LES PRÉSIDENTS DU NO Jean-Marc Conrad : du rêve au cauchemar
Tous les samedis, jusqu’au 26 août, nous vous proposons une série de portraits des présidents de Nîmes Olympique les plus marquants. Personnalité importante de la ville, l’homme fort du NO est souvent cible des critiques quand les résultats sont mauvais, mais il peut aussi être très respecté pour les bienfaits de son travail. Cette semaine nous évoquons la présidence de Jean-Marc Conrad marquée par l’affaire des matchs truqués et sa condamnation à 18 mois de prison ferme.
Il n’est resté que neuf mois au club mais Jean-Marc Conrad est peut-être le président qui a fait le plus parler du Nîmes Olympique au niveau national. Malheureusement, ce fut qu’en négatif ! Après 12 ans passés à la tête des Crocos, Jean-Louis Gazeau, usé, vend le club en avril 2014 à Jean-Marc Conrad. Dès son arrivée, l’ancien dirigeant d’Arles-Avignon affiche ses ambitions : « j’espère bien monter en Ligue 1 dans les trois ans. » Le club ronronnait en Ligue 2, un nouveau président arrive en promettant monts et merveilles, alors forcément les supporters sont enthousiastes. Mais le rêve va rapidement virer au cauchemar.
Il y a d’abord le temps de la séduction avec cette devise qu’il fait imprimer sur les maillots : « Plus que le triomphe, c’est le combat ». Et cette petite annonce lors de sa présentation, « on va instaurer un code d’honneur qu’on va inculquer dès le plus jeune âge ». Même si cela était destiné aux jeunes joueurs pour respecter l’arbitre, cela fait sourire quasiment dix ans après. L’été arrive et c’est le moment des annonces, beaucoup d’annonces… Mais rien n’aboutit ! Annoncés comme restants, Merville et Poulain s’en vont, René Marsiglia est conforté comme entraîneur mais résilie la veille de reprendre l’entraînement, José Pasqualetti le remplace.
Des matchs amicaux de prestige (OM et Parme) sont annoncés mais ils n'auront pas lieu. Sans oublier la cerise sur le gâteau, les trois fameuses recrues étrangères : César Arzo, Kris Boyd et le très attendu Pedro Joaquim Galvan. La venue du milieu argentin sera le feuilleton de l’été 2014 qui tiendra en haleine les supporters des Crocos. Contrairement aux deux premiers, le joueur débarque bien avec sa femme. Mais un mois après son arrivée, il n’a toujours pas signé, car le club avec sa masse salariale encadrée par la DNCG doit vendre des joueurs pour l’enrôler. Ce dernier quitte le Gard début août.
Cercle Cadet et caisses de vins
Une arrivée fracassante pour Conrad à laquelle il faut ajouter une gestion humaine difficile avec le personnel du club et des retards de paiement à Jean-Louis Gazeau, ancien actionnaire majoritaire du club. Mais le pire reste à venir. En octobre, Serge Kasparian, co-actionnaire du club, est mis en examen par le biais de sa société Le Cercle Cadet, pour extorsion en bande organisée, abus de confiance, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs. Mis sur écoute, l’homme offre aux enquêteurs de la matière pour une autre affaire, celle des matchs truqués qui éclate le 18 novembre 2014 après de troublants échanges avec Jean-Marc Conrad où il est clairement manifesté l’intention d’arranger des rencontres.
Lorsque les deux hommes arrivent au club, Nîmes est 19e et relégable de Ligue 2. Le premier match suspecté, contre le CA Bastia (0-0), intervient seulement cinq jours après l’intronisation officielle du nouveau président. Le procès révèlera la teneur des échanges notamment ceux du président nîmois avec son homologue caennais Jean-François Fortin. "Dis-toi bien que le nouveau président de Nîmes, il n’est pas trop con. Il s’est même bonifié et a amené un cadeau pour tout le monde", déclarait l’ancien nîmois en faisant référence aux fameuses caisses de vin livrées dans le vestiaire normand.
Un match arrangé perdu 5-1
D’autres matchs sont mis en cause dont, étonnamment, celui de la défaite 5-1 contre Dijon. « Franchement, on avait tout préparé pour qu’ils jouent tranquilles. Mais bon, à un moment donné, ils étaient tous seuls face au gardien. Il fallait bien qu’ils marquent !", lâchait alors Serge Kasparian. Surréaliste ! Nîmes avait finalement réussi à se maintenir en terminant 15e. Mais la saison suivante, c’est l’heure de payer les pots cassés. Le 20 novembre, après deux jours de garde à vue, Jean-Marc Conrad est mis en examen et interdit d’exercer ses fonctions. Dans un communiqué, il annonce sa démission.
À ce moment-là, le club est menacé de disparition. Les supporters se rassemblent sur le parvis des arènes. Cette affaire créera l’union sacrée lors de la saison 2015/2016. En mai 2015, alors que Nîmes vient de finir 13e de Ligue 2, la rétrogradation en National est annulée mais un retrait de huit points est infligé au NO. La LFP condamnera Jean-Marc Conrad à une suspension de sept ans de toute activité dans le football, la justice (en 2018) à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et 50 000 € d’amende. La sanction est similaire pour son compère Serge Kasparian. Durant cette instabilité, Rani Assaf, écarté de l’affaire, devient le nouvel actionnaire majoritaire en sauvant le club de la faillite. Car pour couronner le tout, on apprendra que Jean-Marc Conrad et Serge Kasparian n'ont jamais sorti un seul centime.