NÎMES Des Québécois dans la ville !
Originaire de Nîmes mais exilé depuis deux ans au Québec, Pierre-Jean Milo a traversé l'atlantique avec sa jeune équipe de football -pardon de soccer !- pour participer au Tournoi international de Pâques à Manduel. L'occasion de suivre toute la troupe à Nîmes durant son séjour !
C'est l'histoire d'un Nîmois, Pierre-Jean Milo surnommé "Pierrot" qui a vécu 50 ans dans notre département et qui a quitté, il y a deux ans, son camion Pizza et Manduel pour le Québec, cette province francophone de l'est du Canada. Passionné de foot, Pierrot entraîne une équipe de soccer, composé de jeunes âgés de 10 et 11 ans. Chaque année lors du week-end de Pâques, le club de Manduel organise son Tournoi international des Costières, qui comme son l'indique a pour but que les équipes gardoises se confrontent à des formations étrangères.
Cela a fait ni une ni deux dans la tête du coach français qui a décidé d'emmener sa team de l'autre côté de l'océan Atlantique. "Quand Pierrot nous a dit qu'il voulait qu'on parte en France, on n'a pas hésité une seconde ! ", s'exclame la maman d'un joueur, "c'est une opportunité qui ne se présente pas souvent et c'est l'occasion d'avoir des vacances en famille." Une troupe de quarantaine de personnes, comprenant enfants et parents, a donc débarqué pendant une semaine dans le Gard. Logés au Camping de la Bastide, les voyageurs en ont profité pour visiter Nîmes et les alentours avec le régional de l'étape, allez suivez Pierrot !
Et nous aussi nous avons pu les suivre dans leur road-trip. Après un déjeuner chez Christophe Brunetti, à la Brasserie des Antonins, Pierrot et les siens n'avaient qu'à traverser la route pour une visite digestive dans les Arènes. Des jeunes Québécois émerveillés et interloqués : "c'est bizarre en vrai", lâche Justin. Ce sont surtout les yeux de Pierrot qui pétillent, fiers de faire découvrir ses origines à ses nouveaux compatriotes. "C'est un bonheur de les voir heureux comme ça, dans les Arènes, là ou j'ai défilé quand j'étais miston." Un terme qui fait sourire et qui montre que Pierrot a encore bien l'accent et le vocabulaire nîmois. Même si le terme téléphone portable a disparu pour laisser place au cellulaire.
Malgré la joie de toucher à nouveau le sol de son enfance, le régional de l'étape est clair : sa vie n'est plus ici. "C'est sympa de revenir, mais ma vie est au Canada maintenant. Là-bas la mentalité est différente. Il n'y a pas ce côté râleur que l'on peut retrouver en France", confie t-il dans un des couloirs de la bâtisse romaine. "C'est incroyable de voir un vieux bâtiment qui tient encore debout", raconte, subjugué, Mathieu. La conservation de l'amphithéâtre bimillénaire coupe aussi l'accent de Jean-Michel, un autre papa : "c'est de toute beauté ! ", concède t-il, en hochant la tête. "Nous n'avons pas tout ça chez nous. Notre pays a au maximum 400 ans d'histoire et pas 2 000 ans comme ici ! ", reprend le citoyen du pays au drapeau orné de quatre fleurs de lys.
Un monument hors du commun dont Jean-Michel s'inquiète de la manière dont on le perçoit quand on vit avec quotidiennement. "À force, vous n'avez pas le sentiment de ne plus apprécier la beauté des lieux ? ", m'interroge t-il. Surpris d'une telle question, je lui réponds "effectivement, quand on pense à autre chose on n'y fait plus forcément attention, mais il m'arrive encore de lever les yeux quand je passe à côté." En tout cas les visiteurs d'une semaine en profitent pour s'en mettre plein la vue et notre ami Québécois en profite même pour improviser un petit cours d'histoire à l'intention des enfants et notamment de son fils, Xavier. "J'ai retenu qu'en bas, dans l'arène, il y avait des condamnés à mort qui se battaient avec des lions", réponds, comme au tableau, le jeune homme.
Un morceau d'histoire qui donne de l'idée aux parents pour faire preuve de comparaison, par rapport au tournoi du lendemain qui attend les U10 du FC Boreal. "Tu vois avant ils combattaient pour sauver leur vie, toi demain ce sera pareil", plaisantent les parents "et si tu perds, on te jette aux lions". Pas de quoi effrayer les enfants, qui une fois sortis des arènes, ne perdent pas une occasion de s'adonner à leur passion en déambulant dans les rues de Nîmes.
Une visite qui s'est poursuivie jusque devant la Maison carrée, avant de partir pour aller voir la pratique comme on dit au Québec, c'est à dire l'entraînement, des joueurs du Nîmes Olympique. De quoi motiver nos jeunes footballeurs en herbe qui ont terminé 8ème sur 32 équipes présentes, au tournoi des Costières avant de poursuivre leur découverte de notre pays sur le Pont du Gard et les plages du Grau-du-Roi. Avant de rentrer dans la Belle Province, des souvenirs et des images plein la tête.
Corentin Corger