Quinze. Elles sont quinze à avoir croisé l'objectif de Sylvie Goussopoulos, une photographe de Montpellier.

Elles représentent chacune une part de l'histoire et de la variété de la pêche au Grau-du-Roi. Une discipline avant tout masculine, rude, qui nécessite une condition physique à toute épreuve. Il faut savoir résister aux grains, à l'absence, au sel, au soleil, au grand large et aux caprices de la mer. Un roman, une histoire, un courage hors du commun pour marquer sa présence et faire ces métiers-là. Au fil des rencontres autour du port de pêche, Sylvie Goussopoulos a su capter le quotidien et l'âme de ces femmes qui vivent pour et par l'économie maritime. Et leurs regards.

Denise Gandolphe, gardienne de phare, ou Marie-Line Spano, du chantier naval du même nom par exemple. Ces deux femmes décochent des sourires fiers. Elles savent ce qu'elles ont accompli pour que "ça tourne." De la restauratrice à l'employée d'Enjolras frères, il était temps que ces dames se montrent un peu. Trop souvent cachées, préférant être efficaces dans la discrétion pour certaines. Dénichée devant un mur de papiers impressionnant comme Françoise Chaix, ou les pieds dans l'eau comme Rose Bonafous, pêcheuse de tellines. "Les femmes portent la moitié du ciel", au Grau-du-roi comme ailleurs. Il suffit de se trouver face à Maryse Gros, nonagénaire apprêtée dans son uniforme, une des rares femmes patron pêcheur, pour mesurer les progrès accomplis.

Sylvie Goussopoulos avait déjà travaillé avec un sociologue pour découvrir les femmes des mas conchylicoles du Bassin de Thau. Ancienne scripte dans le milieu du cinéma, elle s'est mise sur le tard à la photo mais n'a pas pu rester trop longtemps loin de l'Occitanie. Sollicitée et encadrée par Zoé Valat, du conseil départemental et par la chargée de mission du PETR Vidourle Camargue, elle a pu rencontrer longuement chaque personne mise en valeur par ses jolis portraits. "Ce qui est formidable, c'est de se dire qu'au fil du travail on rencontre encore et encore de chouettes personnages", commente la photographe. En mai, elle publiera aux éditions Photosensibles un recueil de ses dernières expos, dont les portraits graulens.

À découvrir également, des sculptures et des tableaux regroupés au sein de "Vous les femmes". Tous les styles sont représentés, vous y trouverez forcément votre bonheur.

F. G.

Jusqu'au 24 mars, à la Villa Parry, aux heures d'ouverture de l'Office de Tourisme. Le site de la photographe.  Nouvelle expo, pour ceux qui passent à Montpellier, "Mots d'elles" à partir du 6 mars, au Campus Triolet, bâtiment 7. En mai, un livre paraîtra aux éditions Photosensible regroupant plusieurs clichés et textes issus de ses travaux.