L'INTERVIEW Cyril Laurent, président de la Mission Locale Jeunes Alès-Pays Cévennes : "On est sur 4 000 jeunes accompagnés par an"
Conseiller municipal et communautaire, Cyril Laurent est également président de la Mission Locale Jeunes Alès-Pays Cévennes. Chaque année, lui et son équipe accompagnent plusieurs milliers de jeunes du territoire, pour leur permettre de retrouver le chemin de l'emploi.
Objectif Gard : Depuis combien de temps est-ce que vous êtes le président de cette Mission locale ?
Cyril Laurent : Je suis devenu président à la sortie COVID, on n'a pas pu organiser d'élections. Mon ami Pierre Martin est resté président jusqu'en septembre 2021, où on a organisé de nouvelles élections puisqu'on ne pouvait pas réunir d'Assemblée Générale à cause du COVID. Pierre est désormais mon président délégué donc il est à mes côtés. Je l'ai délégué sur une mission de représentation de la mission locale, notamment au niveau des instances nationales ainsi que régionales. Et moi, je me concentre sur la mission locale à l'ESPI Cévennes. On est sur 4 000 jeunes accompagnés par an. On sent qu'il y a une demande de plus en plus importante de jeunes en termes d'accompagnement, de besoins, de questionnements. La mission locale, effectivement, prend de l'essor chaque année.
Comment est composée cette Mission locale ?
Nous sommes une petite trentaine d'effectifs, essentiellement des conseillères puisqu'on est sur un public très féminin au niveau salarial. Les métiers du social et de l'accompagnement en particulier de ce type-là sont des métiers très féminins. L'idée, c'est bien d'accompagner les jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation, sachant que le point commun de tout ça, c'est souvent le questionnement de cette jeunesse, âgée entre 16 et 26 ans, c'est notre barrière administrative. L'immense majorité de l'effectif accompagné se situe entre 18 et 22 ans, on est plutôt sur ce cœur de cible-là.
Comment accompagnez-vous ces jeunes et avec quels partenariats ?
La particularité de la Mission locale, c'est que c'est un outil intéressant en termes de construction. C'est vraiment un partenariat public-État, qui est notre principal financeur, avec la collectivité territoriale qui est associée. Ça fonctionne et permet d'être un outil national, extrêmement bien décliné avec les spécificités du territoire que seule la collectivité territoriale peut porter. C'est cette mécanique-là qui est très efficace, en tout cas, on en est tous convaincus. Les territoires de Nîmes, d'Alès et de Bagnols-sur-Cèze n'ont pas grand-chose à voir sur la nature économique ou sociale.
Et sur quels secteurs ?
Il y a à la fois cette ossature industrielle avec des entreprises du territoire, mais Alès est aussi un bassin de commerces très bien équipé. On a des contacts réguliers avec grandes enseignes, je pense au groupe FNAC ou à Action, qui passent par la Mission locale pour recruter. Mais on évoque d'abord le diagnostic projet : "qu'est-ce que tu veux faire, comment tu veux le faire, comment tu te projettes". Là, il y a un accompagnement des conseillères et d'experts que je missionne. Une fois que ce travail de maturation est fait, on a un atelier CV, c'est l'outil de base. Ensuite, on accompagne ces jeunes, soit pour reprendre une formation, soit pour s'intégrer directement à travers des dispositifs de stage qu'on peut accompagner, financer, de manière à ce qu'ils puissent vraiment s'investir dans la filière dans laquelle ils ont envie de se positionner.
Est-ce que les jeunes sont plus demandeurs par rapport à l'avant-COVID ?
On entend souvent dire que les jeunes sont moins motivés, et se sentent moins investis pour leur avenir. Moi, en tant que président d'un Mission locale, je veux quand même porter un message d'espoir. Il faut qu'on puisse trouver des outils cousus main pour que nos jeunes puissent s'investir dans leur avenir. Moi, je trouve qu'à 16-17 ans, t'expliquer qu'il faut que tu détermines une filière qui derrière, sera celle qui va te conduire jusqu'à la fin de ta vie professionnelle, c'est extrêmement compliqué. Le message qu'il faut porter aux jeunes c'est que le monde du travail est quand même compliqué mais si on accompagne bien le jeune, si on est à ses côtés, il est capable de se mobiliser pour trouver un projet dans lequel il pourra s'épanouir. Je trouve qu'on demande au jeune très tôt de faire des choix et je pense qu'il faudrait avoir un petit peu plus de latitude pour laisser le jeune, effectivement, un peu expérimenté. Je ne dirais pas que le jeune est moins investi dans ses projets. Je dirais que le questionnement le taraude davantage et qu'effectivement, peut-être le modèle qu'on a connu sur ma génération, peut-être, est plus forcément le modèle qui le porte, lui, sur ses valeurs et ses envies. Néanmoins, on a de très belles réussites, il n'y a pas de fatalité.
Quels sont les objectifs à venir ?
L'objectif 2024, c'est d'être déjà dans la foulée de 2023, qui a été une belle année pour nous, de travailler un petit peu plus sur la logique des filières, d'où le partenariat avec Alès Myriapolis, qui n'y avait pas en 2023 et qu'on va faire cette année, sur deux filières fortes. Je souhaite qu'il y ait de l'industrie historique, on se garde encore une petite étude de faisabilité sur une paire de filières, mais ça pourrait tourner autour des métiers du social, de la santé ou de l'alimentaire. Aussi, qu'on puisse continuer à travailler sur des actions qualitatives qui puissent s'inscrire assez rapidement dans le marché du travail. Et je souhaite qu'on continue à bétonner les relations avec France Travail, les centres de formation et des petits à-côté formations qui peuvent permettre à nos jeunes, à travers du stage renforcé ou autre, de mieux découvrir le milieu de l'entreprise.