L'INTERVIEW Le capitaine Cécile Dusserre : "On a en projet de fortement développer toute l'activité nautique"
Construit en 2011, le centre de secours de Beaucaire compte une centaine de personnels - professionnels et volontaires - qui effectuent 2 500 interventions par an en moyenne sur les communes de Beaucaire, Jonquières-Saint-Vincent, Comps, Meynes, Vallabrègues et Fourques. Messages de prévention, difficulté de recrutement, projets opérationnels et divers, le capitaine Cécile Dusserre, cheffe de la caserne depuis novembre 2019, fait le point.
Objectif Gard : En ce début d'automne, quel est l'état des lieux de l'activité du centre de secours de Beaucaire ?
Capitaine Cécile Dusserre : Elle se concentre essentiellement sur le secours à la personne à environ 80% et le secours routier. Naturellement, les feux de végétation se sont calmés et heureusement. Mais on se prépare à rentrer dans la période des incendies urbains, des feux de maisons, d'appartements, puisqu'on nous annonce des températures plus fraîches à partir de la semaine prochaine. Les personnes vont commencer à allumer leur cheminée, leur poêle à bois, leur chaudière. J'en profite pour sensibiliser les populations sur les risques de feux de cheminée, d'intoxication au monoxyde de carbone. Pensez à faire vérifier vos installations de chauffage, à faire ramoner les conduits de cheminée par des sociétés agréées. Il est également important de rappeler l'importance des détecteurs de fumée qui sont obligatoires dans toutes les habitations et sauvent des vies chaque année, c'est indéniable.
L'ensemble de l'activité du centre représente combien de sorties par mois, par an, en moyenne ?
Sur l'année, nous sommes aux alentours de 2 500 sorties. La nature des interventions est variable en fonction des saisons. Le secours à la personne est à peu près constant tout au long de l'année. Ce n'est pas parce que l'été nous sommes mobilisés sur de nombreux feux de forêt ou de végétation qu'il n'y a plus de blessés ou de malaises. L'été, fatalement, le nombre d'interventions quotidiennes augmente. Et donc des effectifs qui augmentent en conséquence. Nous essayons de recruter des pompiers saisonniers pour les mois de juillet et août. Malheureusement, c'est assez difficile parce que nous sommes en concurrence avec des services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) de tout le bassin Méditerranée qui recherchent aussi des pompiers saisonniers. Chaque année, nous en demandons quatre et nous en avons un ou deux.
Quels sont les effectifs pompiers professionnels et volontaires au sein de la caserne ?
En professionnels, nous avons 15 personnels non-officiers et deux officiers, l'adjoint chef de centre et moi-même. Au niveau du volontariat, nous avons un officier volontaire qui gère essentiellement la partie formation des volontaires, et environ 80 pompiers volontaires.
Un chiffre constant pour ce qui concerne les volontaires ?
C'est une moyenne, mais on aimerait réussir à gonfler ce chiffre. Nous sommes d'ailleurs en période de recrutement. Nous avons fait des tests sportifs et écrits samedi dernier (le 15 octobre, Ndlr) pour l'ensemble du groupement territorial Vallée du Rhône. Ils seront suivis cette semaine d'un entretien oral et enfin si la personne est apte à sa visite médicale, on l'embauche, on l'envoie en formation et il devient pompier volontaire. Nous n'avons que très peu de candidats sur Beaucaire. Sur cette session de recrutement, nous avions trois candidats.
Comment interprétez-vous ce manque de candidats, cette difficulté à recruter ?
Je pense qu'il y a un problème de méconnaissance. Peut-être les personnes s'imaginent-elles qu'il faut être champion du monde de course à pied, de musculation, qu'il faut avoir énormément de temps à consacrer à la caserne. Nous essayons de régler ce problème de perception en communiquant via les réseaux sociaux. Nous prévoyons également d'organiser l'année prochaine avec l'Amicale des sapeurs-pompiers de Beaucaire des journées portes ouvertes à la caserne. Je pense que c'est une opération importante et intéressante pour recréer un lien avec les populations afin qu'elles se rendent compte que l'activité de sapeur-pompier volontaire est tout à fait abordable. Et peut-être aussi féminiser un petit peu plus les rangs. Ce qu'on cherche chez le pompier volontaire, c'est quelqu'un qui soit débrouillard, qui ait l'esprit de cohésion, d'entraide. Grâce aux volontaires nous arrivons à nous en sortir avec l'ensemble des effectifs. Si nous avions plus de personnels, ce serait quand même plus simple notamment l'été où nous sommes en effectif tendu.
Si on prend l'exemple de l'été dernier, marqué de nombreux incendies, comment vous en êtes-vous sortis ?
On arrive toujours à répondre aux missions. À Beaucaire, le potentiel opérationnel de garde est toujours tenu, les camions feux de forêt sont armés, mais cela demande aux personnels une implication importante et beaucoup de sacrifices. On reste dans les règles en termes de cumul d'horaires à ne pas dépasser, mais on a des gens qui sacrifient beaucoup de leur temps libre, de leur vie familiale pour passer du temps à la caserne et répondre à une demande de renforts.
Cette implication est-elle récompensée ? Je veux bien sûr en venir à la manifestation des pompiers du 13 septembre dernier...
Ça a été le témoignage, du point de vue des professionnels, de ce que je vous disais. Les personnels ont répondu présent, parce que c'est dans leur nature. Mais à l'issue, il faut trouver des solutions pour ne plus revivre ce que nous avons vécu cet été.
Quels sont vos projets pour la caserne de Beaucaire ?
Nous préparons le Téléthon avec l'Amicale des sapeurs pompiers en association avec le club d'aviron. D'autant plus que cette année Beaucaire est Ville Phare du département. Cette année, la municipalité nous met à disposition toute la place de l'hôtel de ville. Nous allons proposer diverses animations et démonstrations. J'ai notamment sollicité les unités spécialisées du département, le GRIMP, l'équipe cynotechnique, une autre spécialisée dans la désincarcération en cas d'accidents de la route. On aura aussi une activité "fil rouge". On espère relever un défi de 24h de rameur. Et puis, pour les projets plus professionnels, j'essaie le plus possible d'être en contact avec les entreprises du secteur et notamment celles qui sont sur la zone Domitia parce qu'elles génèrent des risques particuliers. Je fais partie de l'équipe risques technologiques, cellule risques chimiques du département. J'aimerais impliquer davantage les personnels de la caserne dans des visites de sites, d'entreprises, pour qu'ils appréhendent tous les risques du secteur, etc. Mais on en revient à la problématique des personnels. Pour aller manœuvrer sur le terrain, il faut qu'il y ait du personnel disponible en caserne.
Y a-t-il des unités particulières au centre de secours de Beaucaire ?
Par la proximité du Rhône, on a en projet de fortement développer toute l'activité nautique, par l'intermédiaire des sauveteurs en eau vive et des conducteurs d'embarcation. Nous avons quelques effectifs mais pas suffisamment au vu de notre position. Nous espérons très fortement aussi - et c'est un cheval de bataille de longue date au sein de la caserne de Beaucaire - pouvoir acquérir un nouvel engin ; la fameuse grande échelle. Notre secteur d'activité, que ce soit les immeubles en construction en bordure du canal et surtout au niveau de la zone Domitia, nécessite des moyens élévateurs aériens. Donc on se bat pour avoir une grande échelle, ou peut-être un bras élévateur aérien... Ça fait partie des gros dossiers sur lesquels je suis très impliquée.
Propos recueillis par Stéphanie Marin