Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 17.12.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1063 fois

L'INTERVIEW Pascal Rousson (Association des usagers TER-SNCF) : "On est toujours inquiets"

pascal rousson président de l'association des usagers TER-SNCF de la rive droite du Rhône 

Pascal Rousson a succédé en juin dernier à Laurette Bastaroli à la présidence de l'association des usagers TER-SNCF de la rive droite du Rhône. 

- photo Marie Meunier

Cela fait maintenant un an et demi que la ligne TER rive droite du Rhône a rouvert aux trains de voyageurs. Mais le combat de l'association des usagers ne s'arrête pas. Horaires, réouverture des autres gares, futurs travaux... Le président, Pascal Rousson, qui a pris la suite de Laurette Bastaroli, fait un point d'étape. 

Objectif Gard : Les nouveaux horaires des trains entrent en vigueur en ce mois de décembre. Y a-t-il du changement sur la ligne TER Pont-Saint-Esprit-Avignon-Nîmes ?

Pascal Rousson : On a toujours les cinq allers-retours par jour. On retrouve grosso modo les mêmes problématiques qu'on avait sur le service d'avant. Le premier train à Pont-Saint-Esprit est à 7h05, ce qui fait arriver à Avignon-centre à 7h40. C'est plutôt bien mais il manque peut-être un train un petit peu avant pour les personnes qui travaillent ou les étudiants. Il faudrait qu'elles puissent arriver autour de 7h à Avignon-centre. Surtout pour celles qui doivent ensuite se rendre en dehors du centre-ville avant huit heures.

Au niveau des correspondances, est-ce qu'il y a du mieux ? C'est aussi une fluidité à ce niveau qui peut motiver les voyageurs à prendre le train. 

Si on regarde le train qui arrive à Avignon-centre à 7h40, on voit qu'il faut attendre une heure une correspondance si on veut poursuivre jusqu'à Nîmes. C'est assez embêtant. On retrouve la même chose sur le train de 10h06 au départ de Pont-Saint-Esprit. On arrive à 10h37 à Avignon-centre mais il faut attendre 11h32 pour avoir une correspondance jusqu'à Nîmes. 

train ter rive droite du rhône gare bagnols
Le chemin vers la réouverture totale de la ligne TER rive droite du Rhône s'annonce plus difficile que prévu.  • photo Marie Meunier

Et le soir, les horaires sont-ils adaptés ?

Le train qui part à 17h30 de Pont-Saint-Esprit est bien, mais celui de 16h04 est un peu tôt dans l'après-midi, il vaudrait mieux en avoir un à 18h30. Dans l'autre sens, d'Avignon vers Pont-Saint-Esprit, les trains sont assez intéressants. Ils y étaient déjà avant, ils ont bougé de seulement quelques minutes. Mais là aussi, on retrouve encore un problème de correspondances sur la moitié des trains si on part de Nîmes-centre. Si on veut monter sur Pont-Saint-Esprit depuis Nîmes, il peut y avoir de l'attente à Avignon. 

Avez-vous fait remonter vos observations ?

On a été reçu en préfecture du Gard la semaine dernière. On leur a aussi exposé les problématiques sur les travaux et sur les études environnementales. Ils ont pris acte. On va voir si l'écoute attentive qu'on a eue va être suivie d'effet. 

Pour l'instant, seules les gares de Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze sont desservies sur la ligne. D'autres gares doivent encore rouvrir. Et ces études environnementales risquent de ralentir le calendrier ?

Ces études environnementales doivent s'étendre jusqu'à fin 2024 dans le calendrier SNCF. Après, il faut encore que l'Autorité environnementale valide ces études. On a envie de dire : du moment qu'il y a eu le rendu d'études en 2024 par la SNCF, accélérons le calendrier pour que les travaux puissent se faire en 2025, notamment là où il n'y aucun risque environnemental, comme à Villeneuve-lez-Avignon. Comme cela, on respecterait une partie du calendrier des travaux fixé à décembre 2025. On est aussi en lien avec nos amis d'Ardèche, car les études environnementales englobent bien la gare du Teil. 

Il y avait aussi des inquiétudes à propos des conditions imposées par l'EPSF (Établissement public de sécurité ferroviaire) ?

Les personnes de la SNCF ont vu apparaître encore une nouvelle version du guide de sécurité ferroviaire qui dresse les critères pour ensuite mener les études sur les passages à niveau. Il y a déjà eu une étude juste avant la modification du guide début 2023. Là, cette 3e édition du guide doit à nouveau être prise en compte alors que la deuxième mouture de l'étude est finie. À chaque fois, c'est du retard et de l'argent public dépensé. 

En quoi consiste ce guide ?

Il donne les éléments pour évaluer la criticité des passages à niveau. On a dit au préfet qu'il fallait arrêter les frais. Il faudrait une stabilisation d'un guide pour pouvoir mener les études qui ne sont pas neutres et qui font peser un retard important sur la suite du programme. Si les travaux d'amélioration de la sécurité des passages à niveau ne sont pas réalisés et que l'EPSF ne donne pas son quitus, on ne peut pas rouvrir entièrement la ligne rive droite. 

Même si les trains voyageurs sont de retour depuis seulement un an et demi, le fret n'a jamais cessé sur cette ligne pourtant...

Sur cette ligne-là, passent quarante trains de fret par jour. Maintenant il y a cinq allers-retours de trains voyageurs en plus. On a aussi des trains détournés de la rive gauche qui passent parfois. Et on n'a pas eu plus de problématiques que ça jusqu'à présent. 

Vous êtes inquiet sur la tenue du calendrier ?

On est toujours inquiets. Si on suit les critères édictés avec les études environnementales et l'EPSF, on attaque les travaux fin 2026. Donc on perd deux ans alors qu'on pourrait mener déjà certains travaux pour améliorer la desserte de la rive droite du Rhône. C'est là-dessus qu'on a insisté auprès de la préfecture. D'autant que cela fait peser de l'incertitude sur les collectivités locales qui investissent des sommes importantes sur les pôles d'échanges multimodaux. Des communes comme Remoulins, Aramon ou même Théziers qui auront des travaux à réaliser sur leur voirie ont besoin de certitude sur le moment des travaux pour ne pas bloquer de l'argent pour rien. 

On entend parfois des personnes se plaindre de trains annulés au dernier moment. Est-ce une problématique qu'on vous fait remonter aussi ?

Des usagers de l'association me disent que quelques trains sont annulés sans alerte préalable. Certains usagers se tournent vers le car (alors que le trajet Pont-Saint-Esprit-Avignon en car prend 1h16 contre 30 minutes en train, NDLR). Je connais même des personnes de l'association qui ont basculé sur la voiture car le train n'est pas assez fiable. Ils veulent être sûrs d'arriver au boulot. C'est dommage car il y a des investissements très importants sur cette ligne, on sait que c'est utile au territoire mais la production n'est pas au rendez-vous. 

À relire sur le même sujet : www.objectifgard.com/actualites/fait-du-jour-un-an-que-la-ligne-ter-rive-droite-du-rhone-a-rouvert-mais-le-combat-continue-114082.php

Marie Meunier

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio