L’INTERVIEW Élodie après le passage du cyclone à la Réunion : « Là où on était, on a eu de la chance ! »
Avocate nîmoise, Élodie Toniazzo est en vacances à la Réunion depuis le 10 janvier. Après le cyclone Belal qui a balayé l’île lundi entraînant des coupures d’électricité pour 150 000 foyers et un confinement de 36 heures, la Gardoise raconte ce qu’elle a vécu.
Objectif Gard : Comment se sont déroulés vos premiers jours sur l’île ?
Élodie Toniazzo : Je suis à Saint-Leu, une ville balnéaire située à l’Ouest, chez une amie. Je lui avais dit en rigolant : tu vas voir quand je vais arriver, cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu un cyclone, il va y en avoir un. Quand j’ai atterri, même si c’est la saison des tempêtes tropicales, tout allait bien. Et puis le samedi, on a eu l’information comme quoi un cyclone allait passer pile sur La Réunion, alors qu’habituellement il contourne l’île. Les vols ont commencé à être annulés.
Avez-vous été prévenu en amont qu’un cyclone arrivait ?
Oui dès le samedi, nous avons été informés par SMS. Pour la première fois à la Réunion, l’alerte violette a été déclenchée. La préfecture a extrêmement bien géré en nous indiquant tout de suite la situation avec des points réguliers. En nous disant de nous préparer avec des vents annoncés supérieurs à 200 km/h. Les parents de mon amie habitent juste à côté donc ils nous ont aidés à bien nous préparer.
« Tout le monde a eu le temps de se préparer »
Justement, comment vous êtes-vous préparée ?
Comme on a été prévenu en amont, on a pu faire des courses tranquillement. Il n’y avait pas de pénurie. On a acheté des bonbonnes d’eau pour avoir de l’eau potable, des piles pour la radio et les lampe torches. Et puis on a chargé les ordinateurs pour pouvoir recharger ensuite les téléphones. Il a fallu préparer pour contrer les torrents d’eau donc on a mis des parpaings et bloqué tout ce que l’on pouvait. Souvent les habitants sont prévenus une heure à l’avance, là en le sachant plusieurs jours avant, tout le monde a eu le temps de se préparer. Du coup, on n’a pas eu le temps de stresser. Je n’étais pas plus inquiète car j’étais entourée, accompagnée d'un couple d’amis et leur petite fille de trois ans. Seule ça aurait été différent. J’étais surtout impatiente.
Comment s'est passée la journée de lundi ?
Le dimanche soir, il y a eu beaucoup de vent avec des nuages et des couleurs très bizarres dans le ciel et beaucoup de houle en mer. Les oiseaux et les tortues étaient déjà planqués. On sentait que quelque chose arrivait. Vers trois heures du matin, le vent a commencé à souffler très fort. Sur Saint-Leu, l’électricité a été coupée dès 10 heures du matin et ce n’est toujours pas revenu. On avait plus de réseau Internet mais les SMS fonctionnaient. Dans la plupart des maisons c’était le noir complet. Là où je suis on avait un peu de lumière qui rentrait. Ce qui est quand même rassurant.
"On a écouté à la radio un accouchement en direct"
Quel est l’ampleur des dégâts là où vous êtes ?
On ne pouvait pas savoir au début car on était enfermé. On entendait le vent et que ça bougeait à droite à gauche mais on avait interdiction de sortir. Le vent était tellement fort que l’on ne pouvait pas ouvrir les fenêtres. On était dans le noir, on ne pouvait pas aller voir ce qu’il se passait. On recevait des messages mais on n'avait accès à rien en termes d'images alors qu'en métropole, tout le monde voyait ce qu'il se passait. On avait que la radio locale Free Dom. On a écouté un accouchement en direct, le décès d’une personne, un toit qui s’envole… C'était un peu stressant mais on s'est dit que là où on était, on a eu de la chance. On a été plutôt épargné. On a appris finalement que c’était moins violent que prévu. Au lieu de passer par l’Ouest, finalement l’œil du cyclone est passé par l’Est. De ce que l’on a pu voir, il n’y a pas trop de dégâts à part quelques arbres et des paraboles tombés. Même s'il y a encore énormément de vent, on sait que le cyclone est parti, on peut dormir tranquillement. Maintenant on peut sortir. L’électricité est toujours coupée, on ne peut pas boire l’eau car elle n’est pas potable.
Comment faites-vous pour préparer à manger ?
Comme on fait de la randonnée, on avait un réchaud. Nos voisins nous avaient préparé des Cari (plat local à base de poulet), on avait qu’à réchauffer. On avait cuit du riz en avance et acheté de quoi faire des salades avec des boîtes de sardines. Du riz avec des sardines, c’est un peu le plat culte quand il n’y a pas d’électricité. Sinon hier midi, on est allé au restaurant.
Allez-vous pouvoir rentrer en France métropolitaine ?
Je rentre normalement dimanche car je suis aux assises la semaine prochaine. Mais il y a une tempête tropicale qui est prévue donc je ne sais pas. Une demande de renvoi pour cause de cyclone, c’est original (rires) !