"Dès qu'il a été élu, je lui ai écrit pour l'interpeler sur la problématique de la pêcherie française et notamment au Grau-du-Roi", explique le maire graulen Robert Crauste qui en tant que premier vice-président de l'Anel (Association nationale des élus du littoral) connaît Fabrice Loher, maire de Lorient, autre port de pêche, devenu ministre délégué chargé de la mer et de la pêche. Le deuxième courrier cosigné avec les acteurs locaux de la pêche a été le bon et le ministre s'est rendu, hier après-midi, au port du Grau après avoir visité, le matin, ceux d'Agde et Sète. 

Pendant plusieurs heures, en compagnie du préfet Jérôme Bonet, des trois sénateurs gardois et du député Nicolas Meizonnet, il a rencontré les pêcheurs avec toujours le même refrain : le plan West Med. Établi pour quatre ans en 2020, ce plan imposé par la commission européenne comprend de nombreuses restrictions visant à protéger les ressources halieutiques en mer Méditerranée. Un effort de pêche qui se décline sur plusieurs points. Une baisse de la flottille avec désormais plus que 14 chalutiers au Grau contre 30 auparavant. Mais aussi une diminution du nombre de jours de pêche et une réduction de la zone de pêche. 

"On va tuer la pêche au Grau-du-Roi"

"On était à la limite de l'équilibre de rentabilité des bateaux", assure le maire avec ces nombreuses contraintes. Mais comme l'a reconnu le ministre, les pêcheurs graulens ont accepté ce plan et ont fait de gros efforts. Le double objectif était in fine de préserver deux espèces : le rouget et le merlu. Si la cible a été atteinte pour le premier cité, ce n'est pas le cas pour le deuxième. Ainsi, les pêcheurs craignent la mise en place de mesures encore plus fortes. 

Car début décembre, le prochain plan West Med sera bouclé afin d'entrer en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2025. "Si les restrictions sont encore plus fortes, on va tuer la pêche au Grau-du-Roi", prévient Robert Crauste comme l'a indiqué de nombreux pêcheurs au ministre. "Il y a la question environnementale qui entre aussi en ligne de compte", avoue Fabrice Loher au sujet des problématiques liées au merlu. Pour un Lorientais, c'est un poisson qu'il connait plutôt bien. 

"Aller encore plus loin... c'est inacceptable"

Sachant que les restrictions prévoient aussi de limiter les tailles des filets empêchant de pêcher certains petits poissons qui pourtant se vendent assez cher et permettent aux professionnels de vivre de leur activité. Mais le ministre s'est engagé à porter les intérêts des pêcheurs auprès des décideurs européens : "Aller encore plus loin dans la réduction du nombre de jours de pêches et de la flottille, c'est inacceptable. C'est ce que je dirai avec mes homologues espagnols et italiens lundi à Bruxelles". 

L'enjeu est en effet majeur, car la pêche au Grau-du-Roi représente environ 450 emplois, sans compter toute la filière économique qui en découle avec la criée qui commercialise 12 000 tonnes de poissons par an. 

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