IL Y A 4 ANS... Du rififi aux Salins du Midi et la France perdait son triple A
Nouvelle rubrique sur Objectif Gard : désormais, chaque jour à 14 heures, notre rédaction vous propose de vous replonger dans un fait d’actualité d’il y a quatre ans jour pour jour. Aujourd’hui : le plan social des Salins du Midi et la France qui perdait son AAA.
Conflit de longue date et de longue haleine mené à bras le corps par les syndicalistes et suivi par les salariés, ce rendez-vous social demeure l'un des plus importants de la décennie en cours dans le département. En effet, un plan social national prévoyait 144 licenciements dont 59 sur le site des Salins du Midi d'Aigues-Mortes. En 2010, "après huit mois de bataille", le Tribunal de grande instance de Nîmes annulait ce plan social. La direction générale des Salins du Midi avait alors décidé de faire appel avant de se rétracter le 25 octobre 2011.
94 dossiers allaient être présentés au Conseil de prud'hommes de Nîmes le 14 février 2012. "Nous avons tenté de négocier, de trouver un consensus avec la direction au mois de juin 2012, mais toutes les portes nous ont été fermées" lançait André Mézy, délégué CGT du personnel aux Salins du Midi. La revendication principale : une rupture d'égalité entre "les salariés, divisés en deux parties, les cadres et les non cadres. Congés d'ancienneté, primes, certains ont des avantages sans raison apparentes.
Par voix de leur avocat, les salariés des Salins du Midi, demandaient alors près d'un million d'euros de dommages et intérêts. Et pas question de les attaquer sur leur volonté de grappiller quelques milliers d'euros chacun à leur direction, "cette entreprise, c'est notre cœur. C'est pour cela que nous soutenons le projet de la direction concernant le Muséum des Salins du Midi (présenté le 6 janvier 2012 par Pierre Lévi, président du Groupe des Salins, Ndlr). Mais nous ne voulons pas que l'on brade notre travail comme nos emplois" affirme André Mézy.
Le Muséum devait être "la plus grande attraction du littoral méditerranéen" mais quatre ans plus tard... Quid de la structure, le président du directoire Pierre Lévi est déboulonné quelques jours plus tard au profit d'Hubert François, 55 ans, ancien du ministère de l’Agriculture et ancien directeur de Nutrixo. Un changement qui ne change pas grand chose puisque des actions se poursuivent aux Salins.
Dans le même temps, la France perdait son triple A... Très attendue par les principaux intéressés du monde économique, la notation de la France pouvait mettre en péril son aura internationale. Quand la sentence est tombée, les bras des acteurs politiques du département étaient aussi en bernes que la note finale. Alors président du Département, Damien Alary écrivait "Sur l'air de "Tout va bien madame la marquise", Sarkozy signe ce soir un triple échec : un échec budgétaire et fiscal, après 5 ans de faveurs pour ses amis les plus riches; un échec économique qui nous affaiblit auprès de nos voisins européens et génère un chômage sans précédent et un échec social avec un taux de précarité insupportable... Le système Sarkozy est en faillite. Il fait dériver le pays dans une très mauvaise direction. Il faut changer de Président, il faut changer de politique, maintenant !".
Quatre ans plus tard, le Président Sarkozy ne l'est plus, le changement a eu lieu mais la situation économique reste des plus fragiles... Si la note passait alors du AAA au AA+, tout comme les USA quelques mois auparavant, l'agence de notation Standard and Poor's faisait la pluie et le beau temps. Le 10 janvier dernier, l'agence a une nouvelle fois pris en compte les difficultés françaises en abaissant la note française qui n'est plus aujourd'hui que AA avec une perspective négative à la clé...
Pour Nicolas Resseguier, directeur départemental de la Banque de France, "Les agences internationales de notation ont sous-estimé les problèmes en amont de la Crise, en maintenant abusivement d’excellentes notes à des placements devenus très risqués et en les dégradant très brutalement en 2007. Depuis, au contraire, elles semblent parfois sur-estimer les problèmes en décotant fortement les États. Pour autant, leur influence ne doit pas être exagérée car les prêteurs (les marchés financiers) anticipent souvent ces notes. Des réformes sont d’ailleurs intervenues depuis pour améliorer la transparence de ces agences. Pour ce qui est de la France, malgré la perte du triple A en janvier 2012, l’État n’a jamais emprunté à des conditions aussi favorables qu’en 2015, au taux moyen de 0,9% pour ses emprunts à dix ans et même à des taux négatifs sur de courtes échéances! Cette crédibilité économique est fragile et elle doit beaucoup à la confiance que nous assure la monnaie européenne et sa gestion active par la Banque Centrale Européenne. Comme le précisait l’ancien Gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, payer 1% de plus sur nos emprunts d’État couterait quelques 40 milliards d’euros sur cinq ans aux contribuables français, soit plus de la moitié de l’impôt annuel sur le revenu. Aussi, il est toujours essentiel d’éviter toute politique économique irréaliste".
Nicolas Resseguier organise sa prochaine conférence publique avec le Mouvement Européen du Gard, qui vient juste d’être actée et pourra évoquer aussi ces questions de "crédibilité économique". Cette conférence aura pour thème "L’Europe a-t-elle tiré toutes les leçons de la crise financière de 2008?" et se tiendra au Centre culturel Marcel Pagnol de Vergèze vendredi 5 février à 18h.