Gard est composée à 50 % de forêts alors qu’elle ne représentait que 25 % il y a 70 ans. Ainsi, avec la période actuelle de réchauffement de la planète, notre département devient de plus en plus la proie des flammes.
Propagation en question
Le SDIS 30 est bien conscient des enjeux et reste sur le pont. L’organisme vise à éviter l'éclosion, puis la propagation. L'attaque rapide des feux naissants constitue un pilier de sa stratégie. Depuis le 30 juin les pompiers du Gard louent deux hélicoptères bombardiers d’eau. Mais les soldats du feu en appellent également à la fibre de chaque citoyen. Parce que plus de 90 % des feux sont engendrés par l’Homme, plusieurs gestes sont à éviter, notamment le jet de mégot désormais condamnable. En collaboration avec la préfecture, les pompiers du Gard lancent une vaste campagne de sensibilisation à l’endroit des administrés pour le débroussaillement.
Le débroussaillement
En France, le débroussaillement est une obligation légale visant à réduire les risques d'incendie de forêt. Il consiste à éliminer les végétaux susceptibles de propager le feu autour des habitations situées à proximité de zones boisées.
Les institutions en tête de proue
Alors que le conseil départemental agit sur les parcelles lui appartenant et les 400 kilomètres de bords de routes départementales, les élus sont concernés en tant que propriétaires de forêt, aménageurs du territoire et médiateurs locaux notamment pour ce qui concerne la sécurité du risque incendie. (675 000 euros en 2023). « La meilleure protection pour faire face au feu, protéger sa famille, sa maison et les hommes qui combattent le feu, c’est le débroussaillement », explique Jérôme Bonet, préfet du Gard. Ainsi, la préfecture du Gard lance ce mois d’automne une vaste campagne de sensibilisation et d’information sur une politique de prévention en amont des feux.
Massive attaque
Pour les pompiers, la démarche est indispensable. Leur leitmotiv ? L'attaque massive rapide des feux naissants pour éviter la propagation. 1 250 feux dans le Gard cette année. Les pompiers présentent cette image vue du ciel à Cerbère où le feu a contourné les maisons débroussaillées. Un feu qui reste près du sol ne se propagera pas sur une maison. Une haie de cyprès à proximité ou des branches d’arbres près des toits sont à bannir. « Débroussailler c’est se protéger soi-même et sa maison. Plus la végétation reste près du sol, moins la propagation du feu est rapide. Le débroussaillement nous permet d’accéder aux maisons plus facilement. Et, en forêt, d’attaquer le foyer directement au lieu de passer notre temps à défendre », indique le lieutenant-colonel Éric Guiboud-Ribaud, chef de groupement Prévision chez les sapeurs-pompiers du Gard.
Même si le terrain ne vous appartient pas
La Direction départementale des territoires et de la mer du Gard (DDTM) pilote la mise en œuvre de la stratégie définie par le préfet afin de faire respecter les OLD. Si les agents de l’office national des forêts (ONF) sont concernés, ce sont les maires qui sont appelés sur le pont. Débroussailler les parcelles communales, sensibiliser mais aussi sanctionner, c’est ce que leur demande le préfet. Les propriétaires ou ayant-droit d’un terrain bâti ou classé constructible situé à l’intérieur ou à moins de 200 mètres d’un espace forestier (bois, lande, garrigue…), sont dans l’obligation de débroussailler dans un rayon jusqu’à 50 mètres autour de sa propriété, et sur 10 mètres autour des voies d’accès, même si l’espace ne lui appartient pas. Dans le Gard, près d’un habitant sur deux est concerné !
Les 9 mois de travail du propriétaire gardois
Couper les arbres, arbustes et branches d’octobre à février. Évacuer les coupes en déchetterie ou les broyer de mars à avril. Entretenir la pelouse et les espaces embroussaillés de mai à juin. Les locataires ne sont pas concernés mais pourraient, pourquoi pas, effectuer cette tâche moyennant une réduction de loyer ? Dans la même veine, impliquer notaires au moment de l’achat des parcelles. Un diagnostic visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie, comme pour l’amiante : la loi est passée au mois de juillet, 2023, les décrets sont en attente. « Si nous ne le faisons pas, ce sont les assurances qui régleront le problème », annonce Alexandre Pissas, président du SDIS.
Ce que dit la règlementation
Le débroussaillement inclut : • La taille, voire le cas échéant, la coupe d'arbres et d'arbustes, afin que les houppiers des sujets conservés soient espacés de 3 mètres les uns des autres et des constructions. • La possibilité de conserver des bouquets d'arbres (surface maximale de 80 m) à condition qu'ils soient distants de 3 mètres de tout autre arbre, arbuste, bosquet ou construction et que tous les arbustes situés en dessous aient été éliminés. • la suppression des arbres et arbustes morts ou dépérissant. • L'élagage sur une hauteur de 2 mètres des sujets maintenus. • La destruction ou l'élimination de tous les déchets de coupe. La tonte de la strate d'herbes.
Sanctions encourues
En attendant que les assureurs s’en mêlent, les OLD sont encore très peu contrôlées. Chaque année dans le Gard, 1 200 contrôles sont réalisés, et seulement 10 % débouchent sur une verbalisation. Un propriétaire qui n’a pas réalisé ses obligations peut se voir mis en demeure par le maire de sa commune de les réaliser. Si la mise en demeure n’est pas respectée, la commune pourra pourvoir d’office aux travaux aux frais du propriétaire. Une amende d’un montant maximal de 30 euros par mètre carré non débroussaillé peut alors être prononcée. Les agents de l’ONF et la police municipale sont assermentés pour sanctionner (toutes les informations concernant le Gard sont ici).
Pour les mairies c’est un casse-tête, puisque le coût d’éclaircissement avec coupe d’arbres peut aller jusqu’à 10 000 euros par hectare dans les endroits escarpés. Impossible aujourd’hui pour le maire de Pompignan qui déplore que les sangliers aient remplacé les vignes et son cortège de débroussaillage, dans son territoire. Même inquiétude pour les petites communes cévenoles plantées dans les vallons qui bénéficient d'un budget limité. Avec l'accélération du réchauffement climatique, une catastrophe du feu pourrait toucher les Cévennes dans les années à venir si rien n’est fait.
Carole Troy, cheffe de l'unité forêt DFCI de la DDTM du Gard, tempère en expliquant qu’un simple nettoyage des premières couches de végétation peut coûter moins cher. Un demi-niveau intermédiaire et suffisant, pour le moment. La tâche est ingrate et injuste pour le département du Gard composé à 50 % par des espaces forestiers qui bénéficient finalement aux grandes métropoles. « Pourquoi devrions-nous être les seuls à payer pour quelque chose qui profite à tout le monde ? », conclut Cédric Clémente, président de l’Association des communes et collectivités forestières du Gard. Le débat est ouvert.