NÎMES Au Chemin Bas : des nouveaux locaux et des craintes pour l’association Feu Vert
« Les gamins viennent moins ces temps-ci, les mamans ne veulent pas les accompagner car elles ont peur de sortir après 18h30 »
Fondée en 1989 et historiquement implantée dans le quartier nîmois du Chemin Bas, l’association Feu Vert est engagée pour l’insertion sociale dans ce Quartier de la Politique de la Ville (QPV). Ses missions principales sont l’accompagnement scolaire de près de 90 enfants par an, du CP à la Troisième et l’organisation d’ateliers socios linguistiques pour permettre, à plus d’une centaine de personnes chaque année, d’apprendre le Français afin d’être plus autonome pour toutes les démarches du quotidien.
« Feu vert est vraiment typique de la politique de la ville avec une forte population allophone (qui parle une langue étrangère) et qui a besoin pour mieux s’intégrer de parler la langue française. Elle répond de mieux en mieux aux besoins des habitants du Chemin Bas », valide Mathias Nieps, sous-préfet chargé de la politique de la ville. À ce titre, Feu Vert reçoit donc des subventions de l’État pour fonctionner et rénumérer notamment ses dix salariés dont huit en équivalent temps plein. Des ateliers qui ne sont plus totalement gratuits pour les usagers, une participation symbolique de 15 euros pour toute l’année est demandée afin d’inciter un engagement et de venir jusqu’au bout.
L’association intervient également auprès des bénéficiaires du RSA pour les aider à un retour vers l’emploi en travaillant sur la levée des freins comme la garde d’enfants. Sans oublier, le service de médiation qui a réalisé entre 700 et 1 000 entretiens en 2023. Des activités variées et donc la nécessité d’avoir des locaux à la hauteur de la demande. Feu Vert vient ainsi d’inaugurer son nouveau siège, toujours sur l’avenue Bir Hakeim au numéro 245, dans les anciens bureaux de la CPAM (Caisse Primaire d'Assurance Maladie) vacants depuis plusieurs années et mis à disposition par le bailleur social Habitat du Gard.
« Le marché de la drogue est en train de pourrir complètement les relations »
« Nos anciens locaux étaient trop petits. Nous n’avions pas d’accueil, on arrivait directement dans la salle de cours, la seule où on pouvait organiser les ateliers. Elle servait aussi de salle d’attente, ce qui n’était pas pratique et pas confortable. Ça manquait de confidentialité », rappelle Tiphaine Tayar, coordinatrice chargée de développement. Des locaux trois fois plus grands avec une salle dédiée aux ateliers et des bureaux pour recevoir les familles. Désormais, les activités sont regroupées plus que sur deux sites avec ce nouveau local et le centre social André-Malraux pour la médiation.
Lors de l’inauguration, en présence du sous-préfet et de Richard Tiberino, chargé de la politique de la ville pour Nîmes métropole, Danièle Cazes, présidente de l’association, a forcément évoqué le contexte actuel très pesant au Chemin Bas liée à une insécurité de plus en plus forte : « les tirs, les balles et le marché de la drogue sont en train de pourrir complètement les relations. Les gamins viennent moins ces temps-ci, les mamans ne veulent pas les accompagner car elles ont peur de sortir après 18h30. Tout le monde a peur mais pas nous, on ne veut pas lâcher. »
Si le trafic de drogue se situait plus à l’intérieur du quartier, un membre de l’association a aperçu récemment un point de deal juste derrière le bâtiment. Il est donc urgent d’intervenir pour maintenir l’accessibilité à ce noyau dur, indispensable de la vie du quartier.