Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 21.08.2024 - Propos recueillis par Sacha Virga - 7 min  - vu 3197 fois

INTERVIEW Jérémy Balmy (ex-OAC) : "La direction doit se remettre en question, pas seulement les joueurs"

Jérémy Balmy

Jérémy Balmy, devant les terrains de padel du Soccerteam à Alès

- Sacha Virga

Après avoir officialisé sa signature à l'AS Rousson, Jérémy Balmy sort du silence. Sans langue de bois, l'ancien milieu polyvalent de l'Olympique d'Alès en Cévennes s'est confié sur sa situation, son départ de l'OAC et son passage au club.

C'est un gros coup pour l'AS Rousson, que d'avoir signé Jérémy Balmy. À 30 ans, le milieu de terrain polyvalent en a encore sous la chaussure et fera le plus grand bien au club de Régional 2, qui cherche à attirer des gros noms du secteur. "Tous les membres du club sont ravis de son arrivée, et il nous fera le plus grand bien, sur et en dehors du terrain. Les jeunes de notre académie pourront profiter de son expérience", se félicite Mouss Guiza, directeur sportif de l'AS Rousson. Ce choix s'explique aussi par le côté familial du club, un élément important pour le joueur formé au Havre, qui a tout d'une bonne pioche.

Objectif Gard : Comment allez-vous en ce début de saison ?

Jérémy Balmy : Tout va très bien pour le moment. J'ai repris à l'AS Rousson il y a trois semaines, on a commencé les matchs amicaux. La saison passée, j'étais avec l'académie du Soccer Team où je donnais un petit coup de main à Mehdi pendant les séances. On a souhaité avancer ensemble pour que je puisse continuer avec les petits et qu'ils progressent dans leur future carrière. Mouss Guiza a été le premier à me mettre en garde sur la reconversion sportive. Cela arrive plus vite que prévu, mais j'ai un petit challenge avec Rousson qui est en R2 et qui, je pense, fera une belle saison.

On connait votre proximité avec certains joueurs de Rousson, est-ce que cette signature n'était pas un peu "évidente" ?

Elle l'était, oui et non. Dans un premier temps, il était convenu avec l'OAC que je prolonge, en N2 ou en N3. Ils ne m'avaient pas donné de durée particulière mais j'avais un an en option si on se maintenait. Jean-Marie Pasqualetti m'avait dit pendant la réunion d'après-saison pour parler du sportif : "On te prolongera, même en N3, on verra les conditions." Le club était censé me rappeler, le salaire n'était pas un problème, j'aurais trouvé ça normal de gagner moins étant donné qu'on descendait. Et du coup, elle est évidente dans un sens où je connais pas mal de joueurs qui étaient à l'OAC par le passé : Aïssam Fadil, Aloïs Chabassut, qui sont des amis, avec qui j'entretiens de bonnes relations et que je vois régulièrement. Mais footballistiquement parlant, je n'avais pas prévu d'être encore ici la saison prochaine, je suis resté par la force des choses.

C'est-à-dire ? Vous aviez des contacts avec d'autres clubs ?

Il était prévu que je reste à l'OAC, du coup, je n'ai pas cherché de club de mon côté. Après le rendez-vous, dans ma tête, je restais à l'OAC quoi qu'il arrive. J'étais bien dans le club et puis il n'y avait pas de raison que j'aille voir ailleurs. J'ai appris quelques jours avant la reprise que je n'allais pas prolonger. Quand le directeur sportif m'a rappelé, c'était un peu juste pour que je puisse retrouver un club. Mais ça s'est su et des clubs m'ont appelé comme Le-Grau-du-Roi, Châtellerault et Agde, où j'ai des propositions intéressantes. Mais ma femme a une bonne situation ici, mes enfants s'y plaisent et vu le timing, je suis resté à côté.

Jérémy Balmy
Jérémy Balmy a trouvé sa reconversion d'après-carrière • Sacha Virga

Comment avez-vous vécu le moment où on vous a annoncé que vous ne seriez pas prolongé ?

J'étais déçu parce que j'ai toujours respecté le club. On a fait un beau parcours en Coupe de France quand on a affronté Montpellier. On joue une montée où je pense avoir été le joueur de la saison, je pense que peu de personnes peuvent dire le contraire en N3. En N2, on fait un maintien tiré par les cheveux avec cinq points de retard en décembre l'année dernière. Je fais une grosse deuxième partie de saison, avec des gars comme Dabo et Peyrard au milieu qui ont verrouillé, Ben Nasr qui a été très bon, Mahamat et Diaby ont marqué des buts. J'étais un des artisans qui nous ont permis de se sauver. Je pense que c'est historique au vu de la situation en décembre.

"Je suis déçu parce que le club s'était engagé à me garder"

Jérémy Balmy

Et cette saison ?

Cette année a été compliquée pour tout le monde, on n'a pas su mettre les choses en place pour faire en sorte que le club reste en N2. Et je suis déçu parce que le club s'était engagé à me garder. Quand je dis le club, c'est Jean-Marie Pasqualetti, parce que le 27 mai, il m'a dit de vive voix : "Écoute, Jérémy, tu seras en N2 ou en N3, au vu ta deuxième partie de saison, même s'il y a toujours des choses à améliorer." Je devais avoir des nouvelles une semaine après. Je suis parti en vacances une dizaine de jours : pas d'appel, pas de proposition. Au vu de la situation d'un éventuel repêchage, je n'ai pas voulu les embêter avec ça.

Et la suite ?

J'ai attendu deux semaines de plus, sans nouvelles. J'ai eu Jean-Marie Pasqualetti, peut-être trois semaines et demie plus tard. J'étais en vacances avec ma famille à Canet, il m'a dit : "On se rappelle le lendemain à 15h" et il ne l'a pas fait. Une fois rentré sur Alès, je suis parti au bureau parce que j'avais des papiers à régler avec eux. C'est là où j'ai vu Jean-Marie Pasqualetti une seconde fois et son discours était un peu plus nuancé. Je voyais bien qu'il y avait un malaise, un manque de franchise. Ensuite, le coach m'a dit que depuis le début, il y avait eu un doute sur mon cas. Chose que le directeur sportif ne m'avait pas dit du tout, sinon j'aurais commencé à chercher un club bien avant. Et du coup Jean-Marie Pasqualetti m'a appelé pendant ses vacances, et m'a dit qu'il ne me proposerait rien. J'avais des bonnes relations avec les personnes qui œuvrent dans le club, même bénévolement ou non. Il y avait Patrice, Sophie, Pierre-Guy qui travaille au club, Claude Crégut, que j'apprécie énormément, qui a le club dans le sang. Ces personnes-là, elles ont tout donné. Je me dis qu'il y en a d'autres qui ont un peu plus de pouvoir.

Comprenez-vous la fronde envers la direction en ce moment ?

Je suivais un peu "Allez-Alès", ça me permettait de connaître un peu l'avis des supporters. Tu sens bien qu'ils mettent du cœur à l'ouvrage, qu'ils supportent vraiment le club et que, malheureusement, ils ne sont pas vraiment au courant de tout. Après, c'est compréhensible que chacun ait sa propre vision, mais il y a peu de personnes au courant de comment ça s'est terminé avec l'OAC.

"Qu'est-ce qui a changé entre la N3 et la N2 ? C'est juste les joueurs."

Jérémy Balmy

Après coup, pensez-vous que le club était suffisamment armé pour le Cap 2024 ?

On a tous vu cette interview de Jean-Marie Pasqualetti parce qu'on en parlait dans le vestiaire avec certains joueurs. On disait qu'encore une fois, il se moquait des gens dans le sens où on l'a tous vu l'interview, où il parlait du Cap 2024. Je pense que c'était plus judicieux de dire : "On l'a loupé, on va se concentrer sur 2026." C'était, je pense, un manque d'honnêteté envers les supporters et c'est dommage. Certes, on est les premiers à avoir échoué. Eux, ce n'était apparemment que secondaire. Si on était prêts ? L'histoire dit que non, étant donné qu'on est descendus. Je pense que le club a des envies de bien faire. Après, si tu regardes bien dans les détails, qu'est-ce qui a changé entre la N3 et la N2 ? C'est juste les joueurs. En termes d'infrastructure, il n'y a pas vraiment de changement. En termes d'horaires d'entraînement, on était un petit peu dans le flou. Alors que j'avais des propositions de clubs plus petits qui cherchent à se professionnaliser. Il n'y avait pas vraiment de cohésion, on n'a pas eu de stage en pré-saison. Là, on savait le planning le dimanche soir pour la semaine. Moi qui ait des enfants, c'était compliqué par exemple pour la garderie. On était monté parce qu'on avait une équipe qui était supérieure aux autres, en N2 ce n'était pas le cas.

Jérémy Balmy OAC
Jérémy Balmy face au Paris FC l'an dernier en Coupe de France • Archives Sacha Virga

Pensez-vous que la direction actuelle est capable de redresser la barre ? 

Oui, ils l'ont déjà fait, donc ils peuvent le refaire. Pour leur bien, la direction doit se remettre en question, pas seulement les joueurs. Après le président gère ça comme une entreprise, on ne le voit pas souvent, voire même jamais. Il a son planning, il essaye de faire comme il le peut. Je pense que l'erreur qu'il commet, c'est peut-être de mettre des billes et de faire confiance à des personnes qui le méritent plus ou moins. Ils en sont capables, il faut plus de cohésion, de vraies choses, aller voir les supporters et les sponsors, faire une photo de l'équipe de début d'année, qu'on n'a jamais fait depuis que je suis à l'OAC, c'est quand même la base des clubs. C'est vraiment un club qui le mérite et qui a un bon fond. C'est dommage que ça se passe comme tel. J'espère qu'ils feront une bonne saison et je leur souhaite le meilleur pour les années à venir.

Comprenez-vous le choix de la direction de laisser partir la quasi-totalité de l'effectif ?

Je peux comprendre si, bien entendu, ils estiment que tous les joueurs qui sont partis n'avaient pas travaillé sérieusement ou du moins tout fait pour pouvoir se maintenir. Quand on regarde de plus près, tous les joueurs qui sont restés étaient sous contrat. Je me dis que si ce n'était pas le cas, ils seraient partis. Je reste persuadé que pour faire de belles saisons, il faut garder une ossature, bien sûr qui respecte et qui joue à fond, mais pour une cohésion plus forte les années qui avancent. La poule, je pense, est plus dure que celle où on est monté.

Allez-vous quand même suivre encore l'OAC cette saison ?

Oui, je fais la différence avec le club entre ceux que j'ai côtoyés au quotidien et ceux qui ont manqué de tact, de franchise le jour de la décision. Le club, je l'apprécie, il n'y a aucun problème avec ça. Dès que j'aurai l'occasion d'aller les voir, ce sera avec plaisir et j'espère qu'ils réussiront à remonter, mais il était important pour moi que la vérité soit rétablie.

Propos recueillis par Sacha Virga

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