MUNICIPALES À Nîmes, Vincent Bouget gagne respect, confiance et prépare l'avenir
Tout au long de la journée, Vincent Bouget et Jo Menut étaient sereinement détendus. Après avoir fait une bonne petite campagne, eux qui étaient arrivés troisième à quelques voix du présidente centriste de la communauté d'agglomération Nîmes métropole, Yvan Lachaud, espéraient secrètement passer devant Jean-Paul Fournier et faire revivre aux Nîmois des airs de 1995.
Un vote à 9h dans son bureau du quartier de Grézan après avoir visité en premier cinq autres lieux de vote. Tel était le programme de la matinée du candidat Vincent Bouget. Des espoirs, des sourires mais un réel calme apparent. Pas question de flamber. Pas encore et si cela doit se faire, cela se fera sans le côté bling-bling tant décrié par cet aile de la Gauche française.
À Nîmes, les communistes et apparentés ont quitté les fauteuils du maire et de la majorité en 2001 pour le laisser à Jean-Paul Fournier. L'espoir renaissait enfin il y a plusieurs mois et le désir d'une Gauche unie se faisait alors sentir. Mais comme toujours, les élans personnels de fougue et les esprits chamailleurs cassent la dynamique et font exploser les songes.
Finalement, dans le sprint final, le grand soir n'aura pas lieu. Jean-Paul Fournier réélu, Vincent Bouget le félicite de manière républicaine mais lui promet une opposition dense lors des conseils municipaux à venir.
18h10. Au bureau 302, la première centaine est dehors. Ces Nîmois ont voté à 38,76 % soit 397 personnes. Premier, Jean-Paul Fournier avec 39, deuxième Vincent Bouget avec 29, troisième Yvan Lachaud avec 17 et quatrième et dernier, Yoann Gillet avec 12. " On pense que ça va être dur mais ce n'est qu'un bureau ! ", lance un soutien.
À Nîmes, la participation s'élève à 32,08 %... Pathétique, quelque chose s'est cassé, les Nîmois comme les Gardois comme les Français ne vont plus aux urnes. À 18h43, prenant la parole sans la prendre, Vincent Bouget déclare que " le bar d'à côté est ouvert ! " Fête-t-il sa deuxième place ? Pas tellement. Il n'a pas le visage marqué, ses traits ne sont pas tirés et parfois un léger sourire vient ensoleiller un air satisfait par le travail accompli.
Sylvette Fayet rigole : " Bon, c'est fait, au bureau 206, c'est toi le maire ! " Le 206 ? C'est le bureau où vote Vincent Bouget. " Évidemment, nous sommes déçus mais nous ne nous laisserons pas abattre si facilement ! On a fait une super campagne. On se contente d'arriver sur la deuxième marche du podium. Sans la division à gGauche, nous aurions pu passer devant Fournier... ", maugrée un colistier.
Pour un autre, bien connu dans le monde de la culture locale, " c'est quand même fou ce qu'il arrive à faire... Fournier est une vraie machine de guerre, je n'en reviens pas. Il est quand même très fort ! " Vincent Bouget, qui reste au contact de ses militants, dans la rue Racine où était son local de campagne, allume cigarillo sur cigarillo. 19h10, le dernier maire de Nîmes communiste, Alain Clary, vient faire son petit tour au QG.
" Tu te rends compte, là, on aurait huit élus dans l'opposition, c'est super ! ", calcule une colistière. À 19h45, on donne Fournier à 41, Bouget à 27, Lachaud à 19 et Gillet à 13. " Comment peut-on encore y croire ? Vous avez vu la participation, c'est ridicule ! Que les gens en souffrance, que les écologistes à la noix, que les gilets jaunes et tous les autres ne viennent pas me dire que rien ne change... ", s'énerve un autre militant.
Les résultats tombent, la défaite a des airs de victoires. Non, Nîmes ne vivra pas un autre 1995 mais Nîmes a trouvé une nouvelle opposition. Parti de la rue Racine, le cortège, silencieux mais souriant, est allé jusqu'au Prolé pour retrouver une ambiance moins feutrée et plus festive afin de fêter dignement cette longue campagne des municipales 2020.
Voici le discours de Vincent Bouget au Prolé après le second tour des élections municipales 2020 : " Notre liste recueille presque 26,5 % des voix dans ce second tour. Monsieur Fournier est donc réélu pour un mandat de six ans, en mon nom et au nom de notre collectif je tiens à lui adresser mes félicitations républicaines. J'émets le vœu cependant qu'il s'attache dès le début de son mandat à garantir la cohésion de notre ville. La crise que traverse le pays, conjuguée à la défiance contre le système politique en général, les résultats de l'abstention d'aujourd'hui sont certainement un enseignement majeur qui nous interpelle. Cette crise ne manquera pas de fragiliser encore un peu plus notre tissu local, notre société. Plus que jamais nous devons faire preuve d'ouverture, de dialogue, d'exemplarité. Notre résultat est un bon résultat. Nous sommes la liste qui a connu la progression la plus spectaculaire entre le premier et le second tour. En nous plaçant en seconde position les électeurs nous entrevoient comme la seule force politique crédible et légitime pour préparer la future alternance sur Nîmes. Cette confiance nous honore et nous engage aussi. Esprit de responsabilité, devoir d'exemplarité, sens de l'intérêt général, volontarisme politique et protection des plus vulnérables guideront notre conduite durant ce mandat dans l'opposition municipale. Nous serons une opposition vigilante, constructive quand cela sera possible, et nous nous ferons les porte-voix des Nîmois. Ces salariés, ces indépendants, ces artisans, ces commerçants, ces précaires, ces agents de la fonction publique qui, comme tous les sans grade, ont montré ces derniers mois qu'ils étaient la force vivante de notre pays et de notre ville. Je dois adresser mes remerciements sincères et chaleureux aux plus de 7 000 Nîmois qui ont choisi notre "Nîmes citoyenne à gauche". Je veux redire ici combien j'ai apprécié l'implication de Jo, de Patrice, de Corine, de Sylvette, de Bruno, de Chantal, de Myriam... Et, en dernière position, celui qui nous a poussé jusqu'au bout, Alain Clary. À tous nos colistiers je veux dire un grand merci et nous savons qu'au-delà de ceux qui composaient la liste, nous étions tous ensemble dans la même bagarre et la même lutte. Vous avez été formidables, votre travail, votre enthousiasme, ont rempli le cœur de beaucoup de Nîmois pendant la dernière période. Tous auraient mérité de siéger au conseil municipal. Tous, merci encore. Merci aux militants, de plus en plus nombreux, plein d'entrain, passionnés et ils étaient des candidats comme nous. Nous sommes amenés à nous revoir très vite. Je salue le peuple de Gauche et des écologistes à Nîmes, qui, au-delà de la dernière période, doit pouvoir trouver les chemins de l'espoir pour dès demain être utile aux Nîmois et après-demain construire de belles victoires ! "