Objectif Gard : L'an dernier, Carole Delga était venue à la foire de la pomme et de l'oigon doux en s'engageant à vous aider en cas de construction de bassins de retenue d'eau. Où en est-on ?

Philippe Boisson : Tout est bloqué par la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) et les politiques ne nous aident pas. On a demandé des petits bassins, les différents élus ont tous reçu le dossier. On fait des études dans les communes, sur l'eau... Elles vont coûter un bras et n'aboutir à rien. On vient de prendre 2,50m d'eau au m2 sur la figure, et on n'est pas encore capable de stocker un peu de cette eau. L'oignon doux est le seul produit agricole sans problème de vente, on travaille à flux tendu. Et quand je vois l'affluence qu'il y a aujourd'hui... (NDLR, hier, ce dimanche, lors de la foire au Vigan). 

Avez-vous une prochaine échéance, un rendez-vous qui ferait accélérer le dossier ?

On n'a pas de rendez-vous pour l'accès. On est dans une réflexion qui est de maintenir et de créer des emplois. Et on n'a même pas nos élus en face de nous. À quoi servent-ils ? On voit tous ces gens qui aiment notre produit. Pourquoi faut-il autant de temps pour obtenir un rendez-vous ?

Vous disiez aux élus, ce dimanche, craindre la réaction de certains des vôtres...

On leur a pris les panneaux de sortie des communes, on n'a rien cassé, c'est une première phase, c'est folklorique. Nous sommes solidaires, aussi, de nos collègues éleveurs. On a tous des problèmes et on voit qu'on est abandonnés. Dans l'agriculture, on se sacrifie. À Régis Bayle (*), je lui ai dit "vous trouvez normal qu'un agriculteur à la retraite soit à 800 € par mois ? Qu'on travaille autant avec aussi peu de revenus ?" Quand un ouvrier fait 35 heures, on est à 70 ou 80 heures. Alors qu'on demande juste de vivre de notre produit.

Si l'année 2024 n'a pas manqué d'eau, un bon argument pour vous cette année, mais on a aussi connu des années sèches récemment...

Si on fait des bassins, on les fait pour nous et pour les générations futures. Toutes les générations ont pris de l'eau. Lors des cellules secherese, j'ai vu que c'était surtout l'agriculture qui était mise en cause. Mais on doit laisser les quelques-uns qui restent pouvoir continuer à travailler ! Et puis, le tourisme ne marche pas si les Cévennes ne sont pas entretenues. On souhaite une vision d'ensemble, avec des bassins généralisés pour stocker l'eau pour les coopérateurs. Et que les élus se rendent compte qu'ici, sur le stands et ailleurs, on voit beaucoup de jeunes. Moi, j'ai 48 ans mais la moyenne d'âge de mon conseil d'administration, c'est 35 ans ! Notre boutique sur place fait un million d'euros de chiffres d'affaires, des gens viennent dans les Cévennes pour acheter nos produits. On veut pouvoir porter des projets.

(*) le président de la communauté de communes du Pays Viganais