L'INTERVIEW Valérie Desbrosses, directrice de Sauramps : "On est en train de revoir notre offre"
À la tête de la librairie "Sauramps en Cévennes" (Alès) depuis plusieurs mois, Valérie Desbrosses est consciente des difficultés traversées par son établissement mais ne baisse pas les bras, au contraire. Son magasin est en pleine évolution pour s'adapter à la période actuelle, au marché de l'occasion et aux géants de la commande en ligne.
Objectif Gard : Comment se porte la librairie depuis que vous êtes la directrice ?
Valérie Desbrosses : Je suis chez Sauramps depuis un peu plus de vingt ans, j’ai commencé à y travailler en temps que libraire. En octobre dernier, on m'a proposé le poste de responsable que j’ai accepté avec grand plaisir. Pour moi c’était un challenge et une reconnaissance de mon travail et de mes compétences. Aujourd'hui, on a une évolution qui est dûe au changement des consommateurs, cela ne se traduit pas positivement dans notre chiffre d’affaires. On a été en redressement judiciaire en 2017, puis on a été racheté. Aujourd'hui, le pouvoir d’achat des gens n’est pas le même, il y a l’inflation et le mode de consommation est différent depuis vingt ans. Évidemment, depuis le covid, les ventes en ligne ont explosé. On a une concurrence plus importante qu’il y a vingt ans, on a été seul sur le marché pendant un petit moment, aujourd'hui la concurrence est toujours bonne à prendre et permet de se remettre en question.
Votre proportion de commandes sur Internet a-t-elle augmenté ?
La proportion nationale de commandes sur Internet a augmenté, mais notre site n’est pas celui des géants de la vente en ligne. En librairie, c’est important d’avoir un contact avec les gens. On a nos clients qui viennent à la librairie, et qui aiment toucher les ouvrages.
Par rapport au chiffre d’affaires et à la période que traverse Sauramps, est-ce que vous confirmez aujourd’hui qu’il y a encore des difficultés et si oui, est ce que vous commencez à voir un peu le bout du tunnel ?
On est en train de revoir notre offre. Ce dimanche et lundi se déroulent d'ailleurs les rencontres nationales de la librairie à Strasbourg. On parle beaucoup de la surproduction actuellement, nous on retravaille l’offre et notre stock, c’est un travail qui est fait sur le long terme et qui a d’ailleurs commencé en début d’année. On aura peut-être une meilleure fin d’année, les résultats se feront peut-être sur les six derniers mois de l’année. Avant nous avions l’habitude d’avoir des livres partout sur les rayons mais on ne le fait plus pour la survie de la librairie. Aujourd'hui nous faisons des choix qualitatifs. Nous sommes concentrés sur la rentrée scolaire et on va bientôt pouvoir préparer Noël.
Craignez-vous que cet été soit une période un peu plus creuse ?
Il n’y a pas de période creuse en librairie, ou peut-être en début d’année. Sur les deux mois d’été, on voit juste une autre clientèle. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de passage sur les mois de juillet et d’août, on accueille pas mal de touristes. Il s’agit d’un échange qui est tout à fait intéressant pour nous puisque c’est un autre regard sur la librairie et une autre demande : on vend des romans, beaucoup de livres de poche donc on a affiné nos stocks par rapport à cette demande que l’on va avoir en juillet et en août. D’autre part, on est en train de travailler l’offre du mois de septembre pour la rentrée scolaire, pour les lycéens, les collégiens qui vont nous demander des livres scolaires.
Sauramps se positionne aussi sur des événements en partenariat avec la ville d'Alès et Alès Agglomération comme le Cabri d'Or, le Cabri Jeunes ou encore le festival Passeurs de Livres, c'est important pour vous ?
Je tiens beaucoup à être présente sur ce genre de manifestations et effectivement je tiens à ces partenariats. D’un point de vue professionnel et par rapport à la confiance que Alès Agglomération a sur notre territoire. Personnellement, je trouve que c’est très bien, ça m’intéresse d’être sur ce genre d’événements. J’étais très contente d’avoir été sollicitée pour le concours d’oralité récemment. Je fais aussi partie du jury du Cabri d’Or depuis quelques années, il y a un échange très sympa aussi avec les autres membres du jury. On est actif sur ce genre de partenariat.
En avril à l'occasion d'une venue au Festival du Livre de Paris, le président de la République Émmanuel Macron proposait de mettre en place une taxe sur les livres d'occasion pour ne pas faire exploser le prix des ouvrages neufs, qu'en pensez-vous ?
Par rapport à cette taxe, je n'ai pas forcément envie de m'exprimer dessus. Par contre, pouvoir proposer de l’occasion à nos clients serait envisageable. Je comprends que les gens se tournent vers la seconde main, du coup ce marché peut être intéressant pour nous.