Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 14.04.2020 - abdel-samari - 2 min  - vu 4095 fois

NÎMES Homophobie : il veut aider pendant le confinement, il reçoit une lettre anonyme

Photo d'illustration

En voulant apporter son aide pendant le confinement à ses voisins, Arnaud, un jeune Nîmois, pensait bien faire. Quelques jours plus tard, c'est une lettre anonyme qu'il a reçu dans sa boite aux lettres en guise de remerciement. Ce courrier à caractère homophobe invite l'agent immobilier, résident de l'immeuble, à prendre des mesures strictes pour éviter de propager le coronavirus.

"Cher Monsieur, nous n'avons rien contre les homosexuels mais nous savons que vous serez porteur avant les autres comme le sida l'a été. Vous faites ce que vous voulez avec vos moeurs bizarres mais vous pouvez contaminer des jeunes enfants et des personnes fragiles. Donc s'il vous plait, évitez de toucher les portes notamment en allant visiter l'ensemble de la résidence pour proposer votre aide (nous n'en voulons surtout pas), l'entrée de l'immeuble et le local à poubelle. Quant au digicode, vous avez normalement en votre possession un badge afin de toucher le clavier. etc."

Arnaud est sous le choc à la lecture de ce courrier reçu dans sa boite aux lettres mercredi dernier. Une lettre sous enveloppe blanche fermée. "J'ai ce jour là ouvert ma boite aux lettres presque machinalement sans imaginer recevoir un courrier de ce genre", raconte le Nîmois encore perturbé par l'insoutenable violence et la bêtise des mots cruels posés sur du papier.

"Au début, j'ai voulu déchirer le courrier et le mettre à la poubelle. Mais mon compagnon m'en a dissuadé. Alors, je me suis dit que j'allais la poster sur Facebook", se remémore Arnaud. Il a bien fait. La presse s'empare du sujet. Et les organisations de lutte contre l'homophobie lui conseille de porter plainte et de l'accompagner dans ses démarches avec la mise à disposition d'un conseil.

"Le soir-même j'étais très en colère. Je ne voulais pas que l'on pense que je me victimisais. Finalement, j'ai fait une pré-plainte sur Internet - confinement oblige - et j'attends le retour du commissariat de Nîmes. Ils m'ont dit que le délai était de trois semaines..."

Originaire de Paris, Arnaud reconnaît que ce n'est pas la première fois qu'il est confronté à l'homophobie. Un mal qui gangrène la société et encourage de plus en plus les passages à l'acte chez les intolérants. "Il y a des caméras dans la cage d'escalier. J'espère qu'elles permettront de retrouver l'auteur du courrier."

En attendant, la solidarité s'organise. Sur la soixantaine de logements dans l'immeuble proche des Jardins de la Fontaine où réside Arnaud, on compte plusieurs locataires dont un réanimateur, externe en médecine aux urgences de Nîmes, un kiné, un chirurgien, etc. En première ligne face au covid-19, ils n'ont pas manqué de prendre la plume pour dénoncer cette lettre anonyme. Un courrier (*) placardé bien en vue dans le hall de l’immeuble... Le tout afin de rappeler qu'en toutes circonstances, la haine et les discriminations n'ont pas leur place dans notre société.

Abdel Samari

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