Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 11.11.2022 - corentin-corger - 3 min  - vu 451 fois

L'INTERVIEW Jérémie Serra avant la marche pour le climat : "On n'a plus le choix !"

Jérémie Serra à droite de l'image (Photo Anthony Maurin).

Ce samedi 12 novembre à 14 heures, une marche pour le climat est organisée à Nîmes depuis la Maison carrée jusqu'aux arènes. Jérémie Serra, porte-parole de Citoyens pour le climat, explique les enjeux de cette manifestation et ceux de la Cop (Conférence des Parties) 27. 

Objectif Gard : Quel est l'objectif de cette marche pour le climat ?

Jérémie Serra : L’objectif est de mobiliser les citoyens pour faire pression sur les décideurs politiques et économiques. Les mobilisations citoyennes ont un véritable impact. Par exemple, la convention citoyenne pour le climat qui a été mise en place en France et qui a débouché sur la loi « Climat et résilience » est le fruit des mobilisations citoyennes en faveur du climat. Quand vous avez plusieurs millions de personnes qui manifestent sur la planète, cela a un impact évident. Puisque les politiques dans les démocraties tiennent compte des mobilisations citoyennes. L’idée est de rassembler les familles, les gens âgés et les futures générations puisque ça nous concerne tous.

Concernant le territoire de Nîmes, sentez-vous une prise de conscience localement ?

La prise de conscience est lente mais partagée à Nîmes comme partout en France. Notamment après l’été que l’on a vécu. On sent cette prise de conscience et que quelque chose est en train de se dérégler, ce n’est plus comme avant. J’entends très souvent : "Il y a quelque chose de pas normal." On le ressent tous, on a parfois du mal à mettre des mots dessus, on dit « réchauffement du climat » sans trop savoir ce que c’est. Mais on sent la prise de conscience qui n’est que le reflet de la réalité. En juin 2019, il avait fait jusqu’à 46 degrés dans le Gard à Gallargues ! Ce sont des températures qui n’avaient jamais été connues et qui n’étaient même pas envisageables.

Est-ce que le fait que le portefeuille soit touché avec la hausse de l'énergie n'oblige pas les citoyens à faire plus attention à l'environnement ? 

Non, ce sont deux choses différentes. Il y a le dérèglement du climat qui est dû essentiellement à la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) qui rejettent en brûlant du CO2 dans l’atmosphère. D’ailleurs la quantité de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 50 % en 150 ans. Maintenant le prix de l’énergie nous touche tous, mais on ne fait pas forcément le lien entre le prix qui augmente et le climat. Dans l’esprit de beaucoup ce sont deux choses différentes.

"Chaque citoyen émet en moyenne 10 tonnes de CO2 par an"

Comment peut-on tous agir au quotidien ?

Il y a des bureaux d’études qui ont travaillé sur ces questions et nous tous citoyens nous avons directement entre nos mains 30 % de la solution. En France, chaque citoyen émet en moyenne 10 tonnes de CO2 par an. Plus vous avez des revenus, plus vous émettez car vous consommez plus. Pour respecter les accords de Paris il faudrait que cela passe à 2 tonnes par personne. Mais rien qu’en changeant nos habitudes de consommation, on a la possibilité de réduire cette émission de CO2.

Que faut-il changer ? 

Il faut consommer sans investir comme manger local, bio, moins de viande. Limiter ses achats compulsifs, au niveau des vêtements essayer de trouver de nouveaux produits. S’interroger sur ce que l’on a vraiment besoin et revoir son rapport au monde en se demandant : "De quoi j’ai besoin pour être heureux ?" Est-ce que le dernier iPhone me rendra heureux ? Je ne pense pas.

"On n'a pas le choix !"

Ce vous évoquez correspond à un véritable changement de mentalité, le défi n'est-il pas démesuré ?

Absolument, il faut interroger chacun sur ses priorités et ce qu’il peut faire à son niveau. Je dirais que l'on n'a pas le choix parce que la Terre a des limites physiques que nous sommes en train de dépasser et nous ne pouvons pas vivre ailleurs que sur Terre. Donc on n'a plus le choix ! Autant s’interroger soi-même sur ce que l’on peut faire et en tirer satisfaction plutôt que de subir ce que la Terre va nous imposer. C’est une philosophie de revoir son rapport au monde.

Quels sont les principaux enjeux de cette Cop 27 ?

Respecter les préconisations du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)) qui est placé sous l’égide de l’ONU et qui est incontestable scientifiquement parlant. Et celui-ci nous dit que pour réussir à éviter la catastrophe climatique il est nécessaire d’avoir beaucoup plus de coopération internationale. Le second grand volet étant la réduction des inégalités et la solidarité entre nations. Ce sont les deux volets qui permettent encore de limiter le réchauffement climatique et de conserver une Terre moins agréable que ce que l’on a connu, mais toujours vivable.

Propos recueillis par Corentin Corger

Corentin Corger

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