Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 11.10.2024 - Propos recueillis par Corentin Corger - 5 min  - vu 1614 fois

L’INTERVIEW Vincent Bastide : "12 euros pour un quart de finale dans un ATP"

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Vincent Bastide 

- Photo Bastide Médical

Le PDG de Bastide Médical revient sur le lancement du nouveau tournoi de tennis qui se tiendra les 4 et 5 avril dans les arènes de Nîmes. 

Objectif Gard : Pourquoi avez-vous eu envie de remettre du tennis dans les arènes de Nîmes ?

Vincent Bastide : Le sport et la santé sont des sujets qui sont naturellement liés. Red Bull, dont l’activité de base ne concerne pas le sport, a acquis une notoriété mondiale par le sport. Dans la santé, personne n'a jamais pris une telle initiative. Pour nous, c'est gratifiant parce qu'on s'est tellement fait estampiller comme une entreprise dédiée au vieillissement que je voulais prendre le contre-pied de cette image qui nous collait à la peau. J'ai une affinité pour le tennis, car je l'ai pratiqué jeune pendant dix ans. Parallèlement, j'ai eu la chance de tisser des liens d'amitié très proches avec l’ancien joueur Jérémy Chardy qui m’a présenté Patrick Mouratoglou, fondateur de l’UTS. C’est un alignement des planètes. Je trouvais que c'était dommage que les arènes ne proposent plus de tennis. J'en ai discuté avec de nombreux Nîmois, ils voulaient que cela revienne au goût du jour. Et c’est le cas avec des gens très professionnels.

En tant que Nîmois, avez-vous déjà assisté à un match dans les arènes ?

Oui, j'étais allé voir le Trophée Philips. Je devais avoir 15 ans à l’époque. J'étais en admiration totale devant John McEnroe, pour moi, c'était une star. Si on m’avait dit à 15 ans que 40 ans plus tard, j'aurais pu accompagner un projet comme celui-ci, jamais, je ne l’aurais cru. Après, je ne suis pas en train d'assouvir un rêve personnel. Ma personne doit passer après les intérêts du groupe. Je suis allé vers la voile, le foot, le rugby ou encore le hand et je ne pratique pas ces sports-là, je ne les connais pas bien. Mais pour autant, je l'ai fait, car si cela peut avoir un effet bénéfique pour le groupe, j'y vais.

D’ailleurs beaucoup de Nîmois se demandent pourquoi vous ne rachetez pas Nîmes Olympique ?

Je pourrais être capable de m'intéresser au foot ou à un autre sport. Parce que quand on s'implique dans une activité sportive, on en comprend les subtilités et les mécanismes. Et ça peut être passionnant. Mohed Altrad ne connaissait rien au rugby avant d’arriver à Montpellier. Ce n'est pas un obstacle insurmontable mais il faut le faire avec un objectif derrière. Dans le foot, je ne vois pas d'objectif. Les moyens alloués pour arriver à un très bon résultat sont tels que cela demande beaucoup trop de temps et de moyens financiers pour mon groupe au travers des bénéfices que je pourrais potentiellement en tirer. Surtout au vu des difficultés que cela peut engendrer. On voit qu'il y a quand même un gros problème avec les clubs de supporters. Enfin, concernant la structure du Nîmes Olympique, tout n'est pas résolu par rapport à l'actionnaire Rani Assaf. Donc, de ce fait, c'est un sujet qui est beaucoup plus complexe que le tennis où on part d'une feuille blanche.

"Plus de 6 000 spectateurs par jour... une jauge tout à fait acceptable"

Il y avait moins de risques en soutenant un tournoi de tennis…

Dans ce projet, même si on est un des partenaires principaux, c'est quand même Patrick Mouratoglou qui porte les risquent sur le coût global de cette manifestation. D’ailleurs, le montant d’un million de dollars de prize money ce n’est pas Bastide Médical qui l’assume. Initialement, ils m'ont proposé de nous lancer dans ce projet-là en étant associés. Comme je n'avais pas le recul sur la probabilité de succès de l'événement, je n'ai pas voulu engager un risque inconsidéré. Pour la première année, je préfère être partenaire principal et j'alloue une somme fixe. L'année prochaine, si ça marche bien, peut-être que je proposerai à Patrick de m'associer avec lui dans l'avenir. Si on fait plus de 6 000 spectateurs par jour, on sera sur une jauge tout à fait acceptable.

A-t-il été compliqué de convaincre la ville de Nîmes ?

Il a fallu convaincre la mairie de nous suivre dans cette aventure-là parce que c'est un budget pour eux (250 000 euros). Et convaincre du retour sur investissement. Avec les équipes de l’UTS, on a fait tout un travail de pédagogie pour leur expliquer que l'impact médiatique, je l'espère, sera largement supérieur au coût que la ville a pu engager dans l'événement. En plus, c'est le seul événement en France de ce type-là.

Et les joueurs ?

Il y a la proximité géographique de leur lieu d'activité à ce moment-là. La force de ce tournoi est de se dérouler avant Monte-Carlo. En même temps, il y a deux tournois ATP aux États-Unis et à Marrakech, mais qui génèrent que peu de points. Et puis sur un million de dollars de prize money dont 300 000 pour le vainqueur, cela signifie que les autres participants ont environ 100 000 dollars chacun. Si vous prenez, l'ATP 250 de Montpellier, c'est 110 000 dollars de prize money pour le vainqueur.

"Vous n'aurez jamais des prix à 12 euros pour un quart de finale dans un ATP"

Et puis ce type de tournoi révolutionne aussi le monde du tennis, n’est-ce-pas ?

Ça m’a un peu déstabilisé quand Patrick m'a présenté le projet et les règles. Les arguments qu'il évoque sont tellement objectifs, certes certains conservateurs diront que ce n'est pas du tennis. Mais le constat, c'est que dans un match de tennis, la partie jeu représente que 30 %. On perd beaucoup de temps. Là, tout est comprimé au maximum avec un match qui dure 45 minutes par tranches de huit minutes et une seule balle de service. Il y a plus de spectacle avec des éléments issus de la NBA. Sur un point à enjeu particulier, la musique peut intervenir dans le point. On va théâtraliser un peu le jeu. Le comptage de points est très simple et rend la chose plus accessible à tous.

Avec des tarifs abordables ?

Les premiers prix des places en quart de finale, cela coûte 12 euros. Vous n'aurez jamais des prix à 12 euros pour un quart de finale dans un ATP. C'est plus cher. Donc, on arrive à avoir des prix qui sont plus compétitifs. Là encore, pour pouvoir justement démocratiser l'accès à tous.

Parmi les quatre noms restants, à qui faut-il s’attendre ?

Sur les quatre noms restants, il y en a déjà trois actés. Il y a un top 20 et deux top 10. En tout cas, un joueur comme Alexander Zverev (3ᵉ mondial) illustre vraiment ce projet. Il est diabétique et joue avec une pompe qu'il a sous son maillot. C'est exactement le type de dispositif que nous mettons en place chez nos patients. Cela témoigne que l'on peut être atteint d'une maladie chronique et être un athlète de haut niveau. J'aurais aimé qu'il participe au tournoi. Il fait peut-être partie du dernier joueur à convaincre. Je ne sais pas, on verra.

Le tennis dans les arènes

En plus du Trophée Phillips, un tournoi amical, qui s’est déroulé de 1986 à 1989, les arènes de Nîmes ont accueilli à trois reprises l’équipe de France en Coupe Davis : en 1991, 1992 et 1999.

Propos recueillis par Corentin Corger

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