NÎMES Contre Suez, les élus du Piémont Cévenol solidaires et mobilisés
Face au refus de la communauté de communes Piémont Cévenol de siéger au Syndicat mixte de traitement des ordures ménagères et assimilés Aigoual-Cévennes-Vidourle (Symtoma), le préfet du Gard avait saisi le tribunal administratif. Pour afficher leur union face à cette décision, une trentaine d'élus se sont rassemblés devant le tribunal nîmois. L'audience prévue n'a finalement pas eu lieu puisque l'État s'est désisté.
La communauté de communes du Piémont Cévenol comprend 34 communes gardoises dont les plus importantes sont Saint-Hippolyte-du-Fort, Quissac, Sauve et Lédignan. Pour le traitement des déchets ménagers, cette intercommunalité est rattachée pour 26 communes aux syndicats du Symtoma (Syndicat mixte de traitement des ordures ménagères et assimilés Aigoual-Cévennes-Vidourle) et au Sitom Sud Gard pour les huit autres.
Le premier syndicat regroupe au total 75 communes sur le Gard et l'Hérault, ce qui représente près de 47 000 habitants. Seul candidat au dernier appel d'offres lancé, l'entreprise Suez a remporté le marché sur ce territoire le 1er janvier 2020. Mais les élus du Piémont Cévenol jugent ce marché anti-concurrentiel et ont décidé de ne pas désigner leurs délégués pour siéger au comité syndical du Symtoma dans une délibération en date du 10 mars 2021.
Des pratiques anti-concurrentielles pointées du doigt
"Par cet acte, les délégués entendent dénoncer les pratiques anticoncurrentielles dans le domaine du traitement des déchets qui conduisent à limiter le choix des collectivités et génèrent des hausses du coût du traitement très préjudiciable pour les contribuables", peut-on lire dans un communiqué pour justifier ce choix.
Leur principal grief contre Suez est donc une augmentation du coût du traitement des déchets pour la communauté et donc indirectement pour les administrés. "Ce sont des arrangements entre Veolia et Suez", répond le vice-président, Nicolas Drevon, quand on lui demande pourquoi une seule société a répondu à l'appel d'offre de ce marché. Une stratégie rodée entre les géants du secteur pour se partager ce gros gâteau. Mais face au refus des élus Cévenols de siéger au syndicat, le préfet du Gard a saisi le tribunal administratif pour enjoindre le président de la communauté de communes de convoquer un conseil avec une élection des délégués à l'ordre du jour.
"Son argument était de dire qu'il y avait un risque de salubrité pour la population", explique Nicolas Drevon. Une audience prévue initialement ce mardi matin à 10h mais finalement annulée à la suite du désistement de la préfecture. Avant de connaître cette décision, une trentaine d'élus du Piémont Cévenol était venue jusque devant le tribunal nîmois pour montrer sa solidarité face à cette prise de position. L'affaire n'est pour autant pas close. La communauté de communes va certainement devoir désigner des délégués par défaut.
En prenant du recul sur ce dossier, qui est loin d'être un cas isolé, les élus du Piémont Cévenol réclament la création d'un syndicat départemental pour le traitement des ordures ménagères sur le modèle du Smeg (Syndicat mixte d'électricité du Gard). Ils reprochent aussi à la socialiste Carole Delga, présidente de l'Occitanie, que le schéma régional sur la gestion des déchets "n'ait pas pris en compte les difficultés des petites communes rurales", confie Bernard Cauvin, maire de Lédignan.
"On nous a même proposé de transporter les ordures jusqu'à Toulouse", s'insurge Nicolas Drevon qui voit sa collectivité limitée pour la gestion des déchets. Un combat contre Suez qui est donc loin d'être terminé puisque le renouvellement ou non de cette délégation doit être décidé en juin prochain.
Corentin Corger