MÉDIAS Le nouveau PDG des Journaux du Midi : "le rachat, un pari"
Bernard Maffre, le vice-président du groupe La Dépêche du Midi et nouveau PDG des Journaux du Midi — qui éditent notamment Midi Libre — a réservé sa première sortie officielle au Club de la Presse et de la Communication du Gard depuis le rachat par le groupe toulousain du groupe montpelliérain l’été dernier.
Devant l’assistance réunie mardi à l’hôtel Vatel de Nîmes, Bernard Maffre a expliqué les raisons de la prise de contrôle de la Dépêche sur les Journaux du Midi.
« C’est le résultat d’une stratégie »
« Nous ne sommes ni dans une démarche d’hégémonie, ni d’investissement patrimonial, c’est le résultat d’une stratégie. Toulouse se situe à équidistance de Bordeaux et Montpellier, nous considérons que Toulouse avait un avantage pour bâtir un espace à l’aune d’une Europe en train de se construire, entre front Atlantique et front méditerranéen », explique le PDG, avant de qualifier le rachat de « pari sur le développement de la presse de proximité au moment où elle traverse des difficultés. »
Des difficultés structurelles, que Bernard Maffre met sur le dos de « la concurrence des réseaux sociaux » et du « syndrome tous journalistes », mais aussi des médias gratuits, qui « posent un problème. » Pour autant, selon le nouveau PDG du quotidien régional, les titres historiques comme le Midi Libre ont un avenir via leur « marque » et leur « label » sur les informations, par opposition aux « tous journalistes » des réseaux sociaux. Le papier aussi, qui à terme, même si « il ne sera plus le mass-média qu’on a connu, restera quand même une réalité, notamment le week-end. » Pas question donc, de laisser tomber Gutenberg.
Encore 150 départs à Midi Libre
Mais comment faire face à la concurrence, avec des coûts de production de l’information plus élevés ? « Si on continue à produire de l’info sur le web au prix de Gutenberg, le web ne sera jamais rentable », admet le PDG. Alors, il faut jouer sur les coûts, notamment salariaux, avec près de 350 départs annoncés sur l’ensemble du groupe, dont 190 à Midi Libre. Une stratégie assumée par Bernard Maffre : « il faut parler vrai. Midi Libre, c’est 30 millions de chiffre d’affaires en moins que la Dépêche et 300 personnes en plus. La productivité de Midi Libre est inférieure à celle de la Dépêche. » Après le départ d’une quarantaine de salariés par le biais de leur clause de cession, les 150 départs restants à Montpellier « ne se feront ni via un plan social, ni par un plan de départs volontaires mais se feront sur quatre ans. » Les départs en retraite devraient suffire, a sous entendu Bernard Maffre.
Le salut passe aussi par une réorganisation du quotidien : « nous avons trouvé une organisation vieillissante et coûteuse » estime le nouveau PDG, pour qui « Midi Libre a beaucoup de travail à faire pour arriver aux standards de Toulouse. » Enfin, l’avenir du groupe passera également par la diversification : « si on ne développe pas les autres activités, notre groupe comme les autres ne s’en sortira pas », affirme le PDG, avant de citer pêle-mêle « l’événementiel, les salons, les événements sportifs, l’entertainment (divertissement, ndlr). »
Enfin, à la question de savoir ce que le lecteur pouvait espérer de cette récente prise de contrôle, Bernard Maffre s’est montré direct : « c’est d’avoir toujours un quotidien régional. Il n’y avait pas la queue pour racheter le groupe, nous étions les seuls. »
Thierry ALLARD