GRAND AVIGNON Le service de l'eau change de prestataire au 1er janvier, la collectivité rassure
Au 1er janvier 2021, la gestion de l'eau change de mains dans plusieurs communes gardoises du Grand Avignon. En effet, à Villeneuve-lez-Avignon, Les Angles, Pujaut, Sauveterre et Roquemaure, exit la SAUR et bonjour les nouveaux contrats de délégation de service public (DSP) Eau du Grand Avignon (filiale de Suez). Un passage de relais pour 10 ans garantissant "la qualité du service et un meilleur prix pour les usagers".
Que les habitants se rassurent, ils auront toujours de l'eau dans leurs robinets pour le nouvel an. Cette DSP est déjà en place à Avignon depuis le 1er janvier 2019. Depuis deux ans, "l'Agglomération du Grand Avignon a pris la décision d'harmoniser la gestion de l'eau et l'assainissement dans les communes. Chaque commune ou groupement de communes avaient ses systèmes d'approvisionnement avec des opérateurs, des contrats et des dates de fin de contrats différents", introduit Patrick Sandevoir, vice-président au Grand Avignon délégué à l'eau potable et à l'assainissement collectif.
Au total, ce seront 7 nouvelles communes vauclusiennes et gardoises dont la gestion sera assurée par la société Eau du Grand Avignon. Soit 23 000 compteurs. Quant à l'exploitation du service assainissement, elle sera opérée également par une DSP : Grand Avignon assainissement (portée par Veolia). Les nouveaux contrats entrent en vigueur au 1er janvier 2021 aussi dans plusieurs communes gardoises : Les Angles, Villeneuve-lez-Avignon, Pujaut, Roquemaure, Rochefort-du-Gard et Saze. Il faudra attendre le 1er octobre 2022 à Sauveterre.
Une baisse globale de 5% sur le prix de l'eau
Mais revenons à la nouvelle DSP pour l'eau. Qu'est-ce que cela va changer pour les usagers concrètement ? Dans certaines communes, le prix de l'eau va augmenter, dans d'autres, il va baisser. Mais au global, "il y a aura une baisse de 5% du prix de l'eau", affirme Patrick Sandevoir. Les faibles consommateurs bénéficieront aussi d'une facture moins élevée grâce à la baisse de la part fixe de l'abonnement.
Le nouveau contrat prévoit deux factures annuelles. De mi-janvier à mi-février, les foyers "recevront la facture de l'ancien délégataire, la SAUR. Dès le mois de mars, le Grand Avignon enverra à ces usagers une facture de début de contrat qui leur sera adressée avec la première partie de l'abonnement semestriel et les volumes estimés de janvier-février", détaille Julien Nialon, directeur général de la société Eau du Grand Avignon. Dès réception de cette facture, les personnes qui le souhaitent pourront de nouveau souscrire à un prélèvement automatique ou à la mensualisation (un usager sur deux actuellement sur ce périmètre).
La facture du second semestre arrivera entre septembre et novembre 2021 dans les boîtes aux lettres des usagers. Elle "portera le second abonnement semestriel et les consommations identifiées au cours de cette relève entre le 1er mars et la date de relevé réel", précise Julien Nialon. Un rythme de facturation dans la continuité de celui qui était en place précédemment avec la SAUR "pour que les usagers ne soient pas perturbés".
Un relevé réel des compteurs avant le 31 décembre ? Mission impossible
Ces fameuses facturations de la nouvelle DSP, le collectif de l'eau du Grand Avignon en avait fait son cheval de bataille lors de la transition début 2019 à Avignon. Depuis quelques semaines, ce collectif exige qu'un relevé réel des compteurs soit effectué avant changement dans les 7 nouvelles communes concernées pour éviter des estimations donnant lieu parfois à des factures "trop élevées".
Ce à quoi Julien Nialon répond : "Relever les compteurs de ce périmètre, c'est trois mois de travail. [...] Ce n'est pas réaliste. Ce qui a été prévu, c'est que le délégataire actuel a décalé sa relève à la fin de l'année entre mi-novembre et fin-décembre, de manière à pouvoir avoir un relevé au plus proche du 31 décembre. Avec une estimation entre les deux qui soit la plus fiable possible." Argument complété par Sébastien Feutry, directeur adjoint des services techniques du Grand Avignon : "Le collectif est dans son rôle à nous le dire qu'il faut relever au 31 décembre, c'est la logique. Mais personne ne le fait, quel que soit le mode de gestion. Là, on est en DSP mais en régie, le problème est le même."
En effet, les compteurs des 7 communes ne bénéficient pas d'un système de télérelève avec compteurs intelligents comme cela est le cas à Velleron et à Caumont-sur-Durance, dans le Vaucluse, par exemple. Le collectif incite donc les usagers à relever eux-mêmes leur compteur en prenant une photo le 31 décembre pour pouvoir contester éventuellement les estimations qui leur sembleraient fausses. Démarche qu'approuve Julien Nialon, qui avance : "Les usagers ont toujours la possibilité de communiquer à n'importe quel moment le relevé de leur compteur. C'est vrai tout au long de la vie du service d'eau potable, il est possible de nous communiquer par relevé d'index ou photo de compteur."
Or, Julien Nialon tient à rassurer sur les quelques ratés qu'avaient connus les Avignonnais lors de la transition : "Sur 50 000 usagers, l'erreur est toujours possible. Mais le taux de réclamation est très faible sur Avignon, on est à 1%. Il faut que les usagers s'adressent à nous, on traite leur demande. Si des corrections sont à apporter, on le fera. C'est aussi là qu'on note des surconsommations, des fuites après compteur et donc le seul moyen de trouver réponse, c'est de nous contacter."
Des tutos pour comprendre sa facture d'eau
Certes, mais une facture d'eau, bourrée de composantes, n'est pas ce qu'il y a de plus facile à analyser. Alors identifier de possibles incohérences relève du défi pour certains. Le service Eau du Grand Avignon joue la carte de la transparence et de l'écoute. Un courrier explicatif sera envoyé aux usagers des 7 nouvelles communes, avec les nouveaux numéros à contacter en cas d'interrogation. Julien Nialon rappelle que deux accueils physiques seront ouverts à Montfavet et dès le 1er janvier à Villeneuve-lez-Avignon, à la place de l'ancien. "On a aussi travaillé à l'élaboration de tutoriels pour accompagner les usagers dans la compréhension de cette facture, qui seront disponibles sur le site Internet du Grand Avignon", ajoute Julien Nialon.
Ce dernier a aussi profité de ce point presse pour dresser un bilan de Eau du Grand Avignon, après deux ans de fonctionnement : "Nous assurons aujourd'hui le service avec une qualité d'eau 100% conforme que ce soit en bactériologie ou en physicochimie." Un effort est fait pour mieux connaître la base patrimoniale des installations pour enrichir des bases de données prenant l'aspect d'un outil de cartographie. L'ancienneté du réseau étant un facteur déterminant dans son rendement.
"90% des fuites aujourd'hui sont invisibles"
Et Julien Nialon de préciser : "Ce n'est pas depuis le passage avec Suez que les rendements nous intéressent. C'était le cas avant. Par rapport aux obligations réglementaires, nous étions bons partout. On est presque bons à Villeneuve, Les Angles et Roquemaure où dans le rapport d'activité 2019, on n'était pas encore au niveau mais je pense qu'on sera conforme au Grenelle de l'environnement en 2020." À titre d'exemple, à Roquemaure, l'objectif du Grenelle est de 68,74% de rendement alors que le chiffre réel était de 67,78% en 2019.
Eau du Grand Avignon instaure aussi des plans prévisionnels de renouvellement qui permettent de prioriser les opérations de renouvellement "pour dépenser l'argent au mieux et investir où il y a le plus bien". Julien Nialon liste aussi une "surveillance renforcée du réseau d'eau potable" en allant "rendre plus intelligent le réseau avec la mise en place de pré-localisateurs acoustiques, qui envoient des informations sur d'éventuelles fuites. 90% des fuites aujourd'hui sont invisibles." Ce pro-logiciel sera déployé sur les sept nouvelles communes.
Marie Meunier
Et aussi... Le Grand Avignon veut aussi s'engager dans un renouvellement de ses installations (branchements, patrimoine électromécanique...). Une partie sera supportée par le délégataire. Une autre part, pour les canalisations par exemple, sera prise en charge par la collectivité. Des dépenses inscrites dans les budgets qui n'impacteront pas le prix de l'eau bien évidemment. Avec l'apport communautaire, 7,5 millions d'euros de travaux peuvent être financés sur l'assainissement et 5 millions sur l'eau potable.
Au total, la DSP Eau du Grand Avignon emploie 30 collaborateurs, s'étend sur 8 communes ce qui représente 71 200 usagers, 780 km de réseau et une production annuelle de 14 millions de mètres cubes d'eau potable.
Pour l'eau, Saze et Rochefort ne font pas partie des 7 communes passant sous la DSP. Elles dépendent d'un syndicat assez important : celui des eaux du plateau de Signargues et "pour des raisons d'alimentation en eau, on n'a pas pu les raccorder", explique Patrick Sandevoir, par ailleurs élu rochefortais.
Une enveloppe de 150 000 € est aussi mise à disposition par le Grand Avignon aux CCAS pour "aider les consommateurs en difficulté via les chèques eau". Une somme multipliée par dix cette année.