NÎMES. La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem répond aux élus FN
L'accueil promettait d'être chaleureux… Cet après-midi, dans le cadre d'une réunion face aux Nîmois, la ministre et porte-parole du gouvernement a répondu aux interpellations d'élus FN, dont le parti est arrivé en tête aux dernières présidentielles.
L'exercice est périlleux, le temps imparti du débat laissant peu de place aux profondes discussions... Cet après-midi, la porte-parole du gouvernement est venue prêcher pour sa paroisse devant les Nîmois, à l'occasion d'un porte-parolat organisé au lycée Daudet. Assoiffés de démocratie, ce sont d'abord les responsables politiques qui ont accaparé le micro, avant que le préfet du Gard, Hugues Bousiges - avec ce phrasé dont il a le secret - n'incite les jeunes à prendre la parole.
Pré-majorité. Antonin, 18 ans, ouvre le bal en évoquant la "pré-majorité" envisagée par Dominique Bertinotti, la ministre de la Famille, qui donnerait le droit de vote aux jeunes de 16 ans aux élections locales. "Permettez-mois d'émettre un doute… Je pense que vous faites un mauvais calcul politique", lance le lycéen sous le sourire de la ministre, "les jeunes ne sont pas préparés à ça. Cela ne va nourrir que les extrêmes. J'aimerai bien que vous m'expliquiez ce qui a poussé votre collègue à dire cela ?". Etonnée mais non moins amusée, Najat Vallaud-Belkacem se contente de rebondir sur l'allusion à l'extrême droite : "l'impréparation peut s'entendre à un moment où les propos démagogiques sont nombreux. Pour autant, on ne peut empêcher l'exercice démocratique. Je ne manquerai pas de signifier votre remarque à ma collègue".
Faire remonter "les sentiments, les interrogations, les témoignages" à l'Elysée, telle est la mission de ces "porte-parolats" organisés tous les mois dans un département français. Après quelques autres interventions sur le financement de la recherche dans le domaine littéraire ou sur la question du Mariage pour Tous, Yoann Gillet, candidat FN à la mairie de Nîmes prend la parole, sous quelques huées : "la majorité à 16 ans ? Chiche !". Et de critiquer la politique du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, en "tournée anti-Fn" aux frais "du contribuable".
Des remontées pour l'Elysée
Najat Vallaud-Belkacem répond alors calmement : "Un ministre se déplace où il veut (…) Et si vous me demandez si les idées que vous portez sont contre l'intérêt général, j'aurai plutôt tendance à dire oui. C'est pour cela que je suis là !". Applaudissement vigoureux du public.
Après quelques remontrances échangées avec le préfet Hugues Bousiges, le conseiller régional FN, Julien Sanchez, prend la parole critiquant les emplois d'avenir "sous payés" du gouvernement et plaidant pour une "véritable politique en faveur des entrepreneurs". "Que préférez- vous ?", rétorque aussitôt la ministre, "que ces jeunes restent en dehors de la société ? Qu'ils ne puissent pas construire une famille ? (…) Et en ce qui concerne les entrepreneurs, nous avons créé une banque d'investissement de 40 milliards d'euros".
"Au cours de mes déplacements, je n'ai pas tellement l'habitude de voir des gens du FN m'interpeller en s'identifiant", reconnait Najat Vallaud-Belkacem. Une spécificité gardoise qui a placé Marine Le Pen en tête des présidentielles de 2012. "Mais ça ne me dérange pas", renchérit la ministre, "le FN a plus tendance à jouer le rôle de contradicteur que de faire des propositions. Après, je peux comprendre de la part de certains électeurs qu'il y ait une forme d'impatience exacerbée. Toutes les politiques mises en route par le gouvernement vont dans le bon sens". Cela, seul l'avenir nous le dira…
Coralie Mollaret
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