NÎMES Il menace son voisin avec une poêle et un couteau : 13 mois ferme
Hakim est jugé en comparution immédiate, jeudi 17 mars, pour avoir menacé « d’égorger » son voisin, sur le boulevard Victor Hugo, à Nîmes, armé d’un couteau et d’un poêle à frire, le 5 mars dernier.
Ce jour-là, vers 21 heure, la police est appelée sur le boulevard Victor Hugo, où un père s’est réfugié, dehors, en caleçon, avec son enfant de 4 ans dans les bras. Son voisin, alcoolisé, l’a insulté et menacé, lui et son enfant, armé un couteau dans une main et une poêle à frire remplie d’huile brûlante dans l’autre, car il aurait laissé traîner des poubelles sur le palier. « Non, j’avais une poêle et un couteau à beurre car j’étais en train de cuisiner », explique calmement le prévenu
Mais le président n’est pas convaincu. « Vous l’avez menacé de lui faire bouffer sa poubelle et de l’égorger, puis vous avez jeté un sac et un carton dans l’escalier, tout de même, commence Alexandre Laine. Et les voisins ont aussi entendu des coups et des cris. Vous étiez énervé ce jour-là ?
En tout, l’homme rondouillet de 47 ans paraît beaucoup plus calme dans le box du tribunal. « Non, non, pas du tout, répond le prévenu. Ce soir-là, j’étais en train de cuisiner des pommes de terre - je suis cuisinier - et j’entends du bruit sur le palier. Ils jouaient tous les deux. Je lui ai simplement dit que c’était un peu abusé de laisser traîner ses poubelles depuis deux mois, avec les cafards, et tout. Mais il a haussé le ton me disant qu’il s’en foutait. »
« Je ne vous demande pas la recette ! »
« Mais alors, pourquoi il descend en caleçon ? », tente de comprendre le juge. « Il respecte pas ses voisins, il ment à tout le monde, se défend le quadragénaire. Moi je suis très calme et très correct. J’étais juste en train de préparer mon repas. » Le juge s’agace de ces digressions culinaires. « Je ne vous demande pas la recette !, réagit le président. Mais enfin, pourquoi vous arrivez avec une poêle remplie d’huile bouillante à la main ? » Le prévenu montre un léger embarras. « Je suis une personnalité… comment dire… j’arrive à prendre une douche et à écouter de la musique en même temps. J’improvise, je fais plusieurs choses en même temps », explique-t-il, naïvement. Bon, là, ça donne pas une bonne image, c’est sûr, mais ça se passe bien dans le quartier ! »
Le juge doute toujours. « Je ne suis pas sûr que ce soit l’avis des voisins. Vous avez tout de même 22 condamnations pour des vols avec violence, outrages, etc, fait remarquer Alexandre Laine. Pourquoi vous ne travaillez pas ? » Le prévenu écarte les bras. « Je viens de déménager, j’ai fait les changements d’adresse, et je dois me faire opérer à l’hôpital aussi, j’avais complètement oublié ça » Mais le juge ne l'écoute plus. « Et ça fait combien de temps que vous êtes à Nîmes ? », l’interroge-t-il. « Euh… un an, lâche-t-il finalement. Mais au début, j’étais à la rue, j’avais pas de papier à jour. »
« Normalement, à 50 ans, les délinquants ont un électrochoc »
Le procureur intervient. « Vous avez bientôt 50 ans. Normalement à cet âge-là, les délinquants ont un électrochoc et on ne les revoie plus. Mais vous, vous continuez. Votre victime, elle, a 4 ans et est dans les bras de son père, totalement terrorisée, insiste Arnaud Massip. Aujourd’hui, vous nous livrez une version calme et policée, mais il faut être dément pour sortir sur le palier avec une poêle et un couteau ! » Le magistrat demande demande une peine totale de 13 mois d’emprisonnement, avec maintien en détention.
Son avocat joue à son tour l’apaisement. « L’émotion ne doit pas nous guider. Il y a eu des insultes ou des cris. Mais seule la victime évoque des menaces de mort. La voisine, elle, n’a pas entendu de menaces d’égorgement. La victime a peut-être intérêt à se venger et à charger la mule, ça s’est déjà rencontré, fait valoir Carmelo Vialette. Il vit dans un studio où il dort sur un matelas. Il cuisine sur deux plaques et il est en train de vérifier la cuisson de ses pommes de terre quand il entend du bruit. Et si le ton monte, c’est car son voisin s’énerve aussi. »
Le voisin irascible est condamné à une peine totale de 13 mois d'emprisonnement, avec maintien en détention.
Pierre Havez