Publié il y a 1 an - Mise à jour le 27.06.2023 - Propos recueillis par Sacha Virga - 2 min  - vu 1657 fois

L'INTERVIEW Nasser Mohamedi et Ludovic Roussel : "On ne transporte pas des cagettes de tomates"

Tango manifestation

De nombreux conducteurs de bus ont décidé de manifester pendant le conseil communautaire de Nîmes Métropole.

- Sacha Virga

Hier, à 18h, se tenait une double manifestation devant le Colisée de Nîmes métropole. Une première contre l'implantation des usines Virbac et Soprema à Garons, une deuxième des chauffeurs de bus Tango. Nasser Mohamedi (secrétaire CFE) et Ludovic Roussel (délégué SUD), tous deux conducteurs, témoignent.

Objectif Gard : Quelles sont les motivations de votre présence aujourd'hui ?

Ludovic : On est dans une situation très compliquée aujourd'hui. Un budget de 44 millions par an est prévu pour le prochain délégataire qui gèrera les transports du réseau de Nîmes métropole et remplacera Transdev. C'est vraiment trop peu, il y aura encore plus de perte d'argent.

Nasser : Aujourd'hui, on tourne à 47,8 millions d'euros par an de budget et il y a déjà des pertes d'argent. Le but de Nîmes métropole est de faire l'extension de la ligne T1, de créer la ligne T5 qui devrait aller vers la Vaunage et de proposer un service de location de vélo. Vous comprenez bien qu'il est impossible de réaliser tout cela avec moins d'argent.

Qu'est-ce que cette baisse de budget pourrait entraîner ?

Ludovic : On est vraiment inquiet parce que l'on veut assurer un service de qualité pour nos usagers et si on creuse l'offre, cela va forcément les impacter. On nous demande d'augmenter la vitesse de nos trambus, sur la T1 on est à 17 km/h de moyenne, sur la T2 c'est 14,5 km/h. Mais on a une clientèle de personnes âgées, on ne transporte pas des cagettes de tomates ! Il nous est impossible d'aller plus vite, on ne peut pas faire n'importe quoi. Notre but est d'assurer la sécurité et le confort de nos usagers.

Nasser : En plus ce qui est compliqué pour nous, c'est qu'à certains endroits de la ville, il n'y a pas de priorité aux trambus. Du coup, on perd du temps de trajet, même si cette compétence est gérée par la ville de Nîmes et non par l'Agglo. Le souci, c'est que ça ne dissuade pas forcément les gens de prendre le bus à la place de leur voiture. Si vous êtes plus rapide en voiture, qu'est-ce qui va pousser les gens à changer leurs habitudes ?

Qu'attendez-vous de la part de Nîmes métropole ?

Ludovic : On attendait déjà d'être reçu par la collectivité à l'occasion du conseil communautaire de Nîmes métropole, mais ça n'a pas été le cas. Le 4 juillet par contre, on sera accueilli par Jean-Marc Campello et d'autres élus pour discuter de tout cela. Deux experts-comptables que nous connaissons ont inspecté le réseau, notre équilibre budgétaire se situerait autour de 52 millions d'euros. On en est loin et on se demande comment le nouveau délégataire va faire mieux avec moins.

Qu'avez-vous à dire aux usagers qui prennent les transports au quotidien ?

Nasser : Depuis que le bus existe, avec le délégataire actuel, c'est la période où on a eu le moins de grèves. Si on exclut les manifestations nationales, à l'échelle locale, il n'y en a eu aucune. En France, on connait une pénurie de conducteur de bus, ce qui n'est pas le cas chez Tango. Mais si on rend moins facile les conditions de travail, on peut se retrouver dans une situation plus compliquée où il manquera du monde pour assurer le service. 

Ludovic : Le combat que l'on mène aujourd'hui, on le fait aussi pour eux. Ce soir, on voulait alerter les gens.

Propos recueillis par Sacha Virga

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