MUNICIPALES 2014. Vague de changements sur le bassin alésien
A deux exceptions près, tous les villages de plus de 1500 habitants dans le bassin alésien ont changé de maire ce dimanche. Ce n'est pas une vague bleue. Ni une vague rose. Et encore moins bleu marine. C'est une vague qui ne semble pas influencée par la politique menée au national.
Seuls les maires d'Anduze et de Saint-Jean-du-Pin sont reconduits dans leurs fonctions. Les autres grands villages ont changé de camp, autant à droite qu'à gauche. Difficile d'ailleurs de définir leur couleur puisque tous, ou presque, se revendiquent sans étiquette. "On nous taxe souvent de gauchos, mais il y a dans notre liste des personnes de droite et des écolos. Il est vrai que j'étais au PS quand j'étais jeune mais je suis rapidement parti en courant", affirme Jean-Michel Perret, le nouveau maire de St-Hilaire de Brethmas, élu dimanche. "Dans tous les cas, ce n'est pas le parti qui a compté mais la personne. Plus le village est petit, plus le maire est connu de ses concitoyens". Même discours du côté de Vézénobres où Sébastien Ombras, qui vient d'être élu, est souvent classé à droite, et s'en défend : "Nos projets ne sont ni de droite, de gauche. Agrandir une école, ça n'a pas de couleur politique", précise-t-il. A St-Jean-du-Gard, le nouveau maire va plus loin : "Il ne faut pas créer de clivage entre les partis en local, car ce dernier génère la scission et on n'a pas les moyens se le permettre dans un village de 2600 habitants", souligne Michel Ruas qui a éjecté le PS au pouvoir depuis 25 ans.
Claude Cerpedes, qui mis la droite K.O à St-Martin-de-Valgagues, est le seul maire élu dimanche qui revendique son appartenance au Parti communiste. Il ne croit pas au sans-étiquette. "Je pense qu"il y a une gestion de droite et une de gauche. Une manière de penser et de faire. Même si les projets sont les mêmes. Classiquement, on mènera la barque de manière plus technocratique à droite, et de manière plus concertée à gauche".
Les enjeux locaux en ligne de mire des électeurs
En fait, beaucoup se rejoignent pour affirmer que les petites communes sont moins concernées par la question de la couleur du parti que les grandes villes, et que la politique nationale n'influence que très peu les scrutins locaux. "En 2008, les habitants n'avaient pas eu le choix, il n'y avait qu'une liste. Cette année, il y en a eu quatre, en réaction au travail que le maire sortant a mené", assure Thierry Balzagette, qui reprend le fauteuil de Maurice Viala à Bagard. "Les habitants voulaient juste du changement, et ils me connaissaient puisque j'étais au conseil municipal lors du mandat précédent", ajoute-t-il.
De son côté, Jean-Charles Bénézet, UDI, ouvre avec sa victoire une nouvelle ère à St-Christol-les-Alès, à gauche depuis cinquante ans. "Il n'y a pas eu de vague bleue chez nous. Les revendications que j'ai entendues pendant toute ma campagne concernaient les enjeux locaux. La politique nationale a sûrement eu quelques conséquences, mais à la marge. Ce n'est pas une question de parti mais de personnes. Beaucoup de gens ne connaissaient pas le maire sortant qui allait très peu à la rencontre des gens. Il avait un idéal et des théories, mais il manquait la pratique, et c'est très important dans un petit village. Je sais ce qu'il me reste à faire".
Pour d'autres, c'est l'usure du pouvoir, parfois aux mains du même maire pendant plusieurs mandats, comme à Saint-Martin-de-Valgagues ou à Saint-Hilaire de Brethmas. "C'est tout de même une page qui se tourne, le maire sortant avait fait quatre mandats et on le sentait à bout de souffle, même s'il avait désigné un successeur", selon Jean-Michel Perret qui reconnait que le cas de St-Hilaire est bien plus complexe. "Le projet de golf a été clivant. La majorité sortante ne voulait pas faire d'étude de faisabilité économique. Cela aurait été un gouffre financier pour l'agglo d'Alès. On va maintenant pouvoir le bloquer".
De même pour Vézénobres et le cas du Plan local d'urbanisme mis en place par le maire sortant. "Ce PLU est non-conforme et est représentatif de la gestion opaque de Bernard Mialhe. C'est ça qui l'a fait perdre", assène le nouveau chef de l'hôtel de ville qui a appuyé sa campagne électorale sur cette question.
A Saint-Ambroix enfin, c'est un candidat non-originaire de la ville et vice-président de la CCI d'Alès, que les électeurs ont choisi. Ce qui est relativement rare dans les petits villages où la promiscuité et l'attache est un élément clé. "Ça a été ma force", affirme Jean-Pierre De Faria. "C'est vrai qu'on est classé à droite mais on a des colistiers de tous les horizons. Je ne crois pas que le contexte national ait joué. Mon œil neuf est nouveau souffle et la commune en avait besoin. C'est une belle endormie qu'il va falloir réveiller".
Eloïse Levesque