Jeudi dernier, c'était l'effervescence au sein de la Maison nîmoise des Compagnons du Devoir inaugurée en juin 1973. Une soirée était organisée pour fêter en grande pompe, certes avec peu de retard, les 50 ans de ce site emblématique. Pour l'occasion, les oeuvres exposées brillaient et le public, principalement des artisans, était venu en nombre. Au menu, il y avait aussi l'inauguration des laboratoires de pâtisserie et de boulangerie utilisés depuis un an et demi. 

Plus de 700 000 euros de travaux ont été réalisés pour transformer les anciens atelier des peintres et salle des tailleurs de pierre au profit des 200 alternants en boulangerie et pâtisserie qui bénéficient d'un espace de travail de qualité. Grâce à ces nouveaux locaux, la capacité d'accueil a doublé. La maison de Nîmes compte au total 450 alternants plus les 80 itinérants qui font actuellement le fameux tour de France. Sur les 1 750 pensionnaires des Compagnons du Devoir en Occitanie, Nîmes fait donc partie des principaux sites. 

Lieu de préparation pour les Olympiades des métiers

Dans l'établissement connu de tous, situé au croisement de l'avenue Kennedy et de la N106, 15 formations sont proposées dont six dispensées sur place : boulangerie, pâtisserie, peintre, maçon, couvreur et jardinier/paysagiste. Avec ce laboratoire flambant neuf, l'idée est aussi de proposer des stages modulaires de quelques jours pour permettre à des professionnels de se perfectionner comme par exemple sur le montage de bûches. 

Et également que les compagnons puissent préparer dans les meilleures conditions les concours dans lesquels ils sont en lice. C'est le cas pour le trio qui viendra s'entraîner à Nîmes avant de représenter la France au prestigieux concours WorldSkills (Olympiades des métiers) qui se tiendra à Lyon du 14 au 16 septembre prochain. Des titres, la maison nîmoise en a connu en 50 ans dont le dernier avec une victoire à la Coupe de France des écoles remportée en janvier dernier. 

Nîmes vainqueur de la Coupe de France des écoles

Dans le trio nîmois vainqueur, on retrouve Guénolé Grandmaison. Ce Jurassien âgé de 19 ans est à Nîmes jusqu'en septembre dans le cadre du tour de France. "C'est la cerise sur la gâteau après trois mois intenses avec l'entreprise le matin et l'après-midi, l'entraînement plus la vie de compagnon", savoure-t-il alors qu'il partira ensuite vers Bordeaux puis au Japon dans deux ans. Des succès qui illustrent aussi l'expertise et la qualité des formateurs des compagnons. 

Une grande famille dont Guénolé résume l'état d'esprit, "c'est avant-tout des valeurs qui permettent d'évoluer à travers son métier. On apprend un métier qui est notre passeport avec un état d'esprit et une évolution personnelle à travers le voyage ainsi qu'une fraternité. On est tous frères et soeurs. S'adapter aux coutumes et aux techniques, cela permet aussi de s'enrichir." 

Lors des différentes prises de parole, tous ont rendu hommage à cette école qui forme les artisans de demain aux aspects si particulier. "Cette formidable histoire qui perdure encore aujourd'hui doit nous rassurer sur le fait que notre oeuvre de transmission des connaissances par le voyage doit s'intensifier en continuant d'accueillir des jeunes en quête de sens et en contribuant à l'évolution des besoins de nos métiers", a commenté Philippe Toulon, provincial des Compagnons pour la région Occitanie Méditerranée. Avant d'ajouter :  "le compagnonnage est intimiment lié à la ville de Nîmes, principalement à la construction de bâtiments emblématiques et historiques et ce depuis plusieurs siècles."

Mathias Nieps : "Ils me rendent fier d'avoir l'âge que j'ai !"

Une maison qui a d'ailleurs organisé ses traditionnelles journées portes ouvertes, le week-end dernier, suscitant toujours plus de vocations. "Carole Delga croit fortement à cette jeunesse qui va de l'avant et aux métiers diligentés ici. Les compagnons sont faits d'hommes et de femmes qui véhiculent des idées fortes : le partage, les savoir-faire et un savoir-être pour rendre accessible à un plus grand nombre ces savoir-faire", a tenu à souligner Henry Brin, conseiller régional. 

Après Jean-Marc Campello, l'élu nîmois, c'est le sous-préfet Mathias Nieps, âgé de 26 ans, qui a eu le dernier mot. Après avoir rappelé l'intérêt pour l'État de soutenir un tel établissement, il a souhaité exprimer un ressenti plus personnel : "Les compagnons me rendent fier d'appartenir à cette génération. On entend beaucoup de choses sur les jeunes, on dit qu'ils sont feignants, incapables de se concentrer, de s'engager, individualistes. Ici c'est le contre-modèle parfait ! Des jeunes disciplinés, qui partagent, innnovent et explorent, ils me rendent fier d'avoir l'âge que j'ai !" L'excellence, l'épanouissement, la cohésion ou encore la camaderie, voilà des valeurs que les Compagnons du Devoir veulent continuer à véhiculer à Nîmes.