L'INTERVIEW Carole Delga : "Je veux que la Gauche soit au travail pour les Français"
"Je veux que nous construisions collectivement un projet clair et sincère pour apporter des solutions. Ce que nous faisons en Occitanie, en Bretagne, à Nantes ou à Montpellier, nous devons le proposer pour la France."
Samedi prochain, Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie et des Régions de France, organise pour la quatrième année les « Rencontres de la Gauche » à Bram (Aude). Alors que la situation politique nationale est très fragilisée, la leader de la Gauche réunit de nombreuses personnalités pour trouver un autre chemin au pays. Interview.
Objectif Gard : Pourquoi organisez-vous cette nouvelle édition des Rencontres de la Gauche ?
Carole Delga : Le premier rassemblement que nous avons organisé à Bram était au lendemain des régionales de 2021. Je souhaitais remercier chaleureusement tous ceux, militants et citoyens, qui nous avaient renouvelé leur confiance. Quand j’ai vu le nombre de personnes qui s’étaient déplacées un dimanche matin, j’ai compris qu’il y avait une forte attente. J’ai donc voulu créer, chaque année, un temps d’échanges et de rencontres, de débats, pour nourrir notre réflexion et construire collectivement un projet de société. Depuis, tous les ans en septembre, au cœur de l’Occitanie, dans un petit village de l’Aude, nous rassemblons tout ce que compte la France de politiques, intellectuels, chefs d’entreprises, syndicalistes… tous ceux qui pensent et qui agissent pour la France sont là pour débattre devant un public toujours plus nombreux.
De nombreuses personnalités sont attendues, elles participeront notamment à des ateliers durant le week-end. Qu'attendez-vous de ces échanges ?
Les Rencontres de la Gauche prennent de l’ampleur. Cette année, nous accueillerons Raphaël Glucksmann, député européen et tête de liste aux dernières élections, Tova Kaplan, l’une des porte-parole de la campagne de Kamala Harris, François Hollande et Bernard Cazeneuve, respectivement ancien président et ancien Premier ministre français, le président de Bretagne, Loîg Chesnais-Girard, les maires de Saint-Ouen et Rouen… Il y a un vrai enthousiasme à venir débattre, dans notre région, de sujets aussi importants que la conciliation entre écologie et justice sociale, la réconciliation entre ville et campagne, le pouvoir d’achat, la montée des populismes, la réconciliation de la France et le rassemblement des Français. Ces rencontres doivent nous permettre de renouer avec cette Gauche capable de gouverner que j’appelle de mes vœux depuis des années et qui apporte de véritables solutions aux Français.
Tous les territoires de l'Occitanie seront là. Des personnalités et élus. C'est aussi la réalité du terrain qui permettra d'engager les réformes de demain pour changer la vie des gens ?
Des personnalités et élus, mais surtout des citoyens venant de toute l’Occitanie et au-delà. Quand on réunit 2 000 personnes dans un village qui en compte autant, c’est bien que les gens viennent d’un peu partout. C’est une immense fierté et la preuve que tout est encore possible. Je veux que la Gauche soit au travail pour les Français, en connaissant la réalité de leur vie. Des élus sur le terrain, à leur rencontre, et non à faire des phrases à la radio. Je veux que nous construisions collectivement un projet clair et sincère pour apporter des solutions. Quand on bosse avec acharnement, qu’on ne lâche rien, on peut, comme je le fais en Occitanie, offrir des ordinateurs portables aux lycéens, garantir la gratuité des transports scolaires, recruter des médecins dans les déserts médicaux. C’est ça la Gauche au travail, la Gauche qui change la vie des gens. Ce que nous faisons en Occitanie, en Bretagne, à Nantes ou à Montpellier, nous devons le proposer pour la France.
L'épisode politique de cet été au niveau national laissera des traces. Aujourd'hui, le Premier ministre, le gouvernement est en place. Mais il ne reflète pas le vote des électeurs. Comment aborder les prochains mois maintenant ?
Ce qui vient de se passer est un boulevard pour l’extrême-droite. Les Français ont envoyé trois messages clairs : ils veulent du changement et plus les politiques injustes d’Emmanuel Macron, ils ont refusé de confier le pouvoir à l’extrême-droite, et n’ont donné de majorité à personne, mais une prime à la Gauche. Le gouvernement qui a été nommé ne répond en rien à ces attentes, le président de la République n’a pas écouté les Français, encore une fois. Sur le terrain, tous les jours, des citoyens me demandent : « Ça sert à quoi de voter ? ». Il faut d’une part réparer ce lien de confiance abîmé par des années de mépris et d’autre part démontrer l’arnaque sociale de l’extrême droite. Demain, s’il y a des nouvelles élections législatives, il s'agira de choisir entre eux ou nous. Moi, je me bats pour que ce soit nous et que la Gauche soit une véritable alternative.
On parle de dettes, de crise économique, de moyens supprimés pour les collectivités locales. Les entreprises d’Occitanie doivent-elles s’inquiéter ?
On ne parle que de choses angoissantes pour les Français… Nous sommes dans une situation financière fragile, mais rien n’est irréparable. Les écarts de richesse se sont aggravés ces dernières années : les plus riches se sont enrichis et les classes moyennes, et bien sûr les plus modestes, ont de plus en plus de difficultés à boucler les fins de mois, quand elles ne commencent pas dès le 10. Les petites entreprises tirent la langue, pendant que les actionnaires des multinationales engrangent les profits. Les services publics sont au plus mal, alors que nous n’en avons jamais eu plus besoin qu’aujourd’hui. Il faut renouer avec la justice fiscale. Je veux un pays qui crée des richesses, en soutenant nos entrepreneurs, pour mieux les répartir, en solidarité avec les plus modestes. Ce sont eux qui ont besoin de l’État. Ceux qui ont déjà beaucoup n’ont pas besoin d’avoir plus et peuvent contribuer davantage. Mais ceux qui ont peu et les classes moyennes, qui galèrent, doivent être mieux soutenus, c’est le sens de notre pacte de cohésion.
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