LE 7H50 d’Alexandre Pissas : « Plus de 1 000 hectares ont brûlé cet été »
Près d'un millier de feux et 1 029 hectares de forêt brûlés... Le président des pompiers du Gard, Alexandre Pissas, revient sur l’été incendiaire qui a frappé le Gard.
Objectif Gard : Dans le Gard, l’été a été marqué par le malheureux épisode de Générac. Comment qualifiez-vous la saison des feux 2019 ?
Alexandre Pissas : La saison n’est pas finie. Elle court jusqu’au 30 septembre. Mais on peut déjà dire que la saison 2019 a été très difficile. Ça a brûlé cinq fois plus qu’en 2017 qui était déjà une année importante ! On se souviendra de trois épisodes importants : le 28 juin au moment de la canicule rouge (alerte niveau 4), le 30 juillet, où il y a eu les premiers feux de Générac, et le 2 août.
En termes de chiffres, qu'est-ce que ça représente ?
Cet été, il y a eu 1 186 feux, soit 1 029 hectares brûlés, contre 895 feux et 215 hectares en 2017. En 2014, on compte 36 feux et 3,8 hectares détruits par les flammes.
Comme le maire de Générac, pensez-vous que les incendies dans le Gard deviennent un risque au même titre que les inondations ?
Oui, en raison du dérèglement climatique. Je pense qu’il faut d’abord faire de la prévention en faisant en sorte que les collectivités sensibilisent la population. Je mise beaucoup sur les communes pour qu’elles s’approprient cette prévention, en faisait la promotion des dispositifs pour débroussailler.
Les moyens sont-ils suffisants aujourd'hui ?
Nous, au niveau du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) nous avons 10 commandos (pompiers et gardes forestiers). Notre directeur adjoint, le colonel Thierry Carret, estime qu’il en faudrait une quarantaine ! Il estime aussi que qu’il faut une réorganisation de nos services : faire mieux avec les moyens dont on dispose.
En parlant de directeur, où en est-on du recrutement du successeur au colonel Simonet ?
Nous sommes toujours en recherche. Nous allons voir justement si le directeur adjoint, le colonel Carret, peut reprendre le flambeau. Il est présent au SDIS depuis le 31 décembre 2016.
Après la dense saison des feux en 2017, les pompiers avaient manifesté devant la préfecture. Faut-il s’attendre à un scénario similaire à la rentrée ?
Il y a beaucoup plus de moyens maintenant ! Il y a 695 pompiers ! Ça fait 30 pompiers de plus qu’en 2017. L’accord de sortie de crise est mis en œuvre. On s’est même endetté pour acheter le matériel nécessaire.
En parlant d’argent, où en êtes-vous de la réforme du mode de calcul des cotisations des communes ?
Je peux vous dire que 80% des communes ont versé leur cotisation au SDIS pour 2019. Un versement sur la base du décret, puisque notre réforme du mode de calcul a été retoquée. Avec le préfet on continue de travailler…. Mais j’ai décidé de prendre un peu de recul et même, de consulter une sorte de « comité de sages ». J’ai demandé à trois de mes prédécesseurs (Damien Alary, Martin Delors et Christian Flaissier) de me donner leur avis sur ce sujet.
Propos recueillis par CM
coralie.mollaret@objectifgard.com
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